www.claudereichman.com |
A la une |
11/3/23 | Claude Reichman |
La retraite tue la France !
Invité par André Bercoff à Sud Radio il y a quelques jours, j’ai eu le sentiment d’aborder une île déserte habitée par des naufragés de longue date. Ce n’est pas de la radio que je parle, mais de ses auditeurs. J’ai éprouvé la sensation physique qu’ils buvaient mes paroles. Car ce que je leur disais, ils ne l’avaient manifestement jamais entendu. Je ne me prends pas pour un prophète inspiré et je ne tiens pas ceux qui m’entendaient pour des demeurés. Simplement, on ne leur avait rien dit jusque là sur la véritable nature du système de retraite qu’on leur impose depuis huit décennies et dont ils entendent débattre à longueur de journée et d’antenne en ce moment. Dans le débat actuel sur les retraites, les Français s’envoient à la
figure les propos les plus venimeux, se reprochant de profiter indument
de traitements privilégiés. C’est parfaitement normal, puisque personne
n’analyse objectivement les fondements du régime de retraite et la façon
dont ils se sont érodés au fil du temps, jusqu’à ressembler à ces
maisons construites sur une falaise et que l’océan menace d’emporter.
Sans doute un tel régime était-il nécessaire au début de l’industrialisation, mais l’évolution de la société et des connaissances permet aujourd’hui à chacun de se poser la question de son mode de vie quand l’âge sera venu et d’y apporter ses propres réponses. Il est donc monstrueux de verser des millions d’individus – toute une nation en fait – dans un système où il n’a pas son mot à dire ni même aucune marge de décision. Un tel système, au 21e siècle doit être aboli. Il doit d’autant plus être aboli qu’il consiste à infliger à la
jeunesse un traitement d’une grande sauvagerie. On lui demande de
financer la retraite de ses parents en jurant ses grands dieux qu’il
touchera la même en retour, alors qu’on sait très bien que ce système
est en train de s’effondrer irrémédiablement et qu’il ne touchera jamais
rien. « Mère grand, comme vous avez de longues dents. C’est pour mieux
te croquer, mon enfant », dit le loup. Personne en France n’a besoin d’un régime obligatoire de retraite. Il suffit de traiter également l’épargne de chacun. Un euro investi dans l’achat d’un appartement doit être déductible au titre de la retraite de la même façon qu’un euro versé à une assurance vie ou à un fonds de pension. Et les 345 milliards d’euros du régime de retraite doivent être rendus aux jeunes gens qui les paient pour qu’ils construisent leur épargne et leur avenir. Et ce sera justice ! Finalement, pourquoi devrions-nous nous indigner des sacrifices incas où l’on arrachait le cœur d’un enfant pour apaiser la colère des dieux, alors que c’est exactement ce que nous faisons pour rendre confortables les ultimes années de nos aînés ? Ce sont des mœurs sauvages, indignes de notre époque et de l’humanité. Ceux qui pensent qu’en ajoutant une pincée de capitalisation à la répartition on rendra le système viable ne sont finalement que des Incas compatissants, qui étouffent l’enfant sacrifié pour qu’il souffre moins. Mais la jeunesse n’en restera pas moins sacrifiée. Voilà les quelques vérités qui ont fait réagir en masse les auditeurs de Sud Radio. J’espère qu’il ne s’agit que d’un début. Nous devons sauver la jeunesse de France, et donc la France elle-même. Nous ne devons plus supporter que des gouvernants indignes nous punissent et gâchent nos jours et nos nuits. L’art de gouverner n’est beau que dans la sobriété et quand le consul, tel Cincinnatus, se retire aux champs. Le débat des retraites est l’occasion de faire un grand ménage de la maison France et de n’y laisser subsister aucune poussière maléfique. Chacun pourra dire alors : je respire ! Claude Reichman
|