Les bêtises proférées par les tenants du non à l'ultra-gauche ne
doivent pas dissuader les électeurs de droite, conservateurs et libéraux, de voter non
à la Constitution européenne proposée qui est d'essence socialiste. L'ultra-gauche va
voter non parce qu'elle souhaite une Constitution encore plus socialiste, étatiste,
interventionniste, keynésienne, marxiste et rétrograde que celle proposée. Peu importe
cette surenchère de gauchisme à gauche. Les électeurs de droite doivent voter non, pour
dire non aux élites technocratiques et étatistes, françaises et européennes, qui nous
enfoncent, aujourd'hui, par le recours excessif à l'Etat providence, à l'impôt et à la
réglementation, dans le marasme du socialisme et, demain, par le biais de l'immigration
massive et de l'entrée de la Turquie, dans le cauchemar de l'islamisme. Voter non pour
dire oui à une Europe démocratique de liberté qui reconnaît, entre autres, ses racines
chrétiennes, la primauté de l'individu sur le politique, l'imprescriptibilité des
droits de l'homme et particulièrement les droits de propriété, le respect du travail,
de la famille et du droit, la libre entreprise et la sécurité. Beaucoup, qui partagent
ces valeurs, constatent le décrochage français et européen et s'inquiètent de la vague
islamique qui déferle sur l'Europe, s'apprêtent néanmoins à voter oui. Puisse ce texte
convaincre certains qu'ils vont commettre une grave erreur en cautionnant les technocrates
de gauche qui nous poussent d'échecs en échecs. Les médias de gauche
sélectionnent les arguments de gauche en faveur du non.
Nombre d'arguments absurdes des tenants du non à la Constitution, peuvent, par
réflexe, conduire des électeurs de droite à voter oui. C'est oublier que les arguments
qui sont repris par les médias sont la plupart du temps des arguments de " gauche
", à caractère socialiste, ou tout au moins étatiste et centralisateur. Les
arguments en faveur d'un non de droite sont, eux, souvent ignorés. Il ne faut pas s'en
étonner. D'abord, les médias français sont entre les mains de grands groupes
industriels qui font une large part de leur chiffre d'affaires avec l'Etat. Ensuite, les
écoles de journalisme sont de gauche. Ces médias sont ainsi quasi-unanimement favorables
au système et donc au oui défendu par les trois principaux partis qui ont gouverné la
France ces trente dernières années, l'UMP ex RPR, le PS et l'UDF.
Les quelques tenants du non tolérés par les médias sont eux aussi issus du système. A
moins d'être ou d'avoir été communiste, trotskyste, alter-mondialiste, ou écologiste,
positionnement qui plaît à toutes les rédactions, il faut avoir fait l'ENA pour être
accueilli dignement sur un plateau de télévision ou de radio. Ainsi à gauche, le
champion du non est l'énarque Laurent Fabius. A droite, l'étendard du non est Philippe
de Villiers, énarque lui aussi. Les énarques en chef sont parfois accompagnés
d'énarques de second rang, type Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan ou
Paul-Marie Couteaux. Ces hauts fonctionnaires ont par nature une vision positive de l'Etat
et de la fonction publique dont ils sont issus et qui leur a permis d'accéder à des
postes de premier plan. Leurs discours en sont très stéréotypés. Leurs critiques se
concentrent contre le démantèlement de nos services publics, contre le
libre-échangisme, contre le capitalisme tout puissant, contre l'Europe des banquiers,
contre le dumping social, etc. Tous arguments que ne renie aucun gauchiste.
Ignorés par les médias, les arguments de droite, et particulièrement ceux
d'inspiration libérale, militent en faveur du non à la Constitution européenne. Ainsi,
au milieu d'une propagande massivement en faveur du oui, Yves Roucaute a réussi à placer
une tribune "pour un non libéral " dans le Figaro. Notre ami philosophe a
positionné le débat sur un point essentiel montrant le caractère fondamentalement
non-libéral de la Constitution proposée. Dans une authentique démocratie, la
souveraineté des individus doit précéder celle des Etats. L'homme naît libre. Il a des
droits qui lui sont imprescriptibles. Puis il délègue une partie de sa liberté à un
système politique, à un souverain. Ainsi dans toutes les constitutions démocratiques,
les droits naturels des individus sont évoqués avant l'organisation du système
politique. Dans la Constitution européenne proposée, l'organisation de la structure
politique se situe dans une première partie, avant les droits des citoyens mentionnés
dans " la charte des droits fondamentaux ". Cet ordre montre que le pouvoir
politique se considère comme " premier " et ne laisse que quelques libertés
" secondes " aux individus. Il illustre l'essence centralisatrice, étatiste et
socialiste de cette constitution.
Les cocus de Chirac et de l'UMP seront les cocus du oui
Cette vérité n'a pas réussi à percer l'esprit de nos concitoyens. Puisque les
médias le leur répètent à satiété, la plupart des Français sont convaincus que
cette Constitution est d'essence libérale. C'est ainsi que nombre d'électeurs de "
droite ", attachés aux valeurs du travail, de l'épargne, du droit de propriété,
à la famille, voire favorables à la libre entreprise, au marché, à la responsabilité,
à l'individu, vont voter oui à une Constitution d'inspiration socialiste. N'ayant pas lu
la Constitution ou étant dépourvus de connaissances suffisantes en droit
constitutionnel, leur raisonnement est logique : donnons du pouvoir à l'Europe, les pays
qui la composent sont moins à gauche que la France. Peu importe si cela revient à
transférer le pouvoir aux eurocrates : ils sont eux aussi moins socialistes que les
technocrates français.
Beaucoup de cadres et cadres supérieurs du privé vont ainsi voter oui. Certains
feront le choix légitimiste des gens satisfaits : je suis au sommet de la hiérarchie
sociale dans ce système, donc ce système est bon, donc je vote pour le système. Quand
ils redescendent l'échelle sociale, ils changent, éventuellement, d'avis. D'autres
cadres, moins nombrilistes, croiront dire oui à la libre entreprise, à la liberté, à
la concurrence fiscale et sociale, à leurs intérêts et à ceux de leurs concitoyens.
Ils se feront autant avoir que lorsqu'ils votent pour Giscard, Balladur, Chirac ou Juppé,
pour l'UDF, le RPR ou l'UMP et en attendent des baisses de dépenses publiques et
d'impôts, une réduction des privilèges des fonctionnaires, la mise en place de service
minimum dans les transports publics, une relance de la croissance, le respect des lois sur
l'immigration, une politique favorable au respect de la loi, de l'ordre et de la
sécurité. Toutes ces politiques ne peuvent pas être mises en place pour les raisons que
Claude Reichman a bien décrites dans son livre " Le secret de la droite " : la
droite française, verrouillée par les technocrates, n'est pas la droite. Les cocus de
Giscard et Chirac, de l'UDF, du RPR et de l'UMP, seront les cocus du oui.
Le monde politique, qui, lui, contrôle le jeu démocratique et sait de quoi il
retourne, raisonne différemment. Les énarques qui ont dirigé, dirigent ou dirigeront la
France, de Jospin à Giscard, de Chirac à Hollande, sont favorables à cette
Constitution. Comme la direction des Verts et Bernard Thibaut, le secrétaire général de
la CGT. Tous ceux qui dirigent peu ou prou le système français sont favorables au oui.
Peut-on croire que leur position serait une position d'automutilation visant à
transférer leurs pouvoirs aux "libéraux " de Bruxelles ? C'est au
contraire parce que cette Constitution constitue une étape supplémentaire dans la
construction d'une Europe étatiste et socialiste, " à la française ", qu'ils
lui sont favorables. Ceux qui ne veulent pas de cette orientation socialiste qui conduit
au déclin, voire à la décadence, doivent voter non.
Un demi siècle de construction européenne n'a pas empêché la progression du
socialisme en France.
Mais beaucoup assimilent toujours la construction européenne à l'ouverture des
frontières, à la libre concurrence, et à la liberté. Ce raisonnement était fondé au
début de la construction européenne, à l'époque du Traité de Rome. L'élan était
bien d'inspiration libérale, même si nous mettions le doigt dans un engrenage
constructiviste menaçant. L'idée d'une Europe qui serait libérale est chaque jour plus
fausse, depuis les traités de Maastricht et d'Amsterdam, depuis que se renforce le
super-Etat européen, depuis que les eurocrates ont décidé de faire sortir l'Europe de
ses frontières géographiques et culturelles, pour y faire rentrer des pays qui ne
partagent ni notre culture, ni nos valeurs, comme la Turquie.
Certains, dont Madelin, - le " grand libéral français ", qui restera dans
l'histoire de France le ministre des finances qui a le plus augmenté les impôts -,
répètent que le vent de la liberté vient d'Europe et qu'il finira par emporter la
France. La construction européenne peut-elle arrêter, en France, la dérive étatique,
diminuer les impôts et les charges, réduire le nombre de fonctionnaires, les dépenses
publiques et sociales inutiles, les grèves dans les transports, freiner le corporatisme
d'Etat ? Si tel était le cas, il faudrait être favorable à la construction européenne.
Mais cela se serait déjà vérifié. Le Traité de Rome date de 1957. Quarante-huit ans
de construction européenne, un demi-siècle, n'ont en rien inversé les dérives
étatistes de la France. Les europtimistes libéraux répètent leur argument depuis trop
longtemps. Hier, leur scénario était intéressant. Aujourd'hui, il faut se rendre à
l'évidence : il ne s'est pas produit. Ils se sont, ou nous ont, bernés.
L'Europe renforce la technostructure.
Au contraire. Les technocrates français ont pu renforcer leurs privilèges, augmenter
les impôts, les dépenses publiques et sociales et les réglementations absurdes et
infinançables type 35 heures et retraite à 60 ans. Si " vent libéral européen
" il y a, il souffle si faiblement, qu'il ne peut rien contre les courants étatistes
qui emportent notre pays. Le combat contre le déclin de la France, contre les excès de
notre Etat-Providence, contre la stagnation économique et contre la montée des
violences, n'est pas un combat européen, mais un combat national. Certains regrettent que
le choix des Français soit dicté par des considérations d'ordre national qui n'ont rien
à voir avec la Constitution. C'est, au contraire, un bien. Il est sain que les Français
rejettent un texte aussi long et incompréhensible, même aux juristes expérimentés.
Surtout, les Français sont les seuls à pouvoir remettre de l'ordre en France. Pour y
arriver, ils devront se débarrasser de la caste des politico-fonctionnaires qui les
gouvernent et contrôlent le jeu politique. Il leur faut dire non, tant à l'UMP qu'au PS
et à l'UDF, les trois partis dominant qui se partagent la responsabilité du naufrage
français. Les trois sont favorables au oui. Un non sera une claque pour chacun d'eux.
L'Europe n'affaiblit pas la technostructure. Et pour cause : l'Europe est construite
par des technocrates. Cette Constitution a été rédigée par un des plus grands
technocrates de tous les temps : Valéry Giscard d'Estaing. Le Président français qui a
le plus fait progresser les dépenses publiques et sociales durant son mandat. Le choix de
ce rédacteur en chef n'est pas anodin. Comme n'était pas anodin, le fait qu'il avait,
après les deux chocs pétroliers, mis le cap sur le traitement social du chômage plutôt
que sur des réformes économiques. Le résultat est là : la France ne cesse de
s'enfoncer sans connaître de périodes de rebond comme les pays qui ont mis en oeuvre des
réformes libérales.
Les mensonges sur une Europe qui nous contraindrait aux réformes libérales sont du
même ordre que les mensonges qui ont paré l'euro de toutes les vertus lors de son
lancement. L'Europe ne nous entraîne pas davantage à réformer que l'euro. L'euro devait
nous contraindre à assainir nos finances. Depuis sa mise en place, la France, comme
l'Allemagne, a cessé de respecter les critères de Maastricht et laisse filer dépenses
publiques et déficits. L'influence positive de l'Europe, comme celle de l'euro, est
nulle. Au contraire : la mise en place de l'euro, en plus d'asphyxier les entreprises
européennes par son renchérissement, masque les turpitudes de nos
politico-fonctionnaires. Les gouvernants et leurs élites stipendiées répètent souvent
: " Heureusement qu'il y a l'euro ". Les Français pensent que cela veut dire :
" Heureusement pour les Français ". Les élites pensent : " Heureusement
pour les élites ". Le gouvernement Raffarin, qui se contente de gérer le système
socialiste français en laissant augmenter dépenses publiques et impôts, est ainsi
naturellement favorable à l'euro. Sans l'euro, sa désastreuse politique aurait été
sanctionnée par les marchés. Le franc aurait été dévalué. Et le gouvernement aurait
été contraint à la réforme. Avec l'euro, rien ne se passe, et " Raffarien "
peut augmenter les fonctionnaires quand les entreprises du CAC 40 font des bénéfices à
l'étranger... L'euro ne pousse pas à la réforme. Il la retarde. L'euro ne protège pas
les Français qui regardent s'envoler et les prix (notamment de leurs logements) et leurs
emplois. L'euro protège les technocrates français en répartissant le poids de leurs
erreurs sur 450 millions d'Européens plutôt que sur 60 millions de Français.
Non aux socialistes européens qui votent oui.
Jacques Chirac l'a répété : " La Constitution nous protégera d'un système
" ultralibéral " à l'anglo-saxonne "... Sauf qu'aucun système, pas
même anglo-saxon, n'est " ultralibéral ". Même si elles n'atteignent pas les
niveaux délirants de la France ou de la Suède, les dépenses publiques et sociales des
Britanniques ou des Américains sont massives. Les Français ont oublié que les
travaillistes sont socialistes. La Grande-Bretagne est dirigée par des socialistes. Même
si Tony Blair est moins socialiste, étatiste ou à gauche que Chirac, Jospin, Juppé ou
Hollande, il demeure fondamentalement socialiste. La preuve ? Ces six dernières années,
en Grande-Bretagne, la dépense publique est passée de 39 à 45% du PIB. La Constitution
européenne n'est pas faite pour nous protéger d'un ultralibéralisme qui n'existe nulle
part. Elle est faite pour entraver les aspirations à la liberté. Et pour imposer le
socialisme qui domine en Europe aussi bien en Allemagne, en Espagne ou en Grande-Bretagne,
qu'en France - le gaullisme de l'UMP et de Chirac étant aujourd'hui un
radical-socialisme, voire, parfois, quand il prend le visage de M. Borloo, un socialisme
radical.
C'est parce que cette Constitution constitue un pas vers le socialisme que, le mercredi
18 mai, au Cirque d'Hiver, - symbole de l'hiver européen -, vingt-sept représentants des
partis socialistes européens, " la crème de la crème de la gauche européenne
", se sont réunis autour de François Hollande pour le grand meeting des socialistes
afin de demander aux Français de voter oui. La " crème de la crème de la
gauche" a répété que "les activistes de gauche qui prétendent que
cette Constitution européenne c'est le libéralisme, n'ont rien compris ". Sur
ce point, " la crème de la crème de la gauche ", qui sait de quoi il retourne
ayant contribué de manière décisive à sa rédaction, dit le vrai. Si l'ultra gauche
française, en plein délire, vote non, c'est qu'elle aurait voulu une Constitution encore
plus à gauche, encore plus étatiste, encore plus marxiste. Cela n'enlève rien au
caractère socialiste de cette Constitution. Depuis le traité de Maastricht, la
construction européenne a bifurqué vers un système étatique et socialiste à la
française. Cette constitution permettra d'accélérer la construction d'une Europe
socialiste. Est-ce ce que recherche les électeurs de l'UMP et de l'UDF qui, d'après les
sondages, s'apprêtent à voter oui ?
Dire non aux technocrates négligeant le peuple et non à l'immigration.
Certes un non ne résoudra pas tous les problèmes français. Il sera un pas dans la
déstabilisation des technocrates socialo-gaullistes de l' "UMPS " et de leurs
cousins eurocrates. Ce non sera un revers démocratique pour les élites technocratiques
aux penchants naturellement étatistes, fiscalistes et antidémocratiques. La césure
entre le peuple et ses gouvernants apparaîtra un peu plus béante. Ce sera une crise
politique. Nul ne sait sur quoi elle débouchera. Peut-être sur pas grand chose, tant le
système est verrouillé. Mais qui sait ? Pierre Messmer a peut-être raison d'espérer un
" sursaut salvateur ". La France a besoin d'un grand séisme politique
pour se remettre sur les rails de la prospérité. Ce non nous en rapprochera.
A l'opposé, que peut-on attendre du oui ? Un oui ne ferait que conforter technocrates
et eurocrates qui nous plongent aujourd'hui dans le socialisme et demain dans l'islamisme
en encourageant l'immigration massive. L'immigration, sujet tabou que personne n'a
évoqué. Elle est pourtant une composante essentielle du projet européen. Dans son livre
vert du 11 janvier 2005, la Commission Barroso annonce l'une des clés de son programme
pour l'avenir : " Des flux d'immigration plus soutenus pourraient être de plus
en plus nécessaires pour couvrir les besoins européens du marché du travail et pour
assurer la prospérité de l'Europe ". Cela serait peut-être le cas si l'Europe
n'était pas gangrenée par ses systèmes sociaux qui dissuadent le travail et si les
immigrés étaient d'une culture compatible avec la nôtre. Avec 5 millions de chômeurs
en Allemagne, 3 millions en France (sans compter le million de Rmistes, les plus de 55 ans
systématiquement retirés des statistiques, les contrats emploi-solidarité etc. qui
portent le chiffre réel à plus de 6 millions), et la progression de l'islamisme au sein
des immigrés, la mise en lumière de tensions ethniques et religieuses mortelles aux
Pays-Bas, ces objectifs sont délirants. Aucun homme politique français n'oserait
aujourd'hui tenir de semblables propos. L'immigration est davantage une immigration
d'assistés que de travailleurs. Quels intérêts poussent les eurocrates à proférer de
telles inepties?
Non aux technocrates qui ont si mal gouvernés.
Ceux qui travaillent dans le secteur privé, cadres, prolétaires ou chômeurs, qui
chaque jour vivent sous pression, qui chaque jour payent leurs courses plus cher, qui
chaque jour voient les prix des logements monter, qui chaque jour voient le chômage
progresser devraient voter non. Il leur faut dire aux seigneurs du système : ça suffit !
Vous nous avez trop mal gouvernés. Contrairement à beaucoup d'électeurs du non, dont on
a lavé le cerveau à grands coups de propagande, ils ne diront pas non à ce projet de
Constitution parce qu'il serait ultra-libéral, mais parce qu'il est d'inspiration
socialiste. Dire non aux eurocrates européens qui ont englué ce continent dans les
réglementations et les impôts. Non aux technocrates français aussi, parce que les
impôts et les charges ne cessent d'augmenter, parce que l'inefficacité et la gabegie des
dépenses publiques et sociales sont inadmissibles, parce que l'immigration pèse d'un
poids insupportable, parce que le nombre et les privilèges de ceux qui travaillent dans
le public sont chaque jour plus insupportables, parce que la dette fera exploser ce pays
tel un " vulgaire " pays d'Amérique latine ou d'Afrique.
Dire non aux tenants du oui qui jouent sur la peur, tentent de terroriser les esprits
faibles sur le thème " le oui ou la crise ". Les Français n'ont cessé de dire
oui à l' " UMPS " et à l'Europe. Et ils ont la crise. Ce sont leurs oui qui
les ont plongés dans la crise. Une crise qui est de la responsabilité de nos élites qui
n'ont rien réformé. Raffarin " raffarine " lorsque, le mardi 16 mai, à
Bordeaux, il dramatise en prétendant que " la France courrait vers de longs mois
de crise économique " en cas de victoire du non. Après trente années de crise
économique, que ces mois vont nous sembler longs ! Le jeudi 19, dans Paris Normandie, il
s'enfonce en parlant de " chaos " : un vote non " ouvrirait la
France à tous les vents ". Aux vents de la délocalisation, du chômage, des
impôts, de la dette ? Mais ces vents soufflent toujours plus forts en France depuis les
deux chocs pétroliers auxquels nous ne nous sommes toujours pas adaptés trente ans
après !
La crise ne viendra pas du non, elle vient d'avoir toujours dit oui aux
technocrates.
Le premier ministre n'est pas le seul à prendre les Français pour des enfants en leur
racontant des histoires de grands méchants loups qui les mangeront s'ils ne votent pas
oui. Des enfants voire des imbéciles comme l'écrit plus directement Chantal Delsol. Les
Eurocrates s'y sont mis aussi. Le président de la Commission européenne lui-même, José
Manuel Barroso, en a rajouté une couche le mercredi 18 sur Europe 1: "Un non
serait une très mauvaise nouvelle pour l'économie, l'Europe et la France". Et
un oui une très bonne ? Cette Constitution européenne aura-t-elle autant d'effets "
bénéfiques " que vous en aviez promis avec l'euro ? Hélas, Monsieur Barroso, si
vous lisiez les statistiques économiques, vous vous apercevriez que la croissance
européenne s'est effondrée en Europe depuis la mise en place de l'euro. Si la
Constitution européenne devait avoir les mêmes effets sur l'économie que l'euro alors
il faut la rejeter. Le commissaire chargé des Affaires économiques, l'Espagnol Joaquin
Almunia tient le même langage ridicule dans Le Monde : "Le oui relancera la
croissance, le non la sapera encore un peu plus." "Sapera encore
un peu plus " : elle serait donc sapée cette croissance ? Mais sapée par qui ?
Pas par les eurocrates quand même ? " Le oui relancera la croissance " :
il faut vraiment prendre les Français pour des gogos pour imaginer qu'ils vont gober
cela. Les Echos du 25 mai titraient : " L'OCDE sonne l'alarme
sur la croissance européenne. La hausse du PIB de la zone euro ramenée à un 1,2% cette
année ". 1,2% alors que l'OCDE prévoyait 1,9% à l'automne. Cela n'a rien à
voir avec le vote français, Monsieur le Commissaire... Mais tout avec les excès de
l'Etat-providence, les prélèvements fiscaux confiscatoires, la réglementation, et la
hausse de l'euro. L'OCDE ne réviserait pas ses prévisions si le oui l'emportait.
Nos " seconds ministres " s'y sont mis aussi. Pour Jean-François Copé,
ministre du Budget, en cas d'échec du oui "un climat d'incertitude pour les
entreprises et les ménages s'installera". Comme si le climat était aujourd'hui
au beau fixe ! Si certitude il y a, c'est bien que la France s'enfonce. Dans ces
conditions une incertitude est une menace faible. Voire une heureuse perspective. Qui ne
préfère l'incertitude à la certitude du
déclin ? Christian Jacob, ministre des PME, a poussé plus loin le bouchon en osant
mettre en garde contre les risques pour les entreprises des secteurs du textile qui
pâtiraient directement d'une "panne de l'Europe". Alors que ce secteur
est en plein marasme ! De qui se moque-t-on ? On nous refait le coup de l'euro, paré de
toutes les vertus, avant sa mise en place alors qu'il a au contraire eu un effet
pénalisant pour tous les exportateurs européens, s'est accompagné d'une relance de
l'inflation, et d'un accroissement du chômage. La dramatisation du camp du oui est
grotesque. Sans la hausse des dépenses publiques, le PIB de la France aurait régressé
ces trois dernières années. Le secteur marchand est en récession. La France ne tient
que parce qu'elle fait de la dette. Les statistiques sont sans cesse révisées à la
baisse. Elles l'ont été à nouveau la semaine dernière. La panne est là, Monsieur
Jacob.
Toujours dans Les Echos, ces " ministricules " auraient pu lire, les
prévisions pour la France : " Malgré le rebond de la consommation en avril,
l'activité ne devrait pas croître de plus de 1,4% en 2005 ". Nous sommes bien
loin de la fourchette, entre 2 et 2,5%, retenue par Jean-Pierre Raffarin. 1,4% de
croissance avec des dépenses de santé qui croissent entre 3 et 5% par an, le nombre de
retraités qui explose avec le papy-boom, les fonctionnaires qui connaissent un
accroissement naturel de leurs revenus aux alentours de 3% avec le GVT, et 380 000
immigrés de plus (selon le haut responsable des problèmes d'immigration au ministère de
l'Intérieur, Maxime Tandonnet), cela va faire une sacrée diminution de revenus pour les
esclaves du privé ! Le chômage ne cesse de progresser, les déficits publics et sociaux
de se creuser, les entreprises de se délocaliser, le commerce extérieur de s'effondrer.
C'est ce paradis ci que nous perdrions si nous croquions la pomme du non ?
Non à l'Europe sans racines, valeurs ni frontières.
Par delà le non au marasme économique et social de l'Europe des technocrates, il ne
faut pas oublier que ce non sera un non à la Turquie dans l'Europe, autre calamité que
veulent nous imposer nos technocrates contre notre gré. Un non à la Turquie, qui a
assisté aux travaux préparatoires, et a signé l'Acte final du projet de Constitution le
29 octobre 2004 à Rome, et pour laquelle on a supprimé toute référence aux racines
chrétiennes de l'Europe. Non à la Turquie présentée comme " une démocratie
laïque ", alors que c'est une dictature militaire, qui a laissé le pouvoir aux
islamistes de M. Erdogan, alors que l'Islam est religion officielle, alors que 70% des
femmes y portent le voile. Non à la Turquie qui nie le génocide arménien.
L'Europe était un projet intéressant quand il correspondait à un projet de
civilisation déterminée, la civilisation occidentale judéo-chrétienne, attachée aux
idées de respect de l'individu, de liberté et de démocratie, dans un espace
géographique clair, l'Europe. Dans un entretien au Figaro magazine du 13 août 2004, le
futur pape Benoît XVI expliquait : "Les racines qui ont formé et permis
la formation de ce continent sont celles du christianisme. Il s'agit d'un simple fait de
l'histoire. J'ai donc des difficultés à comprendre les résistances exprimées contre la
reconnaissance d'un tel fait incontestable ". Les eurocrates n'ont pas eu le
courage de reconnaître ce fait incontestable. Que peut-on attendre d'une construction
sans fondation qui va jusqu'à nier son être et se renier elle-même ?
Aujourd'hui l'Europe proposée est une Europe sans frontière, sans racine ni valeurs,
une Europe socialiste qui s'englue dans son Etat-Providence et s'exclut de la croissance
économique mondiale, l'Europe des technocrates socialistes européens dont la prétention
n'a d'égale que la petitesse. Cette Europe, les électeurs de la droite française, pour
cesser d'être les cocus du parti technocratique, doivent la rejeter en votant non.
Jean-Christophe Mounicq
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