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9/6/09 François Lenglet

Cachez ce bilan que je ne saurais voir !

Le pessimisme croissant de Bercy au sujet de l’économie française peut sembler mystérieux. Au moment où pointent les premiers signes de reprise, les prévisions officielles de croissance pour l’année 2009 passent de -1,5 % à -3 %. Singulier contretemps, qui rappelle celui de l’automne dernier, où Christine Lagarde, ministre de l’Economie, faisait assaut d’optimisme alors que la croissance chutait de façon vertigineuse.

L’explication en est fort triviale : Bercy est toujours en retard sur une réalité aussi changeante que les intentions de vote pour le Modem à la veille d’une élection. Pour utiliser une autre métaphore, l’économie est comme une étoile distante dont on observe la lumière sans même savoir si elle est toujours émise. Les astronomes du ministère en sont réduits aux conjectures. Pour être champions du télescope, ils n’en ont pas moins un sens politique certain - leurs nouvelles prévisions n’ont été révélées qu’au lendemain des élections.

Mécaniquement, la détérioration de l’activité va creuser le déficit budgétaire. Moins de croissance, c’est moins d’impôt, donc moins de recettes. Une nouvelle estimation du trou budgétaire sera donc bientôt fournie par Eric Woerth, ministre martyr en charge des comptes publics et préposé à leurs révisions incessantes. Au mieux, le déficit français de 2009 sera de 125 milliards d’euros, soit entre 6 et 7 % du PIB. Soit, encore, près de la moitié des dépenses de la puissance publique…

Tous les partisans du "retour de l’Etat" dans l’économie devraient méditer, à leurs heures perdues, les documents budgétaires de Bercy, et les comparer par exemple au bilan de la Société Générale sur les dernières années. Peut-être seraient-ils tentés de nommer Daniel Bouton à Matignon. Le meilleur gestionnaire n’est pas toujours celui qui fait les sermons.

Qui dit déficit, dit dette. La nôtre approche les 75 % du PIB. Un chiffre calamiteux, qui témoigne de trente ans de déficit continu et va se voir lesté cette année d’un nouveau paquet de milliards, sans précédent. Christine Lagarde, s’exprimant la semaine dernière, souhaitait que la "dette de crise", provenant de la récession et de ses moins-values fiscales, soit désormais isolée de la "vraie" dette française. Cette technique, dite du hors bilan, a été expérimentée avec succès. Par nombre de banques qui désiraient augmenter leur endettement. Elles sont en faillite aujourd’hui.

François Lenglet


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