Taxe carbone : un impôt imbécile de plus
!
Un impôt imbécile chasse l'autre : le gouvernement, ayant supprimé la
taxe professionnelle, vient d'inventer la taxe carbone.
Rappelons au contribuable oublieux et étourdi par ses congés estivaux que
Michel Rocard a été chargé d'une mission par le président Sarkozy. Cette
information d'apparence anodine devrait faire dresser les cheveux sur la
tête de tous les Français. Dès que Rocard est à pied d'œuvre, un nouvel
impôt est créé. Ou bien un grand emprunt est lancé - ce qui revient peu ou
prou au même. Cette fois-ci, notre ancien Premier ministre a donné toute la
mesure de sa créativité. Michel-Ange a peint la chapelle Sixtine, Michel
Rocard a créé la taxe carbone.
Il s'agit d'un prélèvement qui frappera la consommation d'énergie, l'essence
au premier chef. L'objectif est d'orienter les comportements des ménages et
des entreprises, pour les inciter à devenir vertueux - ou verts tout court.
Les règles du bon sens ordinaire cessent ici d'opérer, car nous entrons en
Rocardie. Le produit de la taxe carbone sera rétrocédé aux ménages, grâce à
des réductions d'impôt sur le revenu. Le montant restitué variera en
fonction du lieu de résidence (pour ne pas pénaliser les ruraux), du niveau
de revenu (pour ne pas pénaliser les pauvres), du nombre d'enfants (pour ne
pas pénaliser les familles nombreuses)… Et peut-être aussi de l'âge, du
niveau d'étude et du tour de poitrine. Ceux qui ne payent pas l'impôt
devraient recevoir un chèque du Trésor public. S'il ne s'agissait pas de
CO2, le terme d'usine à gaz s'imposerait comme le plus charitable pour
caractériser un tel monument.
Incompréhensible, créant des effets d'aubaines, ajoutant une complexité à un
système fiscal qui n'en a guère besoin, la taxe carbone risque de surcroît
de ne servir à rien. Car une taxe véritablement incitative ne doit pas être
compensée. Qu'elle frappe davantage les campagnards est inévitable. Qu'elle
frappe davantage les pauvres est regrettable. Mais c'est aussi le cas de la
TVA et du prix de la baguette de pain, pour lesquels on ne songe pas à créer
de complexes tuyauteries de compensation qui sont autant d'obstacles à la
croissance.
François Lenglet
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