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17/2/19 Claude Reichman
     
               La guerre civile est en bonne voie !

Trois mois de manifestations des gilets jaunes et rien ne bouge en France. Le pouvoir répète en boucle « grand débat, grand débat », comme les médecins de Molière serinaient « le poumon, le poumon », et l’on ne voit poindre aucune solution à un conflit qui n’a pourtant rien de mystérieux.

Le dernier livre de Michel Houellebecq apporte un éclairage décisif sur ce nouvel avatar du mal français. Aymeric, descendant d’une famille noble de Normandie, s’est établi comme agriculteur. Il ne s’en sort pas et doit vendre des parcelles au fil de ses déficits, alors que son père avait pu conserver le domaine familial sans travailler. Aymeric finit par se suicider au cours d’un affrontement avec les gendarmes pendant une manifestation d’agriculteurs.

Aymeric connaît le sort de nombre d’agriculteurs et d’entrepreneurs français. Pourquoi meurent-ils ? Parce que le travail est tellement pressuré de charges et d’impôts qu’il ne fait plus « vivre son homme », comme on disait autrefois. Et ces drames se déroulent dans la plus complète indifférence du pouvoir, qui a depuis longtemps acté non seulement la disparition du travail, mais aussi celle du peuple laborieux.

Il n’en reste pas moins que l’Etat - et sa noblesse avec lui - entend bien continuer à mener grand train. L’argent ne lui venant plus des entreprises exsangues, il va tourner sa voracité vers le capital. Non pas le capital mobilier, qui circule librement dans le vaste monde et qui a porté le président au pouvoir, mais le tout simple et tout bête capital immobilier, celui que les Français révèrent par-dessus tout et qui a fait d’eux une nation de propriétaires.

Eh bien, la voilà la grande idée de Macron. Obliger les propriétaires, petits, moyens et grands à payer sur leurs biens l’impôt qui fera vivre l’Etat. Et c’est cette stratégie qui est à la base de sa décision de scinder l’impôt sur la fortune en ne laissant plus subsister qu’un impôt sur la fortune immobilière (Ifi).

Cette stratégie est évidemment folle. Il n’est pas impossible que les propriétaires français se laissent dépouiller et ruiner sans réagir. Mais le peuple laborieux qui ne parvient plus à vivre de son travail n’a plus d’autre choix que de se révolter ou mourir. D’où les gilets jaunes.

Et c’est là que le calcul de Macron s’effondre. Il n’avait pas intégré dans son plan le fait que les hommes et les femmes ne sont pas des éléments chiffrés, mais des être de chair, de sang et de passion (au sens chrétien du terme) qui veulent vivre dignement et qui peuvent vouloir mourir pour cela.

Macron espère pouvoir se maintenir au pouvoir grâce à la lassitude des gilets jaunes. Mais même s’il y parvenait, d’autres révoltés prendraient le relais et le harcèleraient sans fin, rendant tout gouvernement impossible.

Le mal français est dû pour l’essentiel à un système social monopolistique qui consomme le tiers de la production du pays et représente les deux tiers des dépenses publiques. Il faut y ajouter un Etat obèse, des régions ruineuses et inutiles, et une multitude d’organismes paraétatiques qui vampirisent la nation.

C’est à un vaste élagage de ce fouillis mortifère qu’il faut procéder, en commençant par introduire la concurrence dans le système social, comme l’Europe et les lois françaises nous y obligent.

Nul besoin d’un grand débat à cet effet. Le problème est parfaitement connu. Il y faut seulement un homme d’Etat. Macron ne l’est pas. C’est un gamin prétentieux qui n’aime ni son pays ni ses habitants.

Ce n’est donc pas un « grand débat » qu’il faut à la France, mais un vrai débat. Hélas, les chaînes de radio et de télévision sont incapables de l’organiser. Entre les ordres de leurs propriétaires, qui veulent que rien ne change dans le pays et qui récusent toute solution remettant en cause son organisation sociale, et les incapacités conceptuelles de la plupart des journalistes, la mise en ordre intellectuelle d’une politique de redressement national est quasiment impossible. A moins d’un miraculeux sursaut, nous allons donc continuer notre marche à la guerre civile. Hélas, hélas, hélas …

Claude Reichman


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