Les chaînes d’information ne savent pas que la
pensée libérale existe !
Les
médias ne sont pas très appréciés en France. Ceux qui relatent la vie de ce
qu’on appelle les « people », c’est-à-dire les gens connus pour appartenir
au monde du spectacle ou de la mode, ont une clientèle fidèle mais aucune
influence. Les autres jouent un rôle essentiel dans la politique du pays,
mais sont largement critiqués par les Français, qui les accusent de manquer
d’objectivité. Ils sont pourtant les seuls à alimenter le débat
démocratique. Leur responsabilité est donc éminente, même s’ils ne sont pas
à la hauteur de leur rôle. Restent les réseaux sociaux, où la parole est
libre mais captée le plus souvent par des activistes peu représentatifs de
l’opinion. Ne parlons pas des quotidiens nationaux, qui ont un passé
glorieux mais qui agonisent.
Finalement, ce sont les quatre chaînes d’information en continu qui ont la
charge de former l’opinion. Et qui manquent gravement à leur devoir. En
effet on y voit toujours les mêmes invités, et le renouvellement des
journalistes se fait au compte-gouttes. Quant aux spectateurs, ils sont au
total moins de deux millions, ce qui, sur 52 millions d’adultes ne
représente pas grand-chose. Et pourtant les Français sont restés un peuple
raisonnable et plutôt bien informé. Il faut en remercier le long travail de
notre civilisation, qui a façonné l’âme de notre peuple au fil des siècles.
Il n’en reste pas moins que nous sommes en train de rater notre rendez-vous
avec l’histoire contemporaine. L’évolution du monde exige des peuples un
effort d’adaptation qu’ils n’ont jamais eu à produire au fil du temps. Les
nouvelles technologies se multiplient et provoquent des changements profonds
et fréquents dans la vie des habitants de notre planète. Les leçons du passé
ne suffisent plus. Il faut des solutions nouvelles que seules peuvent
apporter des systèmes de pensée cohérents et évolutifs. A cet égard, le plus
approprié est le libéralisme. Parce qu’il fait appel à ce que l’homme a de
meilleur.
On ne compte plus les dictatures de tout type que l’homme a dû subir au fil
des 5783 années de son histoire (si l’on en croit le calendrier hébraïque).
C’est même le sort constant de l’humanité. Il faut en accuser la génétique
qui a fait de nous de très proches parents des chimpanzés, chez qui la
société s’organise autour d’un mâle dominant. Chez l’homme du vingt et
unième siècle, le mâle dominant est l’Etat. Et l’on n’a pas même entrepris
de s’en libérer qu’il réapparaît sous une forme semblable. L’homme a
d’ailleurs toujours échoué à s’organiser durablement en dehors d’un Etat. Le
mieux qu’il a pu faire a été de réduire l’Etat à une dimension modeste, de
l’ordre du tiers de la société. Et c’est sous l’influence de la pensée
libérale qu’il y est parvenu.
Bien entendu, nous ne parlons que de l’époque moderne, car la première
démocratie, celle d’Athènes, ne s’est pas créée sous une égide étatique, non
plus d’ailleurs que celles qui ont suivi jusqu’à une période assez récente
où l’Etat a vu son poids et sa force décupler sous l’effet de la puissance
industrielle et militaire que les nations ont acquise par l’effet du progrès
technique. Et c’est à ce moment qu’il est devenu vital pour la liberté du
peuple d’adopter un système de gouvernement capable de la laisser subsister.
A ce jour, seule la pensée libérale y est parvenue.
La France, comme toutes les nations développées, doit adapter son
organisation au nouveau cours du monde. Les Etats doivent y être cantonnés à
une dimension n’excédant pas le tiers de la production si l’on veut que
l’esprit d’initiative et de responsabilité puissent s’y épanouir, condition
sine qua non du progrès matériel et de la paix civile. Or la France échoue
lamentablement dans cet exercice, ne parvenant pas à se libérer de la
tunique de Nessus de l’Etat fort né du désastre de l’Etat faible de la
troisième République. Seule la pensée libérale propose la solution à ce
problème dramatique.
Oui mais voilà, la pensée libérale est absente des débats français. Il y a
bien ici ou là quelques libéraux qui s’expriment, mais ils n’accèdent jamais
aux émissions des chaînes d’information, sauf s’ils adoptent la méthode
shakespearienne consistant à « rugir comme un rossignol », c’est-à-dire à ne
pas exprimer de propositions libérales. Les Français, à moins d’avoir de
saines lectures, n’apprennent jamais qu’il existe d’autres solutions que les
variations sur un thème étatique proposées par tous les politiciens.
On peut évidemment se laisser mourir en tant que nation. C’est ce que nous
faisons en ce moment. Après tout, vivre et réussir est une ambition qui est
rarement consacrée par l’histoire. Mais il arrive qu’une nation réussisse et
illustre son temps. C’est ce que la pensée libérale propose aux Français.
Malheureusement, ils ne l’entendent jamais. Parce que les chaînes
d’information elles-mêmes ne savent pas qu’elle existe.
Claude Reichman
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