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4/1/09 |
Ph. Even, B. Debré |
Le gouffre : l’assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) État dans l’État, diamant noir des hôpitaux publics, l'AP HP, qui a en mains les cartes de tous les succès, a su écrire l'histoire de tous les échecs. Elle est aujourd'hui emblématique de tous les défauts de l'hôpital public. Elle est l'institution à abattre. C'est de libérer, au service des malades, les forces créatrices qu'elle enferme depuis trop longtemps qu'il s'agit. Dans un livre récent (1), l'un de nous a décrit tous les dangers d'une institution irresponsable, pour qui, objectivement du moins, ne comptent ni les malades ni les progrès de la médecine, qu'elle a pour mission de servir. Ce livre n'a suscité ni controverse ni réponses, et moins encore les plaintes annoncées. L'AP HP, un colosse unique au monde, où pas un hôpital autonome ne
dépasse Des hôpitaux de Paris chacun connaît les succès, entièrement dus aux médecins, aux infirmières et aux recherches qui y sont menées, exclusivement soutenues par les Universités qui recrutent les enseignants chercheurs, et l'INSERM et le CNRS qui créent et financent les laboratoires de recherche implantés pour moitié dans les locaux des hôpitaux et pour l'autre, dans les facultés de médecine. L'AP HP en tant qu'institution n'est pour rien dans ces succès. Chacun connaît aussi les graves défaillances dont l'AP HP est, à l'inverse, l'unique responsable. Ce monstre, secoué de convulsions immobiles, court à la décomposition en une morne succession de velléités avortées ou de décisions contradictoires, ordres, contrordres, marches, contre marches, projets, contre projets, anti projets, perpétuelle procrastination, « bateau ivre », Monopoly incompréhensible, « voyage en absurdie », monde kafkaïen : urgences débordées, accueil inexistant, vieux et handicapés mal pris en charge, bâtiments délabrés, insécurité, rangées de lits vides ici, lits ou brancards dans les couloirs ailleurs, constructions pharaoniques et non prioritaires, équipements rationnés là où ils seraient nécessaires, mais inutilisés ailleurs, surcoûts abyssaux. J’en ai dit les causes : gigantisme centralisateur de l'ensemble, incompétence médicale de directions générales énarchiques ignorant tout de l'hôpital où jamais elles n'ont mis ni ne mettront jamais le pied, pseudo concertation et exclusion des soignants et des patients de tous les espaces de décisions, administration proliférante. Pr Philippe Even, Pr Bernard Debré 1. Ph. Even, Les Scandales des hôpitaux de Paris et de l’hôpital
Pompidou, le cherche-midi, 2001.
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