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22/10/22 | Claude Reichman |
« La tête entière est malade, et tout le cœur
souffrant ! »
« Tout se paye un jour », dit un proverbe qui semble bien oublié. Oublié en tout cas de ceux qui nous gouvernent. L’horrible drame de la mort de Lola est venu nous rappeler les règles éternelles de l’équilibre des sociétés humaines. De la horde originelle aux sociétés contemporaines, le progrès a été mince. Nous sommes toujours en proie à des pulsions collectives conduisant parfois à des guerres et des massacres, et parfois seulement à des crimes individuels. Mais la mince couche de morale que certaines religions ont apposée sur l’homme résiste toujours aussi mal à ses instincts primaires. Dans le monde fini et totalement médiatisé qui est le nôtre, sont apparus des inconnus qui donnent le ton à la société et qu’on appelle des influenceurs. Leur domaine est celui des réseaux sociaux, car ils n’ont pas pignon sur rue dans les grands médias. La simple existence de ces nouveaux leaders pose un problème existentiel à la démocratie. Traditionnellement, la démocratie a pour base constitutive la désignation de représentants du peuple. Celle-ci passe par l’élection. Mais à partir du moment où l’élection se voit concurrencée par de nouveaux procédés, la démocratie chancelle, faute de légitimité. La France vit un de ces moments où le destin hésite. Toutes les prédictions sont fragiles, et le pessimisme semble gagner de jour en jour de nouvelles couches de la population. Tant il est vrai qu’à défaut de tout comprendre, faute d’informations le plus souvent, le peuple sait parfaitement se faire son opinion et ne tient plus le moindre compte des docteurs de l’opinion qu’on entend à longueur de temps dans les médias et qui illustrent à merveille l’immortelle formule de Raymond Devos : « On m’a demandé de faire un discours, mais je tiens à vous indiquer que je vais parler pour ne rien dire. » Personne aujourd’hui ne peut revendiquer le rôle d’influenceur du peuple. Tous ceux qui s’égosillent en espérant obtenir la faveur du pays et donc le pouvoir le font en pure perte. Certes le hasard d’une élection peut leur faire obtenir la fonction suprême, mais ils ne pourront rien en faire. On peut être élu par défaut, mais on ne gouverne pas par défaut. Le meilleur exemple de cette dichotomie est Emmanuel Macron. L’actuel président de la République souffre d’un mal congénital à sa première élection. Sans un coup d’Etat judiciaire, il ne pouvait être élu. Il a porté les stigmates de ce viol de la démocratie pendant tout son premier quinquennat, et sa réélection mal acquise ne l’a pas guéri d’un mal qu’il portera jusqu’à la fin de ses jours. Car on ne guérit pas d’avoir trahi la confiance du peuple. Tous les efforts de M. Macron visant à lui assurer au moins un semblant de confiance sombrent dans son intarissable logorrhée. Il avait formulé, au début, l’idée qu’un président devait être jupitérien, c’est-à-dire parler le moins possible pour que chacun de ses mots soit attendu comme la manne dans le désert. Cette idée n’a pas tenu quelques heures. Et depuis, il parle, parle, parle. Les Français ont un président qu’ils ne respectent pas. Et aucun de ses rivaux ne bénéficie non plus d’un vrai crédit. C’est pour cela que notre société vacille. Tous les problèmes ne sont pas créés par les politiciens, mais il appartient à ces derniers de les résoudre. Ou à tout le moins d’essayer, avec l’appui du peuple. Malheureusement, tout ce qu’a fait M. Macron a été d’user d’artifices pour séduire le peuple ou pour désarmer sa colère. On n’a pas suffisamment mesuré à cet égard l’erreur tragique qu’a été la lutte contre la pandémie du Covid 19. L’erreur, la grave faute du président de la République, a été de faire du traitement de cette infection un enjeu de pouvoir. Tous les suppôts de l’Etat se sont voués à dénigrer le traitement du Pr Raoult, voire à l’interdire, alors même que tout médecin de bon sens pouvait juger ce traitement judicieusement construit et appliqué dans le respect du serment d’Hippocrate. Aujourd’hui encore, des médecins sont traînés devant le Conseil de l’Ordre pour avoir soigné, en leur âme et conscience, des malades du Covid. Mais des procès commencent qui verront les accusateurs accusés à leur tour devant la justice, et notamment les responsables gouvernementaux. Une important partie de la population a refusé et refuse encore la vaccination contre le Covid, la jugeant inappropriée, voire dangereuse. Les révélations récentes semblent leur donner raison. Si cela s’avère devant les juges, ce n’est pas d’une sanction qu’il s’agira, mais d’un séisme. La confiance du peuple est le bien le plus précieux de la démocratie.
Sa défiance ouvre la voie à toutes les aventures, à tous les
débordements, à tous les drames. « Malheur à la nation pécheresse, au
peuple chargé de fautes, à la race des malfaiteurs, aux fils corrompus.
La tête entière est malade, et tout le cœur souffrant. » Quand on
gouverne, il n’est pas inutile de méditer le jugement du prophète Esaïe
!
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