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29/11/09 | François Lenglet |
Barnier, la fausse concession à la France ! Tremblez, gnomes de Zurich, traders de Londres et autres adorateurs du veau d'or : Michel Barnier revient, et il n'est pas content. Désigné commissaire européen au Marché intérieur, le Français aura la charge de la finance. Et en particulier de la réforme de la supervision bancaire européenne. Des attributions arrachées de haute lutte face à Londres, qui redoute la main un peu lourde de Paris sur ces questions stratégiques pour la City. Pour faire fuir les vampires, on agite une gousse d'ail ; pour effrayer les financiers britanniques, rien de plus efficace qu'un gaulliste français. Natif de La Tronche, dans l'Isère, l'homme ne manque pas de capacités. Il a été ministre de l'Europe à Paris, commissaire à Bruxelles, parlementaire à Strasbourg : c'est l'un des meilleurs connaisseurs du schmilblick communautaire. La France fait une bonne affaire car le Marché intérieur est un poste d'influence elle détenait jusqu'ici la justice et les libertés, l'un des lots de consolation que les chefs d'État; dans leur sagesse, attribuent à celui qui parle le moins fort. Ceux qui imaginent pour autant que Barnier va mettre le feu à la finance européenne devraient être déçus. Non pas que manquent les dossiers d'importance : « hedge funds », fonds propres des banques, Bourses, toute la mécanique va être revisitée. Mais notre gaulois gaulliste sera flanqué d'un coadjuteur, Jonathan Faull, lui même... britannique. De surcroît, Barnier devra composer avec les 26 autres commissaires, lors de ces négociations subtiles où l'on échange refonte des normes comptables contre ouverture du marché des tondeuses à gazon, pour faire plaisir au commissaire grec sans froisser le Suédois. Enfin, plus important, un Français à Bruxelles doit oublier sa nationalité, et parfois même donner des gages en allant à rebours des directives de sa capitale. C'est peut être là dessus que comptent les Britanniques. François Lenglet
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