Halde
: dans le monde des Schtroumpfs, Boutih est
le candidat idéal !
Attaqué de toutes parts par le déluge malsain de la bien-pensance, Gérard
Longuet a pourtant posé une question essentielle : doit-on confier la Haute
Autorité de lutte contre les discriminations (la Halde) à une personnalité
française d'origine étrangère, comme l'envisage Nicolas Sarkozy ? En
apparence, Malek Boutih, pressenti par l'Elysée, a toutes les qualités
requises. C'est un militant éminent de l'antiracisme et de la lutte contre
l'antisémitisme. De surcroît, il est socialiste. Ce qui, aux yeux d'un
président de la République toujours désireux de faire vivre l'illusion de
l'"ouverture", est un élément de séduction puissant.
Dans le monde des Schtroumpfs, Boutih est le candidat idéal. Mais la France
de 2010 est plongée dans une crise d'identité que Nicolas Sarkozy n'est pas
parvenu à apaiser. Dans ce monde réel, Boutih a deux inconvénients. Le
premier, souligné par Longuet, tient à ses origines étrangères. A la tête de
la Halde, une telle personnalité, fût-elle la plus indépendante, prête le
flanc à une critique difficile à désamorcer, aussi injustifiée qu'elle soit,
celle du conflit d'intérêts. En clair, Malek Boutih pourrait se voir
reprocher de défendre non plus l'égalité, mais les intérêts des Français qui
subissent les discriminations dont il a pu être victime personnellement.
L'autre inconvénient de Boutih provient de son inexpérience dans le monde de
l'entreprise, alors que la plupart des discriminations tiennent au
recrutement et à l'évolution de carrière. Si la Halde, parfois critiquée
pour ses méthodes, a néanmoins acquis reconnaissance et influence, on le
doit bien sûr aux qualités de Louis Schweitzer, son ex-président, mais aussi
au fait qu'il est énarque, inspecteur des finances, alsacien, ancien
directeur de cabinet à Matignon et ancien dirigeant d'un groupe industriel
du CAC 40 (Renault) : la lutte contre les discriminations est aussi
l'affaire des Français qui n'en seront jamais victimes, tel était le message
qu'il a porté.
Message républicain qui devrait inspirer le chef de l'Etat. La politique est
l'art du symbole. Le symbole est l'art du contre-emploi apparent et pourtant
réussi.
François Lenglet
|