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3/8/24 Claude Reichman
     

 

             En France, le pouvoir a perdu la tête !

La première semaine olympique aura été une parenthèse enchantée pour la France. Tout à la joie de voir leurs sportifs gagner et de pouvoir se proclamer les meilleurs du monde, les Français ont oublié pendant un court moment qu’ils sont profondément divisés sur la façon de gouverner leur pays. La seconde semaine des Jeux, dédiée à l’athlétisme les fera revenir sur terre et les déposera en plein milieu du mois d’août dans le mécontentement, le doute et l’inquiétude qui sont leur lot commun depuis un demi-siècle.

Les Français se répartissent en trois tiers. L’un veut faire payer les riches, un autre veut chasser les étrangers, et le troisième pense que puisque les choses vont à peu près bien pour lui il doit en être de même pour tous les autres. Qu’on me pardonne de penser que ces trois tiers se trompent, même s’ils ont d’excellentes raisons de se tromper.

L’humanité a fait une immense conquête au Ve siècle avant notre ère : celle du raisonnement. Ce processus est le seul remède connu contre les passions malsaines qui détruisent les sociétés. Un bon raisonnement remet les données d’un problème en ordre et finit le plus souvent par résoudre celui-ci. Mais il ne le résout pas pour toujours et d’autres problèmes ne tardent pas à surgir qui réclament à leur tour la discipline intellectuelle qui est à la base du raisonnement.

L’ère des lumières a fini par donner naissance à l’obscurantisme, parce que le déchaînement révolutionnaire des passions a tout emporté. Nous ne sommes toujours pas guéris des idéologies nées au 19e siècle dans le tumulte de l’industrialisation. Pas plus que l’idée de couper la tête aux rois n’a su s’apaiser ailleurs que chez les vikings assagis du nord de l’Europe. Mais ceux-ci ont quand même su inventer l’inspection aérienne du territoire pour détecter les piscines non déclarées. Personne n’est parfait !

En France, le pouvoir a vraiment perdu la tête, puisque son rôle, qui était de ramener les trois tiers plus haut décrits à la raison et à l’intérêt général n’est plus rempli du tout par des politiciens qui ne raisonnent qu’en termes de communication et donc d’images. Voir Macron guetter les vainqueurs français des Jeux pour se faire photographier avec eux est un supplice pour les démocrates, qui recherchent chez leurs élus la dignité qui sied à l’élection. Tels Diogène, ils cherchent un homme et ne le trouvent pas.

La solution du problème français n’est pas dans la politique, mais dans l’économie (même si celle-ci est également politique). Hayek a parfaitement expliqué que la mise sous tutelle étatique de l’activité d’un pays condamne celui-ci à la dictature. Quand le simple fait de s’emparer des commandes de l’Etat vous donne tout pouvoir, on est en permanence menacé par les factions. Et il est bien rare que ces menaces ne se concrétisent pas. On l’a vu quand l’Allemagne est devenue nazie, alors qu’elle était un pays d’intelligence et de culture. En France, on voit bien que Macron se moque du peuple et de ses représentants, qu’il défie avec insolence en ne tenant pas le moindre compte des usages politiques et des convenances de la démocratie. La dictature n’est pas loin.

Pour ramener la France sur les chemins de la démocratie et du progrès, il faut diminuer drastiquement le poids de l’Etat. Le seul domaine où l’on peut le faire est la protection sociale, car on ne peut trancher dans les missions régaliennes sans faire prendre des risques au peuple. Le social est essentiellement constitué d’activités d’assurance que des entreprises privées peuvent parfaitement et mieux exercer. Il faut leur rendre ce champ d’activité. Du même coup on ramènera le poids de l’Etat à la proportion qu’il avait quand le général de Gaulle a quitté le pouvoir. On ne souvient pas que cette époque ait été marquée par la misère et la déréliction.

Le seul obstacle à cette évolution - qui est en fait une révolution - est non seulement le poids de l’habitude, mais surtout l’idéologie communiste, qui imprègne la France officielle après des décennies de propagande. En témoigne le fait qu’aucun homme politique ne défend la liberté, sauf en de vaines paroles. L’arrivée de nouveaux hommes politiques sera à la fois la cause et la conséquence de la révolution sociale, qui n’est en fait qu’une révolution de la liberté. Quand elle sera faite, chacun se demandera pourquoi il a été aussi difficile et long de la faire. La nature humaine est telle que tout changement est difficile à admettre. Il n’y a pas d’autre explication vraiment convaincante.

Je ne vois pas d’autre image réaliste de la France actuelle que celle de la société dépeinte par Andersen dans son conte « Les habits neufs de l’empereur ». Il a fallu qu’un enfant s’écrie « Le roi est nu » pour que tout le monde s’en aperçoive. L’image de l’enfant a été bien choisie parce qu’il n’est pas chargé d’idées accumulées et le plus souvent fausses. D’habitude, les sociétés confient à des penseurs visionnaires le soin de les guérir de leurs erreurs. Mais en France, les écrivains ne peuvent être visionnaires car ils sont professeurs et payés par l’Etat. Ou parce qu’ils aspirent à l’être. Chacun pourra citer quelques exemples du contraire. Mais tout le monde citera les mêmes. Qui ne pensent plus depuis longtemps. Parce qu’ils sont morts, d’une façon ou d’une autre. Pourtant la vie continue. C’est ce qui doit nous rassurer.

Claude Reichman


 

             

 

          

          






 

               

 

         

 

 



    

     

                     

 


           

     

         

  


            

           
 


                       












 

             

                


 

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