Kouchner veut enfanter un monstre !
L'OME est l'avenir de l'homme. C'est ce que Bernard Kouchner, notre ministre
des Affaires étrangères, a plaidé lundi soir à New York, défendant la
création d'une nouvelle "organisation mondiale de l'environnement", pour
veiller à l'application des éventuelles décisions prises à Copenhague, à
l'issue du sommet sur le climat.
Voilà bien notre problème : dès qu'un Français réfléchit à l'avenir du
monde, il veut embaucher des fonctionnaires internationaux ou créer un
nouvel impôt, les deux propositions n'étant malheureusement pas
contradictoires. Ce n'est pas Albert Camus qu'il faut envoyer au Panthéon,
mais James Tobin, initiateur de la taxe qui porte son nom, pour services
rendus à nos tribuns en mal d'inspiration dans leurs discours à l'ONU.
L'idée de Kouchner est évidemment saugrenue. D'abord, parce qu'elle est
prématurée : même les climatologues les plus aguerris ne peuvent anticiper
les résultats d'un sommet qui n'est pas achevé. A part les scientifiques du
Giec, qui ont, semble-t-il, l'habitude de bidonner leurs études. Elle est
ensuite coûteuse. Comme nous tous, un fonctionnaire n'a de cesse de
justifier son existence. Il aménage donc son environnement en multipliant
lois et règlements pour faciliter la survie de l'espèce. Et dès que lampes
de bureau et photocopieuses se mettent à chauffer, le voilà qui se reproduit
sans relâche. Il faut alors lui construire des immeubles, recruter des
interprètes et lever des impôts pour financer le nouvel organisme.
"La fonction crée l'organe", nous a appris Jean-Baptiste de Lamarck, l'un
des premiers théoriciens de l'évolution. Notre ministre des Affaires
étrangères, aiguillonné par le noble souci d'améliorer l'état de la planète,
l'a sans doute relu un peu rapidement, et il a inversé la formule : c'est
désormais l'organe qui va créer la fonction. La fonction publique tout
particulièrement.
François Lenglet
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