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19/3/10 | François Lenglet |
L’arrogance
nouvelle de la Chine ! Le Pacifique porte de plus en plus mal son nom : de part et d'autre de cet océan, la Chine et les Etats-Unis affûtent leurs armes. Jusqu'ici, la confrontation portait sur les deux "T" : Taiwan, l'île indépendante revendiquée par Pékin et protégée par Washington, et le malheureux Tibet, annexé par les communistes dans les années 1950. Voici qu'un troisième "T" pointe son nez, le "Trade Surplus", l'énorme excédent commercial que la Chine dégage grâce à sa monnaie de combat, le yuan, sous-évalué de 40% à 50% selon les estimations. Mardi, des parlementaires américains devaient déposer un projet de loi pénalisant la "manipulation de devises″, prélude à une batterie de sanctions commerciales qui frapperaient la Chine. Un autre front s'est déclaré, mineur mais symbolique, celui de la querelle sur Google, qui devrait conduire à la fermeture complète du site de recherche américain en Chine. Google est accusé de ne pas respecter les "lois chinoises" - en langage ordinaire, la censure. Sur tous ces dossiers, la Chine aux quarante mille idéogrammes a réduit son vocabulaire à un monosyllabe sans appel : non. Le temps des finasseries diplomatiques est révolu. L'empire du Milieu entend bien faire prévaloir son point de vue. L'idée même d'un "G2", sorte de condominium associant Pékin et Washington pour régler les affaires du monde, lui est parfaitement étrangère. Le seul groupe qui l'intéresse est celui qui la réunit avec elle-même : un G1, sinon rien. Cette arrogance nouvelle de la Chine s'exprime de plus en plus, sur le terrain économique bien sûr, mais aussi militaire. Chaque jour, elle referme davantage la parenthèse de l'"hyperpuissance" solitaire des Etats-Unis, née de la chute de l'URSS. Désormais, les candidats maîtres du monde sont deux, ce qui est au moins un de trop. Et les liens de dépendance mutuelle qu'ils ont construits, loin de désamorcer les conflits à venir, peuvent au contraire les exacerber, parce qu'ils constituent autant de moyens de pression réciproque. François Lenglet |