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25/9/21 | Claude Reichman |
La France mérite mieux que ce qu’elle vit !
Les idées humaines ne naissent pas du hasard. Même les plus éminents des philosophes sont influencés par leur histoire personnelle et par le milieu où ils vivent. Curieusement, la vie politique ne tient aucun compte de ces données. On débat de l’opportunité d’une réforme en fonction de ses résultats supposés sans jamais se demander ce que les positions des uns et des autres doivent à ce qu’ils sont et ont vécu, et si ce n’est pas à ces facteurs existentiels qu’il faut s’attaquer si l’on veut faire triompher une idée qui les bouscule. Bien entendu, un être intelligent peut s’élever au-dessus de sa condition et de ses origines. Mais que doit-il à son évolution sociale, au progrès de sa situation, ou à un échec subi ? Seule une étude approfondie de l’histoire et des conditions de vie de la population d’un pays peut éclairer ses choix politiques. Combattre ceux-ci sans modifier la situation de ceux qui les expriment est se condamner à l’échec. Telle est la situation de la France contemporaine, et telle est la raison de son incapacité à se réformer. Les idées de gauche et même gauchistes tiennent une place importante
en France. Elles ont même dominé les deux tiers de siècle passés, si
l’on tient compte du fait que le pouvoir n’a jamais pu les maîtriser
vraiment. Mais à quoi tient leur enracinement ? Au souvenir de la
révolution certainement et à la nostalgie chez certains d’une époque où
l’on guillotinait « les ennemis du peuple ». L’homme et le chimpanzé ont
en commun d’aimer massacrer ses adversaires. La haine qu’exprime un
individu comme Mélenchon doit sans doute beaucoup à ces souvenirs
lointains, même si celui qui les porte aujourd’hui a eu une vie de petit
bourgeois et d’apparatchik politique et dispose d’un confortable
patrimoine. On peut en citer beaucoup d’autres, même parmi les femmes
politiques. Le mal est général et inhérent à notre espèce. Il fut un temps où l’on disait d’un médecin qu’il avait un bon diagnostic. Dépourvu de techniques de pointe, le praticien devait s’appuyer sur son sens de l’observation et sur son expérience clinique. Aujourd’hui, le médecin dispose de moyens d’investigation si perfectionnés qu’il en vient parfois à ne pas se fonder sur l’auscultation, ce qui est toujours une erreur. Tel n’est pas le cas de l’homme politique. Les études sociologiques et politiques abondent, mais elles ne donnent pas le mode d’emploi de la réforme. Il y faut l’intelligence et le bon sens du politicien. A cet égard, la France est fort dépourvue. La politique est devenue la chasse gardée de la caste des technocrates et nul n’a chance d’y prospérer s’il n’a pour tout viatique qu’une brillante réussite dans la conduite d’une entreprise. Dans ce tunnel plongé dans le noir qu’est la vie politique française, la seule lumière est une certitude : les moyens d’existence des habitants de la France sont insuffisants pour apporter à tous une vie sereine. Pourtant ces moyens existent. Mais ils sont consacrés à des organismes sociaux qui les confisquent à ceux qui devraient en bénéficier, c’est-à-dire les travailleurs salariés ou indépendants, pour les consacrer à une espèce en voie d’expansion infinie, les assurés sociaux. Tant qu’on n’aura pas rendu aux travailleurs la plus grande partie de ce qu’ils gagnent, il n’y aura pas de solution au mal français. Il n’y a pas d’enragés dans un pays équilibré, où la dignité des habitants est respectée. Priver les hommes du fruit de leurs efforts est contraire à tout ce qui a fait leur civilisation. On doit le dire et le répéter si l’on ne veut pas que la France ne devienne un champ de bataille. Il ne faut à cette réforme qu’un peu de courage et de lucidité, d’autant qu’elle est déjà accomplie dans les lois. Serons-nous les habitants de Constantinople qui se passionnaient pour les courses de chars alors que les Turcs étaient aux portes de la ville ? Franchement, la France mérite mieux ! Claude Reichman
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