Sarkozy, notre grand chef à plumes !
Durant l'été 2007, les vacances américaines de Nicolas Sarkozy avaient
décontenancé les Français, qui découvraient avoir élu un jet-setteur plutôt
qu'un homme d'Etat. Deux ans plus tard, le séjour de Sarkozy aux Etats-Unis
est celui d'un président qui joue un rôle clé dans les affaires du monde.
De Wolfeboro, la villégiature du New Hampshire, à Pittsburgh, la capitale
industrielle de Pennsylvanie, le président s'est transformé. Grâce à la
crise, qui lui a offert les circonstances exceptionnelles propres à flatter
ses qualités de décision, et le théâtre international pour faire résonner
ses rodomontades. Chef de l'Etat depuis mai 2007, il a acquis un statut
européen à l'automne 2008, avec le sauvetage des banques. A l'automne 2009,
le voici qui vise la présidence du monde, au moins sur le plan symbolique -
le G20 n'est-il pas une création sarkozienne ? Avant, qui sait, de conquérir
les suffrages des habitants de la Lune, de Mars et des confins de l'Univers.
Dès qu'il y a de la vie, voici Sarkozy. Le locataire de l'Elysée retrouve
ici la lignée de la Vème République. Du grand Charles au petit Nicolas, la
continuité est là : tous nos présidents parlent au monde, car même si la
France est incontestablement la partie la plus intéressante de la planète,
elle est trop exiguë, au moins dans ses regrettables dimensions actuelles,
qui nous ont été imposées, rappelons-le, par des voisins jaloux. Cette
vocation universelle de la parole française peut faire sourire ou agacer,
mais c'est la France.
Lorsque Sarkozy s'expose sur la scène internationale, il se conforme donc à
une tradition avec laquelle une "rupture" eût été incomprise et malvenue.
Pour endosser ces habits neufs, Sarkozy a été aidé par l'extraordinaire
essor de la négociation internationale, qu'il a mis à profit. On n'a pas
autant discuté depuis des décennies : relance économique, climat, régulation
de la finance, résolution de conflits...
Tous ces sujets donnent lieu à conférences et discussions mondiales. Fait
nouveau, ces négociations échappent largement aux bureaucraties des
"machins" comme le Fonds monétaire international, l'Union européenne ou
l'Organisation mondiale du commerce. La renaissance de la négociation a
consacré le retour des nations. Et celui des chefs à plumes, indispensable à
toute palabre. C'est probablement pour cela que Sarkozy y fait merveille.
François Lenglet
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