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7/7/09 | François Lenglet |
Juppé et Rocard sur un air de macarena Alain Juppé cautionnant le grand emprunt national imaginé par Nicolas Sarkozy, c'est un peu comme un archevêque qui danserait la macarena : il faut beaucoup d'imagination pour se représenter la scène. Et pourtant, c'est arrivé. Voilà l'ancien Premier ministre à la tête d'une commission chargée de battre les buissons pour recenser les "dépenses d'avenir", en compagnie d'un autre personnage éminent, lui aussi malmené par son propre camp, lui aussi ancien Premier ministre et voué à ce rôle de sage que les Français réservent aux hommes politiques blessés et ennoblis par les difficultés, Michel Rocard. Alain Juppé, l'homme de la rigueur, qui avait le premier alerté l'opinion publique sur l'état "calamiteux" des finances publiques en 1995. Alain Juppé, qui avait pratiqué l'une des plus fortes hausses d'impôt de l'après-guerre pour renflouer les caisses de l'Etat, le voici désormais préposé à la dépense sans limite ! La stratégie d'ouverture du président de la République est, par essence, l'art du contre-emploi. Celui-ci est particulièrement réussi. Pour son prochain coup, Sarkozy devra frapper encore plus fort : Lionel Jospin, autre retraité de Matignon, à la tête du comité des fêtes de la République ? Pierre Mauroy missionné pour alléger les charges pesant sur les entreprises ? Michel Rocard, de son côté, cumule les missions gouvernementales. Le voici désormais chargé de la fonte des banquises - il est ambassadeur de France pour les pôles arctique et antarctique -, de la future taxe carbone et de la chasse aux dépenses d'avenir. Certes, tout est lié, nous expliquerait-il : les glaciers fondent à cause des émissions de CO2, la taxe carbone servira à financer les dépenses d'avenir, qui elles-mêmes vont faire fondre les marges de manœuvre des futurs gouvernements, qui seront logés dans des bâtiments où régnera un froid polaire, car il n'y aura plus d'argent à cause de l'emprunt d'avenir. Il n'y a pas de quoi perdre le Nord. Surtout pour un spécialiste des pôles. Seul problème, si nos sages s'enrôlent aux côtés du gouvernement et désertent la fonction qui est la leur dans la vie politique, qui donc va dire la vérité aux Français ? Il faudra, une fois encore, solliciter les mânes de Pierre Dac. "Monsieur a son avenir devant lui, et il l'aura dans le dos à chaque fois qu'il fera demi-tour", disait l'humoriste. Le contribuable a son avenir devant lui, et il l'aura bientôt dans le dos, sous la forme de quelques dizaines de milliards de dettes supplémentaires. François Lenglet
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