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12/3/09 | François Lenglet |
Bistrots, pas de rupture : Sarkozy tient
la promesse de Chirac Il y a toujours une bonne raison de faire une erreur. La baisse de la TVA sur les services des cafés-hôtels-restaurants, que la France a obtenue de ses partenaires européens, finit ainsi avec une stupidité. Aujourd’hui, un hamburger consommé dans un fast-food est taxé à 5,5 %, tandis que le jambon-beurre avalé dans un café se voit frappé d’une TVA à 19,6 % : le zinc est victime d’une distorsion de concurrence incompréhensible par rapport au formica. Le propre des erreurs, c’est qu’il y a aussi de très bonnes raisons de ne pas les faire. D’abord, parce que les deniers publics sont chers, à l’heure où la dette approche les 70 % du PIB et qu’elle menace d’aller bien au-delà. Eric Woerth, ministre des Comptes publics, se prépare à battre le record de déficit français de l’après-guerre en 2009. Il y a probablement de meilleures époques pour créer de nouvelles niches fiscales. Ensuite, une baisse de TVA ne provoque pas mécaniquement une diminution des prix ou une croissance de l’embauche. Il y a vingt ans, la forte baisse des taxes sur les automobiles, passées de 33 % à 18,6 %, n’a fait qu’améliorer les marges des constructeurs, parce que le rapport de force avec le consommateur leur était alors favorable. Un expert a d’ailleurs rappelé récemment que de telles initiatives n’étaient pas forcément très utiles à la consommation. C’était le président de la République lui-même qui brocardait les Anglais et leur baisse de TVA, il n’y a pas deux mois. Enfin, les cafés-restaurants sont évidemment des institutions essentielles, tant pour la vie économique des quartiers que pour la bonne humeur de leurs habitants. Mais ils ne sont soumis qu’à une concurrence très indirecte. On hésite rarement entre Paris et Berlin pour aller boire une bière. La logique commanderait de soutenir plutôt les secteurs exposés, ou ceux qui ont un fort impact sur la croissance, comme l’immobilier. Toutefois, l’honnêteté qui nous caractérise et l’amitié indéfectible que nous portons à la profession de bistrotier nous oblige à mentionner un autre argument en faveur de cette baisse de la TVA : Jacques Chirac l’avait promise en 2002, il y a plus de sept ans déjà, lors de sa campagne électorale. Un doute ultime nous assaille. Etait-ce vraiment une raison pour la faire, ou une de plus pour ne pas la faire ? François Lenglet
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