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12/3/10 François Lenglet

 Halde : dans le monde des Schtroumpfs, Boutih est                               le candidat idéal !

Attaqué de toutes parts par le déluge malsain de la bien-pensance, Gérard Longuet a pourtant posé une question essentielle : doit-on confier la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (la Halde) à une personnalité française d'origine étrangère, comme l'envisage Nicolas Sarkozy ? En apparence, Malek Boutih, pressenti par l'Elysée, a toutes les qualités requises. C'est un militant éminent de l'antiracisme et de la lutte contre l'antisémitisme. De surcroît, il est socialiste. Ce qui, aux yeux d'un président de la République toujours désireux de faire vivre l'illusion de l'"ouverture", est un élément de séduction puissant.

Dans le monde des Schtroumpfs, Boutih est le candidat idéal. Mais la France de 2010 est plongée dans une crise d'identité que Nicolas Sarkozy n'est pas parvenu à apaiser. Dans ce monde réel, Boutih a deux inconvénients. Le premier, souligné par Longuet, tient à ses origines étrangères. A la tête de la Halde, une telle personnalité, fût-elle la plus indépendante, prête le flanc à une critique difficile à désamorcer, aussi injustifiée qu'elle soit, celle du conflit d'intérêts. En clair, Malek Boutih pourrait se voir reprocher de défendre non plus l'égalité, mais les intérêts des Français qui subissent les discriminations dont il a pu être victime personnellement.

L'autre inconvénient de Boutih provient de son inexpérience dans le monde de l'entreprise, alors que la plupart des discriminations tiennent au recrutement et à l'évolution de carrière. Si la Halde, parfois critiquée pour ses méthodes, a néanmoins acquis reconnaissance et influence, on le doit bien sûr aux qualités de Louis Schweitzer, son ex-président, mais aussi au fait qu'il est énarque, inspecteur des finances, alsacien, ancien directeur de cabinet à Matignon et ancien dirigeant d'un groupe industriel du CAC 40 (Renault) : la lutte contre les discriminations est aussi l'affaire des Français qui n'en seront jamais victimes, tel était le message qu'il a porté.

Message républicain qui devrait inspirer le chef de l'Etat. La politique est l'art du symbole. Le symbole est l'art du contre-emploi apparent et pourtant réussi.

François Lenglet

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