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17/4/21 | Claude Reichman |
Bonne nouvelle, l’empire va s’effondrer !
Un dicton bien connu veut qu’on ne tombe jamais que du côté où l’on penche. La situation actuelle de la France le justifie pleinement. Depuis la Libération, notre pays n’a eu qu’un adversaire : le travail. Tout en clamant que son objectif suprême était l’emploi ! Difficile à comprendre, mais au fond très simple. L’emploi est la condition fondamentale de la viabilité et de la stabilité des sociétés humaines. Surtout depuis que leur richesse matérielle permet à tous d’accéder à des biens nombreux. Etre sans emploi, c’est se condamner à renoncer à la sécurité et au confort. C’est pourquoi se sont constitués des groupements politiques ayant pour objectif non pas d’augmenter l’emploi mais d’en procurer les avantages à ceux qu’ils ont appelés « les travailleurs », dont la caractéristique n’était toutefois pas forcément de travailler. En fait, il suffisait qu’ils ne fussent pas des bourgeois pour avoir droit à la sollicitude collective. Le communisme et le socialisme, puisque telles sont les dénominations qu’ils se sont données, reposent l’un et l’autre sur le paradoxe qui consiste à torturer l’emploi pour qu’il dégorge la richesse produite afin de redistribuer celle-ci à tous ceux qui, d’après les canons politiques, ont le droit d’y prétendre. C’est ainsi qu’on a vu naître l’extraordinaire notion de « travail dissimulé ». Sa logique est imparable. Puisqu’on n’est jamais vraiment parvenu à créer de la richesse sans travailler, c’est le travail qu’il faut traquer si l’on veut que le citron soit pressé jusqu’à son dernier jus. Qu’on réfléchisse un instant à l’étrangeté de la situation ainsi créée, que Bunuel avait admirablement dépeinte en montrant, dans « Le fantôme de la liberté », ses personnages mangeant seuls dans le cabinet de toilette et faisant leurs besoins naturels assis ensemble autour de la table. J’ignore si Bunuel le savait, mais il existe une catégorie de singes, les singes hurleurs, qui se groupent côte à côte au sommet de la canopée et qui défèquent ensemble, pour le plus grand bonheur des insectes coprophages qui attendent la manne au pied de l’arbre. C’est dire que si les singes le font, l’homme, qui en est très proche, peut aussi le faire ! Donc le travail est devenu à la fois le bienfaiteur de l’humanité, et son pire ennemi quand il se cache ! Le résultat peut se constater en France. Le travail a été si bien traqué quand il essayait d’échapper à la torture des régimes sociaux, qu’il s’est raréfié au fil des ans, entraînant l’emploi dans sa disparition et provoquant une crise économique permanente. Alors, puisqu’il en était ainsi, notre gouvernement, la crise sanitaire survenue, a pris la seule décision qui s’imposait et qui consistait à payer les gens à ne rien faire. Aux fonctionnaires, sont donc venus s’ajouter les salariés du secteur privé et d’une certaine façon les restaurateurs, si bien que notre chère France a ressuscité le paradis perdu, accomplissant ainsi le premier et seul grand miracle des temps modernes. Ce que même Dieu le père n’avait pas osé faire, Saint Macron l’a accompli. Ainsi soit-il ! La difficulté, avec les miracles, c’est d’en maintenir les effets. Les Norvégiens, par exemple, s’inquiètent de l’épuisement de leurs champs pétrolifères (et des cours du brut), sachant qu’un jour ils devront procéder à des révisions déchirantes, mais nous, Français, nous ne nous inquiétons pas de la disparition de notre industrie et bientôt de celle de nos services que l’évaporation de leurs salariés paralysera. N’est-il pas admis que tout peut s’arranger si l’on fait payer les riches ? Les riches ? Quels riches ? Mais enfin, voyons, Saint Mélenchon a une liste toute prête des malheureux dont le supplice sauvera les classes laborieuses sans travail. Ce paradis retrouvé ressemble furieusement à l’enfer. Et cet enfer, nous l’avons construit nous-mêmes, de nos propres mains, avec l’appui final du coronavirus, qui a débarqué à la fin de la guerre pour nous assurer le succès. Béni soit-il, cet être microscopique qui a momentanément fait échapper à leur juste châtiment les thaumaturges qui nous gouvernent. Au moment de refermer le chapitre de nos merveilles, il me vient l’idée de demander à un grand ancien ce qu’il en pense. Cicéron, par exemple : « Plus l’effondrement d’un empire est proche, plus ses lois sont folles. » Bon, l’empire va s’effondrer. Finalement, c’est une bonne nouvelle. Claude Reichman
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