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19/11/06 Claude Reichman

Radio-Courtoisie : Les raisons de la crise

Jean Ferré a eu un immense mérite : pendant 19 ans, il a fait entendre sur Radio-Courtoisie, qu’il avait créée en 1986, « toutes les droites et tous les talents ». Mais il a eu un grand tort : il n’a pas préparé sa succession.

Je dirige des émissions sur cette radio depuis 16 ans. Jusqu’à une époque récente, je ne m’étais jamais soucié des structures juridiques de la radio, persuadé que Jean Ferré avait pris toutes les précautions indispensables.

En juin 2005, l’état de santé de Jean Ferré devenant préoccupant, je pris l’initiative de réunir quelques directeurs d’émission, notamment Olivier Pichon et Jean-Gilles Malliarakis, afin de m’entretenir avec eux de l’avenir de notre radio, au cas, hélas prévisible, où son président viendrait à disparaître. De nos premiers entretiens, il ressortit que l’association détentrice de l’autorisation d’émettre, le « Comité de défense des auditeurs de Radio-Solidarité », avait certes des statuts mais que ceux-ci n’avaient jamais été mis en œuvre depuis l’origine. En particulier le premier conseil d’administration, désigné par les fondateurs en 1985, n’avait jamais été confirmé par la moindre assemblée générale et, en juin 2005, cette formalité essentielle pour valider juridiquement la structure n’avait toujours pas été accomplie.

Inquiets de cette situation, nous demandâmes à Jean Ferré de participer à nos réunions afin qu’il nous donnât ses indications sur la meilleure façon de donner une assise juridique incontestable à notre radio. Jean Ferré s’y refusa, voyant dans notre action " un complot". Cela l’était si peu que Didier Roy, membre fondateur de l’association et qui s’était associé à notre action, proposa à Jean Ferré de le prendre chez lui en voiture et de l’y ramener. En vérité, le mal dont souffrait notre président l’avait rendu inapte à débattre sereinement d’un problème dont il savait pourtant qu’il était essentiel puisqu’il disait souvent qu’il n’aurait réussi son œuvre que s’il assurait sa succession.

Nous élargîmes nos réunions à tous les directeurs d’émission qui voulaient bien y participer et, le 18 janvier 2006, nous chargeâmes Henry de Lesquen, récemment arrivé à la radio mais supposé bon connaisseur, en sa qualité de haut fonctionnaire, des problèmes administratifs, d’examiner avec Jean Ferré les moyens d’établir la légalité des organes dirigeants de l’association détentrice de l’autorisation d’émettre. Henry de Lesquen ignorant tout des statuts de l’association et n’en possédant pas le texte, je lui en fis parvenir un exemplaire pas lettre du 19 janvier 2006.

Nous nous réunîmes encore le 4 mai 2006. Henry de Lesquen, retenu à un conseil municipal de Versailles, nous fit cependant savoir que la situation associative avait été mise en ordre et qu’un nouveau conseil de six membres(MM Langlois, Simon, De Lesquen, Roy, Varlet et Besançon) était désormais chargé de l’administration de l’association.

Il convient ici de rappeler que Jean Ferré ne figurait pas parmi les membres fondateurs de l’association, ni parmi les membres du conseil d’administration et qu’il dirigeait la radio depuis 1987 en sa seule qualité de président du comité éditorial, lequel comprenait tous les directeurs d’émission de la radio. Autrement dit, la radio n’avait jamais été dirigée que par ceux qui la faisaient : les directeurs d’émission. Quant au conseil d’administration de l’association détentrice de l’autorisation d’émettre, il ne s’était jamais réuni !

Le 11 septembre 2006, les directeurs d’émission et les bénévoles les plus actifs de la radio se réunirent dans un climat de grande tristesse. L’état de santé de Jean Ferré s’était beaucoup aggravé et l’on ne pouvait plus nourrir l’espoir d’un rétablissement. Mais comme il fallait que la radio ne s’arrêtât pas, les participants apprirent que Jean-Gilles Malliarakis avait été désigné par le conseil d’administration récemment nommé en tant que président intérimaire du comité éditorial. Autrement dit, notre ami Malliarakis succédait, au moins à titre transitoire, à Jean Ferré. Cette solution satisfaisait l’ensemble des directeurs d’émission, d’autant que Jean-Gilles Malliarakis s’engageait à les consulter tous sur les mesures à prendre pour assurer l’avenir de la radio et entreprenait en outre de les rencontrer individuellement pour que son information fût complète.

Jean Ferré décéda le 10 octobre 2006. Le 8 novembre 2006, Henry de Lesquen adressa à tous les directeurs d’émission une lettre par laquelle il les avisait que Jean-Gilles Malliarakis n’était plus président du comité éditorial mais " directeur de l’antenne" et  "placé sous l’autorité du conseil d’administration et de son président".

Il s’agissait d’une complète rupture avec la façon dont la radio avait été dirigée par Jean Ferré pendant 19 ans. Président du comité éditorial, il n’avait jamais dépendu de personne - et notamment pas d’un conseil d’administration inexistant - et les directeurs d’émission étaient aussi libres que lui. C’était ce qu’il n’avait jamais cessé de vouloir et qu’il avait fait respecter jusqu’à son dernier souffle.

Or voilà qu’un conseil d’administration composé de personnes inconnues des auditeurs et ne comprenant qu’un seul directeur d’émission, M. de Lesquen, récemment arrivé à la radio, s’arrogeait le droit de placer « sous son autorité » plusieurs dizaines de directeurs d’émission, très connus et appréciés des auditeurs et dont beaucoup étaient là depuis 15 à 19 ans !

Quatre jours après, le 12 novembre 2006, les participants au déjeuner annuel de la radio, à la Mutualité, constatèrent avec effarement que M. de Lesquen, entouré de gardes du corps surveillant l’accès au micro, ne donnait la parole qu’à ceux des patrons d’émission qui avaient son agrément et la refusait aux autres, dont il supposait qu’ils pouvaient n’être pas d’accord avec ses méthodes. C’est ainsi que je ne pus m’exprimer et qu’on ne donna pas la parole à Jean-Gilles Malliarakis, pourtant responsable des émissions. Nous n’étions plus à Radio-Courtoisie, mais dans un univers qui ressemblait étrangement à ceux qu’on qualifie habituellement de dictatures.

Dès lors, je ne pouvais plus me taire, sauf à être complice de cette folle dérive. J’ai donc informé les auditeurs, comme c’était mon devoir, à mon émission du 14 novembre 2006, de ce qui se passait à Radio-Courtoisie.

M. de Lesquen a aussitôt supprimé les deux rediffusions de mon émission, et par lettre du 16 novembre 2006, il m’a informé que « le conseil d’administration a décidé, à l’unanimité, de supprimer [mon] Libre Journal dans le programme des émissions » et « a précisé que [je] n’aurais désormais plus accès à l’antenne ni aux locaux de Radio-Courtoisie ».

Tels sont les faits. Tous sont attestés par des documents incontestables et d’innombrables témoignages.

M. de Lesquen et les membres du conseil d’administration de l’association «Comité de défense des auditeurs de Radio-Solidarité » portent l’entière responsabilité de ces évènements. Je me suis contenté de dénoncer les intolérables violations de la lettre et de l’esprit de Radio-Courtoisie, ainsi que de la liberté de l’information, dont ils se sont rendus coupables.

Bien entendu, j’ai donné mission à mes avocats d’exercer les actions judiciaires visant à me rétablir dans mes droits et à faire sanctionner ceux qui les ont bafoués. Mais au-delà de ces démarches, je pense qu’il serait conforme à la dignité et aux traditions d’indépendance et de liberté de notre radio, telles que Jean Ferré les a fait vivre pendant 19 ans, que tous les directeurs d’émission fassent la grève de l’antenne jusqu’au départ définitif de M. de Lesquen et de ceux qui le soutiennent.

Claude Reichman

 

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