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Le Monde démontre la supériorité de la libre entreprise sur toute autre forme d'organisation

 

16/1/04 Claude Reichman
Les voyages, c'est bien connu, forment la jeunesse. Et ils contribuent aussi à ouvrir les yeux qui ne savent pas voir. C'est ce qui vient d'arriver à l'envoyé spécial du journal Le Monde à Bombay, où se déroule le Forum social mondial des "altermondialistes", qu'il vaut mieux désigner d'ailleurs sous leur nom originel d'antimondialistes, puisqu'ils ne proposent rien, ou, mieux encore, de mondialistes marxistes, car leur véritable objectif est de faire régner l'ordre collectiviste sur toute la planète. Ce journaliste, donc, s'est intéressé au système de livraison de repas sur les lieux de leur travail aux employés des firmes de Bombay. Ceux-ci reçoivent les plats préparés chez eux par un parent dans des boîtes livrées par des porteurs qui se chargent également de rapporter ces dernières à leur lieu d'origine. Ce service est facturé 3 euros par mois, ce qui, même compte tenu de la modicité de beaucoup de salaires en Inde, n'est pas cher, puisqu'une telle somme représente moins de 5 % de ce que gagne mensuellement un livreur du système. Une secrétaire d'Air India, interrogée par le journaliste, indique qu' " il n'y a jamais d'erreur", ce que confirme un professeur d'économie originaire de Bombay,qui enseigne aux Etats-Unis dans le Michigan et selon lequel il y aurait une erreur sur 1,6 million de transactions. Et l'envoyé spécial du Monde de conclure : " Ce "zéro défaut", qui dure depuis cinquante ans, mériterait d'être étudié dans les écoles de gestion. "

En réalité, c'est moins dans les écoles de gestion que dans les sphères gouvernementales que ce performant système devrait être étudié. Et tout particulièrement en France, où les politiciens unanimes pensent que rien de valable ne peut se faire sans l'Etat et où le nombre de fonctionnaires est le double de ce qu'il est dans les pays du G7. On pourrait même suggérer au président de la République, dont toute l'expérience professionnelle dans le secteur privé a consisté à être le chauffeur d'une Américaine pendant quelques semaines lors de vacances aux Etats-Unis, d'aller observer personnellement le système de livraison de repas de Bombay. Nul doute qu'il en retirerait des enseignements utiles, qu'il s'empresserait de faire connaître aux Français et d'inscrire au rang des priorités gouvernementales…avant de nommer un Haut Conseil de la livraison des repas sur les lieux de travail exclusivement composé de fonctionnaires, lequel conclurait à l'impossibilité de mettre en œuvre une telle organisation sans augmenter la CSG !

Le pouvoir d'Etat obéit à la règle générale des mafias

De quelque côté que l'on se tourne, on retrouve le mal français, qui pour l'essentiel consiste en l'impossibilité de faire quelque réforme que ce soit, à l'exception de celles qui nécessitent un accroissement de la sphère publique et une augmentation des impôts. Mais en réalité, il n'y a pas de mal français. Il n'y a qu'une organisation mafieuse de la société, au profit des détenteurs du pouvoir politique, administratif et social. Tous réunis, ils gèrent plus de la moitié de la production nationale sur laquelle ils prélèvent le pourcentage nécessaire à leur rémunération et aux innombrables avantages qu'ils se sont octroyés au fil des décennies, sans que rien ne justifie réellement l'une ni les autres.

Certains s'étonnent, pour s'en réjouir, que la France soit relativement épargnée par la criminalité mafieuse qui sévit notamment aux Etats-Unis. La raison en est que l'essentiel du butin est capté par les détenteurs du pouvoir d'Etat et leurs affidés et qu'il n'y a plus de chair à gratter sur le squelette de l'entreprise privée. Le dit pouvoir obéit d'ailleurs à la règle générale des mafias telle que la révèle le criminologue Xavier Raufer dans son remarquable ouvrage intitulé " Le grand réveil des mafias ", paru chez JC Lattès : " Nulle bande, nulle famille mafieuse, ne reste longtemps monocriminelle. La bande peut bien s'être formée dans un but précis (deal de haschisch, racket) ; la "famille" mafieuse peut bien pratiquer à l'origine une activité criminelle donnée : toutes évoluent au bout du compte selon la logique opportuniste du rapport coût-bénéfice. Ainsi donc, la caractéristique majeure de toute entité criminelle, de la bande de quartier à la "famille" mafieuse la plus puissante, est son opportunisme. "
L'extension infinie de la sphère publique en France obéit très exactement à cette règle. C'est de ce racket généralisé que la France est malade. Et le pire est qu'elle a confié le soin de la guérir aux responsables de son mal. Ce qui revient, comme l'écrivait plaisamment un commentateur, " à donner la garde des saucisses à un doberman ".

Comme le dit fort justement Xavier Raufer, " les malfaiteurs ne s'arrêtent que quand on les arrête ". Il faut arrêter les hommes de l'Etat avant qu'ils n'aient définitivement ruiné la France. Bien entendu, cette arrestation ne peut prendre, dans notre esprit, qu'une forme politique, celle d'une déroute électorale des gestionnaires et profiteurs du système. C'est alors - et alors seulement - qu'on pourra parler de réforme dans notre pays. Et que l'envoyé spécial du Monde ne sera pas allé pour rien à Bombay !

Claude Reichman

 

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