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14/1/13 | Claude Reichman |
La guerre des deux France vient d’éclater ! Il faut être bien naïf et surtout bien inexpérimenté politiquement pour croire qu’on peut mettre 800 000 personnes dans la rue pour protester contre un projet aussi marginal que le mariage homosexuel. Si autant de monde a battu le pavé de Paris le 13 janvier, c’est pour manifester une indignation aussi ferme que tranquille face à l’état de la société française. Et pour exprimer le rejet que son évolution lui inspire. Le mariage homosexuel n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Si les journalistes n’étaient pas devenus des perroquets, répétant en boucle ce qu’ils ont entendu de leurs collègues ou des politiciens, bref de « cette volaille qui fait l’opinion », comme le chantait Souchon, ils auraient interrogé les participants de cette manifestation et leur auraient demandé non pas pourquoi ils étaient contre le mariage homosexuel, mais s’il n’y avait pas d’autres causes à leur présence dans la rue, qui était d’ailleurs une première pour l’immense majorité d’entre eux. Les réponses qu’ils auraient obtenues n’auraient assurément pu être diffusées sur les ondes, non qu’elles eussent été vulgaires et violentes, mais parce qu’elles auraient brisé le consensus mou - et faux - qui tient lieu d’opinion publique en France. Cette foule immense qui défilait calmement ce 13 janvier ne supporte plus ce que la France est devenue : un pays où la morale publique est bafouée quotidiennement par des politiciens au mieux lâches, au pire corrompus, où les centaines de milliards confisqués chaque année aux citoyens ne créent qu’une misère grandissante, où les tartuffes de la bien-pensance en vigueur n’ont pas de mots assez durs pour stigmatiser les braves gens, où les principes qui tiennent encore debout la société sont attaqués chaque jour par les partisans de l’instinct débridé, les hérauts de la haine de soi, les contempteurs de la dignité, bref par tout ce que le général de Gaulle appelait « la chienlit » et que la Révolution bleue a choisi de placer au premier rang de ses combats dès sa création en 2005. Les manifestants du 13 janvier n’ont pas dit leur dernier mot en condamnant le mariage homosexuel. En réalité, ils viennent de prononcer le premier, qui s’écrit ainsi : non ! Certains éditorialistes se désolent - parfois hypocritement - de la déception que va provoquer chez les manifestants le refus du président de la République de les entendre, et de leur supposé sentiment d’avoir manifesté pour rien. Que les bonnes âmes se rassurent : la suite ne les décevra pas ! La France va vers un inéluctable affrontement entre ceux qui veulent vivre librement et dignement et ceux qui ne conçoivent pas d’autre mode de vie que l’appropriation éhontée de l’argent public, la paresse et l’assistance. La manifestation du 13 janvier aura été le premier acte de ce conflit, d’autres, à des occasions et selon des modalités différentes, suivront. Jusqu’à ce qu’enfin la France cesse de s’abandonner et redevienne elle-même. La guerre des deux France n’aurait pas encore éclaté si la crise financière, économique et sociale n’avait profondément secoué, jusqu’à les rompre, les fondements du pays. Il va falloir faire rapidement chez nous ce que beaucoup de pays réformistes dans le monde ont accompli en une ou deux dizaines d’années. Mais telle est la loi de l’histoire, qui emprunte les raccourcis les plus périlleux quand son cours est entravé par l’inconscience de ses acteurs. « Comment un pays qui se prétend une démocratie peut-il persécuter quelqu’un comme s’il était un criminel ? », se demandait Rudolf Noureev, après qu’il eut choisi la liberté et goûté à l’oppression fiscale sous nos latitudes. Une question que s’est sans nul doute posée, lui aussi, Gérard Depardieu. Ces deux grands artistes n’avaient pas assez de connaissances anatomiques et psychiatriques pour savoir que l’homme, disposant encore d’un cerveau reptilien, y puise nombre de ses pulsions primitives, dont le socialisme est une des expressions les plus haïssables et doit, à ce titre, être inlassablement combattu. Quand le socialisme règne, l’homme a tout à redouter, car « la sûreté, c’est de ne pas craindre ses concitoyens », comme l’écrivait Montaigne. Pour le socialisme en effet, tout est permis. Les Français en ont enfin pris conscience ! Claude Reichman
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