Sa harangue ne soulève que de timides applaudissements. Mais un des voyageurs a alerté TF1 qui retrouve François Puysange et l'interviewe pour le journal de 20 heures le lendemain. C'est le début d'une carrière politique à laquelle il n'avait jamais songé et qui, dans le contexte de la faillite de l'Etat et de la déroute des élus, le conduira à la présidence de la République où, pendant deux mandats consécutifs, il redressera la France.

Telle est l'extraordinaire aventure que nous raconte Ras le bol !, un roman signé d'un auteur débutant de 37 ans, Denis Castel, cadre bancaire de son état et excellent connaisseur des milieux financiers, et qui vient de paraître aux éditions Le jardin des Livres avec pour sous-titre "L'imminence de la nouvelle Révolution française". Ce ne serait qu'un roman politique comme les autres s'il ne racontait, avec véracité et simplicité, et dans un style de très bonne facture, des évènements dont il est aujourd'hui certain qu'ils vont se produire et dont on peut dire en effet qu'ils sont "imminents", ce qui fait de ce livre un phénomène annonciateur que nul Français conscient ne doit ignorer.

La démission du président de la République

Jamais un François Puysange, pas plus qu'aucun autre candidat de la société civile, n'aurait la moindre chance d'accéder au pouvoir sans des évènements bouleversants tels que ceux qui vont survenir dans notre pays après trois décennies d'endettement insensé causé par l'énorme accroissement du poids de l'Etat et par une prodigalité sociale distribuée à crédit. Or c'est bien ce qui va arriver, même s'il est aujourd'hui impossible de dire qui sera l'homme (ou la femme) qui aura la redoutable mission de remettre la France sur pied.

Voici comment le drame, tel que le raconte l'auteur de Ras le bol !, s'est déroulé. Tout d'abord, la rumeur a couru que les agences de notation financière s'apprêtaient à dégrader le rating de la France en raison de la disproportion croissante entre l'augmentation de sa dette et ses capacités de remboursement. Puis " le coup de grâce pour l'Etat français est venu des Etats-Unis, lorsque la puissante association de retraite des élus du Congrès a annoncé qu'elle avait exclu les emprunts d'Etat français de la liste de ses investissements financiers. Dans la foulée, de nombreux investisseurs, notamment les fonds de pension anglo-saxons, ont liquidé leurs portefeuilles d'obligations du Trésor français. Ces ventes massives ont fait s'effondrer les cours et s'envoler le taux de rendement des emprunts d'Etat qui a vite dépassé la barre des 10 % avant de refluer quelque peu. La perte de confiance des investisseurs internationaux allait faire à brève échéance de l'Etat français un paria de la communauté financière. "

Et le 8 février au matin, le président de la République a reçu un appel téléphonique du ministre de l'intérieur qui lui a tenu ce langage : " Selon mes sources, l'agence France Trésor a transmis hier une note de synthèse au ministre de l'Economie et des Finances selon laquelle la situation de trésorerie de l'Etat à la fin du mois de mai ne permettra plus de payer la totalité des traitements et des pensions de la fonction publique. La note préconise de ne payer que 90 % du salaire de chaque fonctionnaire et 75 % de la pension des retraités. Selon leurs projections, si les résultats des prochaines adjudications d'obligations du Trésor ne s'améliorent pas rapidement, seulement 80 % des salaires et 65 % des pensions pourront être versés fin juin, et respectivement 75 % et 50 % à la fin juillet. En septembre, l'Etat ne pourra plus payer ses fonctionnaires, ni verser les pensions de ses retraités. Je ne savais pas si le ministre des Finances vous avait déjà donné cette information, mais j'ai préféré prendre le risque de vous livrer du réchauffé plutôt que celui de vous laisser dans l'ignorance. "

Les grèves, les manifestations, les faillites d'entreprises privées se sont alors inexorablement enchaînées jusqu'à ce matin du 3 avril où " dans un communiqué laconique lu sur le perron de l'Elysée par son porte-parole, le président de la République a annoncé sa démission avec effet immédiat. "

Tout au long de ces semaines fatales pour le régime, le pays a frôlé plusieurs fois la guerre civile, mais finalement la raison l'a emporté et c'est des urnes qu'est venue la solution du drame. Dans le livre en tout cas. Dans la réalité que nous allons vivre, rien ne dit qu'il en sera ainsi. Forts d'avoir annoncé ces évènements depuis des années et d'avoir inlassablement proposé les réformes qui auraient pu les empêcher, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que l'issue soit conforme à la règle démocratique. La catastrophe est désormais certaine. Seul le pire qui s'ensuivra n'est pas certain.

Claude Reichman

Ras le bol, ou l'imminence de la nouvelle Révolution française, de Denis Castel
(Editions Le Jardin des Livres), 235 pages, 17,90 euros.