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14/10/09 |
François Lenglet |
Un président de la
République ne peut pas tout se
permettre !
L'actualité est facétieuse. Hier, le président Sarkozy, rappelant l'origine
napoléonienne des lycées, y voyait "un geste qui signifiait très
concrètement la fin des privilèges de naissance […] Cela voulait dire :
désormais, ce qui compte, en France, pour réussir, ce n'est plus d'être bien
né, c'est d'avoir travaillé dur par ses études et sa valeur". Au même
moment, le fils du président, Jean Sarkozy, était adoubé patron de
l'établissement public de La Défense, au cœur du fief sarkozien des
Hauts-de-Seine.
Adoubement que l'on doit bien sûr au cursus universitaire éblouissant de
l'impétrant, à son dur labeur et, de façon incidente, à l'esprit de
courtisanerie d'une majorité indigne dans son désir de plaire au chef. Sans
doute Jean Sarkozy est-il un homme de valeur. Peut-être même hors du commun.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas choisi la façon la plus
convaincante d'exprimer son talent, en suivant pas à pas la voie de son père
alors que celui-ci est au faîte du pouvoir.
Quelles que soient ses qualités, elles seront ombrées d'un soupçon
inaltérable, qui s'exprimera violemment dès qu'il ne sera plus protégé. Tous
les Tartuffe qui l'applaudissent aujourd'hui - "Jean est le fils d'un génie
politique, il n'est pas étonnant qu'il soit précoce", affirmait hier un élu
des Hauts-de-Seine - le vomiront demain. Dans une famille de politiques
éminents comme les Debré, les deux fils de Michel, Bernard et Jean-Louis,
ont réussi chacun dans leur spécialité propre avant de conquérir une
circonscription sans l'aide de leur père.
Reste l'incompréhensible : pourquoi le père a-t-il toléré et même encouragé
cela ? Parmi les 200 classiques du cinéma que Nicolas Sarkozy veut rendre
accessibles aux lycéens, "Le Président", tourné par Verneuil en 1961,
mériterait une place. "J'ai besoin d'un coup de main. Tu peux tout !", dit
l'un des personnages au magistrat suprême de la république. Et le président
Beaufort, incarné par le rugueux Jean Gabin, de répondre : "C'est justement
pour cela que je ne peux tout me permettre."
François Lenglet
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