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Lettre aux électeurs de droite qui s'apprêtent à voter une Constitution de gauche. 

26/5/05 Jean-Christophe Mounicq
Les bêtises proférées par les tenants du non à l'ultra-gauche ne doivent pas dissuader les électeurs de droite, conservateurs et libéraux, de voter non à la Constitution européenne proposée qui est d'essence socialiste. L'ultra-gauche va voter non parce qu'elle souhaite une Constitution encore plus socialiste, étatiste, interventionniste, keynésienne, marxiste et rétrograde que celle proposée. Peu importe cette surenchère de gauchisme à gauche. Les électeurs de droite doivent voter non, pour dire non aux élites technocratiques et étatistes, françaises et européennes, qui nous enfoncent, aujourd'hui, par le recours excessif à l'Etat providence, à l'impôt et à la réglementation, dans le marasme du socialisme et, demain, par le biais de l'immigration massive et de l'entrée de la Turquie, dans le cauchemar de l'islamisme. Voter non pour dire oui à une Europe démocratique de liberté qui reconnaît, entre autres, ses racines chrétiennes, la primauté de l'individu sur le politique, l'imprescriptibilité des droits de l'homme et particulièrement les droits de propriété, le respect du travail, de la famille et du droit, la libre entreprise et la sécurité. Beaucoup, qui partagent ces valeurs, constatent le décrochage français et européen et s'inquiètent de la vague islamique qui déferle sur l'Europe, s'apprêtent néanmoins à voter oui. Puisse ce texte convaincre certains qu'ils vont commettre une grave erreur en cautionnant les technocrates de gauche qui nous poussent d'échecs en échecs.

Les médias de gauche sélectionnent les arguments de gauche en faveur du non.

Nombre d'arguments absurdes des tenants du non à la Constitution, peuvent, par réflexe, conduire des électeurs de droite à voter oui. C'est oublier que les arguments qui sont repris par les médias sont la plupart du temps des arguments de " gauche ", à caractère socialiste, ou tout au moins étatiste et centralisateur. Les arguments en faveur d'un non de droite sont, eux, souvent ignorés. Il ne faut pas s'en étonner. D'abord, les médias français sont entre les mains de grands groupes industriels qui font une large part de leur chiffre d'affaires avec l'Etat. Ensuite, les écoles de journalisme sont de gauche. Ces médias sont ainsi quasi-unanimement favorables au système et donc au oui défendu par les trois principaux partis qui ont gouverné la France ces trente dernières années, l'UMP ex RPR, le PS et l'UDF.

Les quelques tenants du non tolérés par les médias sont eux aussi issus du système. A moins d'être ou d'avoir été communiste, trotskyste, alter-mondialiste, ou écologiste, positionnement qui plaît à toutes les rédactions, il faut avoir fait l'ENA pour être accueilli dignement sur un plateau de télévision ou de radio. Ainsi à gauche, le champion du non est l'énarque Laurent Fabius. A droite, l'étendard du non est Philippe de Villiers, énarque lui aussi. Les énarques en chef sont parfois accompagnés d'énarques de second rang, type Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan ou Paul-Marie Couteaux. Ces hauts fonctionnaires ont par nature une vision positive de l'Etat et de la fonction publique dont ils sont issus et qui leur a permis d'accéder à des postes de premier plan. Leurs discours en sont très stéréotypés. Leurs critiques se concentrent contre le démantèlement de nos services publics, contre le libre-échangisme, contre le capitalisme tout puissant, contre l'Europe des banquiers, contre le dumping social, etc. Tous arguments que ne renie aucun gauchiste.

Ignorés par les médias, les arguments de droite, et particulièrement ceux d'inspiration libérale, militent en faveur du non à la Constitution européenne. Ainsi, au milieu d'une propagande massivement en faveur du oui, Yves Roucaute a réussi à placer une tribune  "pour un non libéral " dans le Figaro. Notre ami philosophe a positionné le débat sur un point essentiel montrant le caractère fondamentalement non-libéral de la Constitution proposée. Dans une authentique démocratie, la souveraineté des individus doit précéder celle des Etats. L'homme naît libre. Il a des droits qui lui sont imprescriptibles. Puis il délègue une partie de sa liberté à un système politique, à un souverain. Ainsi dans toutes les constitutions démocratiques, les droits naturels des individus sont évoqués avant l'organisation du système politique. Dans la Constitution européenne proposée, l'organisation de la structure politique se situe dans une première partie, avant les droits des citoyens mentionnés dans " la charte des droits fondamentaux ". Cet ordre montre que le pouvoir politique se considère comme " premier " et ne laisse que quelques libertés " secondes " aux individus. Il illustre l'essence centralisatrice, étatiste et socialiste de cette constitution.

Les cocus de Chirac et de l'UMP seront les cocus du oui

Cette vérité n'a pas réussi à percer l'esprit de nos concitoyens. Puisque les médias le leur répètent à satiété, la plupart des Français sont convaincus que cette Constitution est d'essence libérale. C'est ainsi que nombre d'électeurs de " droite ", attachés aux valeurs du travail, de l'épargne, du droit de propriété, à la famille, voire favorables à la libre entreprise, au marché, à la responsabilité, à l'individu, vont voter oui à une Constitution d'inspiration socialiste. N'ayant pas lu la Constitution ou étant dépourvus de connaissances suffisantes en droit constitutionnel, leur raisonnement est logique : donnons du pouvoir à l'Europe, les pays qui la composent sont moins à gauche que la France. Peu importe si cela revient à transférer le pouvoir aux eurocrates : ils sont eux aussi moins socialistes que les technocrates français.

Beaucoup de cadres et cadres supérieurs du privé vont ainsi voter oui. Certains feront le choix légitimiste des gens satisfaits : je suis au sommet de la hiérarchie sociale dans ce système, donc ce système est bon, donc je vote pour le système. Quand ils redescendent l'échelle sociale, ils changent, éventuellement, d'avis. D'autres cadres, moins nombrilistes, croiront dire oui à la libre entreprise, à la liberté, à la concurrence fiscale et sociale, à leurs intérêts et à ceux de leurs concitoyens. Ils se feront autant avoir que lorsqu'ils votent pour Giscard, Balladur, Chirac ou Juppé, pour l'UDF, le RPR ou l'UMP et en attendent des baisses de dépenses publiques et d'impôts, une réduction des privilèges des fonctionnaires, la mise en place de service minimum dans les transports publics, une relance de la croissance, le respect des lois sur l'immigration, une politique favorable au respect de la loi, de l'ordre et de la sécurité. Toutes ces politiques ne peuvent pas être mises en place pour les raisons que Claude Reichman a bien décrites dans son livre " Le secret de la droite " : la droite française, verrouillée par les technocrates, n'est pas la droite. Les cocus de Giscard et Chirac, de l'UDF, du RPR et de l'UMP, seront les cocus du oui.

Le monde politique, qui, lui, contrôle le jeu démocratique et sait de quoi il retourne, raisonne différemment. Les énarques qui ont dirigé, dirigent ou dirigeront la France, de Jospin à Giscard, de Chirac à Hollande, sont favorables à cette Constitution. Comme la direction des Verts et Bernard Thibaut, le secrétaire général de la CGT. Tous ceux qui dirigent peu ou prou le système français sont favorables au oui. Peut-on croire que leur position serait une position d'automutilation visant à transférer leurs pouvoirs aux  "libéraux " de Bruxelles ? C'est au contraire parce que cette Constitution constitue une étape supplémentaire dans la construction d'une Europe étatiste et socialiste, " à la française ", qu'ils lui sont favorables. Ceux qui ne veulent pas de cette orientation socialiste qui conduit au déclin, voire à la décadence, doivent voter non.

Un demi siècle de construction européenne n'a pas empêché la progression du socialisme en France.

Mais beaucoup assimilent toujours la construction européenne à l'ouverture des frontières, à la libre concurrence, et à la liberté. Ce raisonnement était fondé au début de la construction européenne, à l'époque du Traité de Rome. L'élan était bien d'inspiration libérale, même si nous mettions le doigt dans un engrenage constructiviste menaçant. L'idée d'une Europe qui serait libérale est chaque jour plus fausse, depuis les traités de Maastricht et d'Amsterdam, depuis que se renforce le super-Etat européen, depuis que les eurocrates ont décidé de faire sortir l'Europe de ses frontières géographiques et culturelles, pour y faire rentrer des pays qui ne partagent ni notre culture, ni nos valeurs, comme la Turquie.

Certains, dont Madelin, - le " grand libéral français ", qui restera dans l'histoire de France le ministre des finances qui a le plus augmenté les impôts -, répètent que le vent de la liberté vient d'Europe et qu'il finira par emporter la France. La construction européenne peut-elle arrêter, en France, la dérive étatique, diminuer les impôts et les charges, réduire le nombre de fonctionnaires, les dépenses publiques et sociales inutiles, les grèves dans les transports, freiner le corporatisme d'Etat ? Si tel était le cas, il faudrait être favorable à la construction européenne. Mais cela se serait déjà vérifié. Le Traité de Rome date de 1957. Quarante-huit ans de construction européenne, un demi-siècle, n'ont en rien inversé les dérives étatistes de la France. Les europtimistes libéraux répètent leur argument depuis trop longtemps. Hier, leur scénario était intéressant. Aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence : il ne s'est pas produit. Ils se sont, ou nous ont, bernés.

L'Europe renforce la technostructure.

Au contraire. Les technocrates français ont pu renforcer leurs privilèges, augmenter les impôts, les dépenses publiques et sociales et les réglementations absurdes et infinançables type 35 heures et retraite à 60 ans. Si " vent libéral européen " il y a, il souffle si faiblement, qu'il ne peut rien contre les courants étatistes qui emportent notre pays. Le combat contre le déclin de la France, contre les excès de notre Etat-Providence, contre la stagnation économique et contre la montée des violences, n'est pas un combat européen, mais un combat national. Certains regrettent que le choix des Français soit dicté par des considérations d'ordre national qui n'ont rien à voir avec la Constitution. C'est, au contraire, un bien. Il est sain que les Français rejettent un texte aussi long et incompréhensible, même aux juristes expérimentés. Surtout, les Français sont les seuls à pouvoir remettre de l'ordre en France. Pour y arriver, ils devront se débarrasser de la caste des politico-fonctionnaires qui les gouvernent et contrôlent le jeu politique. Il leur faut dire non, tant à l'UMP qu'au PS et à l'UDF, les trois partis dominant qui se partagent la responsabilité du naufrage français. Les trois sont favorables au oui. Un non sera une claque pour chacun d'eux.

L'Europe n'affaiblit pas la technostructure. Et pour cause : l'Europe est construite par des technocrates. Cette Constitution a été rédigée par un des plus grands technocrates de tous les temps : Valéry Giscard d'Estaing. Le Président français qui a le plus fait progresser les dépenses publiques et sociales durant son mandat. Le choix de ce rédacteur en chef n'est pas anodin. Comme n'était pas anodin, le fait qu'il avait, après les deux chocs pétroliers, mis le cap sur le traitement social du chômage plutôt que sur des réformes économiques. Le résultat est là : la France ne cesse de s'enfoncer sans connaître de périodes de rebond comme les pays qui ont mis en oeuvre des réformes libérales.

Les mensonges sur une Europe qui nous contraindrait aux réformes libérales sont du même ordre que les mensonges qui ont paré l'euro de toutes les vertus lors de son lancement. L'Europe ne nous entraîne pas davantage à réformer que l'euro. L'euro devait nous contraindre à assainir nos finances. Depuis sa mise en place, la France, comme l'Allemagne, a cessé de respecter les critères de Maastricht et laisse filer dépenses publiques et déficits. L'influence positive de l'Europe, comme celle de l'euro, est nulle. Au contraire : la mise en place de l'euro, en plus d'asphyxier les entreprises européennes par son renchérissement, masque les turpitudes de nos politico-fonctionnaires. Les gouvernants et leurs élites stipendiées répètent souvent : " Heureusement qu'il y a l'euro ". Les Français pensent que cela veut dire : " Heureusement pour les Français ". Les élites pensent : " Heureusement pour les élites ". Le gouvernement Raffarin, qui se contente de gérer le système socialiste français en laissant augmenter dépenses publiques et impôts, est ainsi naturellement favorable à l'euro. Sans l'euro, sa désastreuse politique aurait été sanctionnée par les marchés. Le franc aurait été dévalué. Et le gouvernement aurait été contraint à la réforme. Avec l'euro, rien ne se passe, et " Raffarien " peut augmenter les fonctionnaires quand les entreprises du CAC 40 font des bénéfices à l'étranger... L'euro ne pousse pas à la réforme. Il la retarde. L'euro ne protège pas les Français qui regardent s'envoler et les prix (notamment de leurs logements) et leurs emplois. L'euro protège les technocrates français en répartissant le poids de leurs erreurs sur 450 millions d'Européens plutôt que sur 60 millions de Français.

Non aux socialistes européens qui votent oui.

Jacques Chirac l'a répété : " La Constitution nous protégera d'un système " ultralibéral " à l'anglo-saxonne "... Sauf qu'aucun système, pas même anglo-saxon, n'est " ultralibéral ". Même si elles n'atteignent pas les niveaux délirants de la France ou de la Suède, les dépenses publiques et sociales des Britanniques ou des Américains sont massives. Les Français ont oublié que les travaillistes sont socialistes. La Grande-Bretagne est dirigée par des socialistes. Même si Tony Blair est moins socialiste, étatiste ou à gauche que Chirac, Jospin, Juppé ou Hollande, il demeure fondamentalement socialiste. La preuve ? Ces six dernières années, en Grande-Bretagne, la dépense publique est passée de 39 à 45% du PIB. La Constitution européenne n'est pas faite pour nous protéger d'un ultralibéralisme qui n'existe nulle part. Elle est faite pour entraver les aspirations à la liberté. Et pour imposer le socialisme qui domine en Europe aussi bien en Allemagne, en Espagne ou en Grande-Bretagne, qu'en France - le gaullisme de l'UMP et de Chirac étant aujourd'hui un radical-socialisme, voire, parfois, quand il prend le visage de M. Borloo, un socialisme radical.

C'est parce que cette Constitution constitue un pas vers le socialisme que, le mercredi 18 mai, au Cirque d'Hiver, - symbole de l'hiver européen -, vingt-sept représentants des partis socialistes européens, " la crème de la crème de la gauche européenne ", se sont réunis autour de François Hollande pour le grand meeting des socialistes afin de demander aux Français de voter oui. La " crème de la crème de la gauche" a répété que  "les activistes de gauche qui prétendent que cette Constitution européenne c'est le libéralisme, n'ont rien compris ". Sur ce point, " la crème de la crème de la gauche ", qui sait de quoi il retourne ayant contribué de manière décisive à sa rédaction, dit le vrai. Si l'ultra gauche française, en plein délire, vote non, c'est qu'elle aurait voulu une Constitution encore plus à gauche, encore plus étatiste, encore plus marxiste. Cela n'enlève rien au caractère socialiste de cette Constitution. Depuis le traité de Maastricht, la construction européenne a bifurqué vers un système étatique et socialiste à la française. Cette constitution permettra d'accélérer la construction d'une Europe socialiste. Est-ce ce que recherche les électeurs de l'UMP et de l'UDF qui, d'après les sondages, s'apprêtent à voter oui ?

Dire non aux technocrates négligeant le peuple et non à l'immigration.

Certes un non ne résoudra pas tous les problèmes français. Il sera un pas dans la déstabilisation des technocrates socialo-gaullistes de l' "UMPS " et de leurs cousins eurocrates. Ce non sera un revers démocratique pour les élites technocratiques aux penchants naturellement étatistes, fiscalistes et antidémocratiques. La césure entre le peuple et ses gouvernants apparaîtra un peu plus béante. Ce sera une crise politique. Nul ne sait sur quoi elle débouchera. Peut-être sur pas grand chose, tant le système est verrouillé. Mais qui sait ? Pierre Messmer a peut-être raison d'espérer un " sursaut salvateur ". La France a besoin d'un grand séisme politique pour se remettre sur les rails de la prospérité. Ce non nous en rapprochera.

A l'opposé, que peut-on attendre du oui ? Un oui ne ferait que conforter technocrates et eurocrates qui nous plongent aujourd'hui dans le socialisme et demain dans l'islamisme en encourageant l'immigration massive. L'immigration, sujet tabou que personne n'a évoqué. Elle est pourtant une composante essentielle du projet européen. Dans son livre vert du 11 janvier 2005, la Commission Barroso annonce l'une des clés de son programme pour l'avenir : " Des flux d'immigration plus soutenus pourraient être de plus en plus nécessaires pour couvrir les besoins européens du marché du travail et pour assurer la prospérité de l'Europe ". Cela serait peut-être le cas si l'Europe n'était pas gangrenée par ses systèmes sociaux qui dissuadent le travail et si les immigrés étaient d'une culture compatible avec la nôtre. Avec 5 millions de chômeurs en Allemagne, 3 millions en France (sans compter le million de Rmistes, les plus de 55 ans systématiquement retirés des statistiques, les contrats emploi-solidarité etc. qui portent le chiffre réel à plus de 6 millions), et la progression de l'islamisme au sein des immigrés, la mise en lumière de tensions ethniques et religieuses mortelles aux Pays-Bas, ces objectifs sont délirants. Aucun homme politique français n'oserait aujourd'hui tenir de semblables propos. L'immigration est davantage une immigration d'assistés que de travailleurs. Quels intérêts poussent les eurocrates à proférer de telles inepties?

Non aux technocrates qui ont si mal gouvernés.

Ceux qui travaillent dans le secteur privé, cadres, prolétaires ou chômeurs, qui chaque jour vivent sous pression, qui chaque jour payent leurs courses plus cher, qui chaque jour voient les prix des logements monter, qui chaque jour voient le chômage progresser devraient voter non. Il leur faut dire aux seigneurs du système : ça suffit ! Vous nous avez trop mal gouvernés. Contrairement à beaucoup d'électeurs du non, dont on a lavé le cerveau à grands coups de propagande, ils ne diront pas non à ce projet de Constitution parce qu'il serait ultra-libéral, mais parce qu'il est d'inspiration socialiste. Dire non aux eurocrates européens qui ont englué ce continent dans les réglementations et les impôts. Non aux technocrates français aussi, parce que les impôts et les charges ne cessent d'augmenter, parce que l'inefficacité et la gabegie des dépenses publiques et sociales sont inadmissibles, parce que l'immigration pèse d'un poids insupportable, parce que le nombre et les privilèges de ceux qui travaillent dans le public sont chaque jour plus insupportables, parce que la dette fera exploser ce pays tel un " vulgaire " pays d'Amérique latine ou d'Afrique.

Dire non aux tenants du oui qui jouent sur la peur, tentent de terroriser les esprits faibles sur le thème " le oui ou la crise ". Les Français n'ont cessé de dire oui à l' " UMPS " et à l'Europe. Et ils ont la crise. Ce sont leurs oui qui les ont plongés dans la crise. Une crise qui est de la responsabilité de nos élites qui n'ont rien réformé. Raffarin " raffarine " lorsque, le mardi 16 mai, à Bordeaux, il dramatise en prétendant que " la France courrait vers de longs mois de crise économique " en cas de victoire du non. Après trente années de crise économique, que ces mois vont nous sembler longs ! Le jeudi 19, dans Paris Normandie, il s'enfonce en parlant de " chaos " : un vote non " ouvrirait la France à tous les vents ". Aux vents de la délocalisation, du chômage, des impôts, de la dette ? Mais ces vents soufflent toujours plus forts en France depuis les deux chocs pétroliers auxquels nous ne nous sommes toujours pas adaptés trente ans après !

La crise ne viendra pas du non, elle vient d'avoir toujours dit oui aux technocrates.

Le premier ministre n'est pas le seul à prendre les Français pour des enfants en leur racontant des histoires de grands méchants loups qui les mangeront s'ils ne votent pas oui. Des enfants voire des imbéciles comme l'écrit plus directement Chantal Delsol. Les Eurocrates s'y sont mis aussi. Le président de la Commission européenne lui-même, José Manuel Barroso, en a rajouté une couche le mercredi 18 sur Europe 1: "Un non serait une très mauvaise nouvelle pour l'économie, l'Europe et la France". Et un oui une très bonne ? Cette Constitution européenne aura-t-elle autant d'effets " bénéfiques " que vous en aviez promis avec l'euro ? Hélas, Monsieur Barroso, si vous lisiez les statistiques économiques, vous vous apercevriez que la croissance européenne s'est effondrée en Europe depuis la mise en place de l'euro. Si la Constitution européenne devait avoir les mêmes effets sur l'économie que l'euro alors il faut la rejeter. Le commissaire chargé des Affaires économiques, l'Espagnol Joaquin Almunia tient le même langage ridicule dans Le Monde : "Le oui relancera la croissance, le non la sapera encore un peu plus."  "Sapera encore un peu plus " : elle serait donc sapée cette croissance ? Mais sapée par qui ? Pas par les eurocrates quand même ? " Le oui relancera la croissance " : il faut vraiment prendre les Français pour des gogos pour imaginer qu'ils vont gober cela. Les Echos du 25 mai titraient : " L'OCDE sonne l'alarme sur la croissance européenne. La hausse du PIB de la zone euro ramenée à un 1,2% cette année ". 1,2% alors que l'OCDE prévoyait 1,9% à l'automne. Cela n'a rien à voir avec le vote français, Monsieur le Commissaire... Mais tout avec les excès de l'Etat-providence, les prélèvements fiscaux confiscatoires, la réglementation, et la hausse de l'euro. L'OCDE ne réviserait pas ses prévisions si le oui l'emportait.

Nos " seconds ministres " s'y sont mis aussi. Pour Jean-François Copé, ministre du Budget, en cas d'échec du oui "un climat d'incertitude pour les entreprises et les ménages s'installera". Comme si le climat était aujourd'hui au beau fixe ! Si certitude il y a, c'est bien que la France s'enfonce. Dans ces conditions une incertitude est une menace faible. Voire une heureuse perspective. Qui ne préfère l'incertitude à la certitude du
déclin ? Christian Jacob, ministre des PME, a poussé plus loin le bouchon en osant mettre en garde contre les risques pour les entreprises des secteurs du textile qui pâtiraient directement d'une "panne de l'Europe". Alors que ce secteur est en plein marasme ! De qui se moque-t-on ? On nous refait le coup de l'euro, paré de toutes les vertus, avant sa mise en place alors qu'il a au contraire eu un effet pénalisant pour tous les exportateurs européens, s'est accompagné d'une relance de l'inflation, et d'un accroissement du chômage. La dramatisation du camp du oui est grotesque. Sans la hausse des dépenses publiques, le PIB de la France aurait régressé ces trois dernières années. Le secteur marchand est en récession. La France ne tient que parce qu'elle fait de la dette. Les statistiques sont sans cesse révisées à la baisse. Elles l'ont été à nouveau la semaine dernière. La panne est là, Monsieur Jacob.

Toujours dans Les Echos, ces " ministricules " auraient pu lire, les prévisions pour la France : " Malgré le rebond de la consommation en avril, l'activité ne devrait pas croître de plus de 1,4% en 2005 ". Nous sommes bien loin de la fourchette, entre 2 et 2,5%, retenue par Jean-Pierre Raffarin. 1,4% de croissance avec des dépenses de santé qui croissent entre 3 et 5% par an, le nombre de retraités qui explose avec le papy-boom, les fonctionnaires qui connaissent un accroissement naturel de leurs revenus aux alentours de 3% avec le GVT, et 380 000 immigrés de plus (selon le haut responsable des problèmes d'immigration au ministère de l'Intérieur, Maxime Tandonnet), cela va faire une sacrée diminution de revenus pour les esclaves du privé ! Le chômage ne cesse de progresser, les déficits publics et sociaux de se creuser, les entreprises de se délocaliser, le commerce extérieur de s'effondrer. C'est ce paradis ci que nous perdrions si nous croquions la pomme du non ?

Non à l'Europe sans racines, valeurs ni frontières.

Par delà le non au marasme économique et social de l'Europe des technocrates, il ne faut pas oublier que ce non sera un non à la Turquie dans l'Europe, autre calamité que veulent nous imposer nos technocrates contre notre gré. Un non à la Turquie, qui a assisté aux travaux préparatoires, et a signé l'Acte final du projet de Constitution le 29 octobre 2004 à Rome, et pour laquelle on a supprimé toute référence aux racines chrétiennes de l'Europe. Non à la Turquie présentée comme " une démocratie laïque ", alors que c'est une dictature militaire, qui a laissé le pouvoir aux islamistes de M. Erdogan, alors que l'Islam est religion officielle, alors que 70% des femmes y portent le voile. Non à la Turquie qui nie le génocide arménien.

L'Europe était un projet intéressant quand il correspondait à un projet de civilisation déterminée, la civilisation occidentale judéo-chrétienne, attachée aux idées de respect de l'individu, de liberté et de démocratie, dans un espace géographique clair, l'Europe. Dans un entretien au Figaro magazine du 13 août 2004, le futur pape Benoît XVI expliquait :  "Les racines qui ont formé et permis la formation de ce continent sont celles du christianisme. Il s'agit d'un simple fait de l'histoire. J'ai donc des difficultés à comprendre les résistances exprimées contre la reconnaissance d'un tel fait incontestable ". Les eurocrates n'ont pas eu le courage de reconnaître ce fait incontestable. Que peut-on attendre d'une construction sans fondation qui va jusqu'à nier son être et se renier elle-même ?

Aujourd'hui l'Europe proposée est une Europe sans frontière, sans racine ni valeurs, une Europe socialiste qui s'englue dans son Etat-Providence et s'exclut de la croissance économique mondiale, l'Europe des technocrates socialistes européens dont la prétention n'a d'égale que la petitesse. Cette Europe, les électeurs de la droite française, pour cesser d'être les cocus du parti technocratique, doivent la rejeter en votant non.

Jean-Christophe Mounicq

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