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Lettre ouverte à Jeambar, Dassault, Imbert, Le Lay, Mougeotte et tous les autres |
18/11/05 | Claude Reichman |
Aucune crise urbaine, aucune explosion sociale, aucun événement
extérieur ne pourra changer la logique du régime. Fondé sur le prélèvement et la
redistribution, il est incapable de modifier sa politique, ni même de l'infléchir. Il va
donc continuer d'entraîner la France vers l'abîme. Le seul espoir que l'on puisse
nourrir réside dans l'affaissement fiscal et social. Privé de ressources, l'Etat ne
pourra plus que déposer son bilan. Il faudra alors désigner des administrateurs
judiciaires qui auront pour seule mission d'entretenir l'outil aussi bien que possible en
attendant qu'il soit repris en main par des hommes et des femmes politiques dignes de ce
nom. Il existe un moyen de hâter cette issue. Il s'appelle la liberté de la protection sociale. Si les Français veulent s'épargner des événements tragiques, ils doivent en finir avec le modèle social actuel, celui dont à présent tous les observateurs, ainsi qu'un certain nombre de politiciens du système, disent qu'il a complètement échoué. Malheureusement, cette soudaine lucidité s'arrête en chemin. Le modèle social est mort, mais il faut à présent se débarrasser de son cadavre qui empoisonne l'atmosphère du pays. Or chaque jour qui passe voit les méfaits du monstre défunt se continuer par l'habitude et compromettre un peu plus le redressement. Quand donc le chur des pleureuses qui chante à tue-tête " Marchons, marchons ! " se décidera-t-il à faire mouvement ? Quand donc un Denis Jeambar, qui dans L'Express de cette semaine écrit que la France " danse sur un volcan " et mène avec Nicolas Sarkozy l'interview la plus intelligemment agressive que la presse française ait publié depuis longtemps, fera-t-il la une de son journal avec ce titre : " La Sécurité sociale n'a plus de monopole, une ère de liberté et de progrès s'ouvre pour la France " ? Quand donc Serge Dassault fera-t-il comprendre au nouveau directeur qu'il a nommé au Figaro, Nicolas Beytout, que le libéralisme se défend et se promeut et que le susurrement n'est plus de mise quand le canon tonne ? Le sort du pays est entre vos mains Quand donc Claude Imbert délaissera-t-il son violon pour livrer son dernier combat dans l'arène en faveur de la liberté sociale et donc des valeurs qu'il est censé défendre ? Quand donc Patrick Le Lay et Etienne Mougeotte comprendront-ils qu'une " grande chaîne généraliste ", comme ils qualifient eux-mêmes TF1, ne peut abandonner le terrain politique et renoncer à utiliser son influence pour le salut du pays ? Pardon de ne pas citer tous les autres journalistes ou patrons de presse qui ont eux aussi la responsabilité d'informer et de faire évoluer la France. Messieurs, le sort du pays est entre vos mains, puisque les politiciens du système sont manifestement incapables de le diriger. Il vous appartient de lancer le grand débat que tous les citoyens appellent de leurs vux. Croyez-vous que la petite brochette de commentateurs fatigués qui occupent en permanence vos écrans et vos colonnes et qui sont censés exprimer l'opinion des Français soit le moins du monde représentative du peuple ? Quand, oui quand avez-vous donné la parole à des invités prêchant pour les solutions qui marchent partout dans le monde et qu'on refuse follement d'appliquer en France ? Vous nous citerez tel ou tel exemple pour vous dédouaner. Mais vous savez très bien que dans les médias français, les partisans de la liberté économique et sociale sont condamnés à jouer les hallebardiers à l'Alcazar de Rodez, comme dans le sketch de Fernand Raynaud. Vous êtes tous des hommes d'âge, comme on disait naguère. Devenez l'espace d'un sursaut les nouveaux héros du temps et rappelez-vous l'immortel message d'Homère : "Laërte et Dolios s'armèrent également, soldats aux cheveux gris, contraints par la nécessité ". Je me pose pourtant une question : Est-ce que tant d'années de confort matériel et moral vous ont laissé une âme ? Est-ce que finalement vous ne pensez pas, comme Fellini le disait de Rome, que Paris " est l'endroit le plus agréable pour attendre la fin du monde " ? Si tel est le cas, pardon de vous avoir dérangés. Il est des sommeils qu'il faut savoir respecter. Mais s'il reste en vous un soupçon de colère et de saine indignation, de patriotisme aussi, bref si vous êtes encore bons à quelque chose, alors dépêchez-vous d'agir, car le temps presse. Franchement, les lunettes de Chirac ou les émois de Cécilia n'amusent personne dans
la France d'en bas, celle qui n'a plus de boulot, qui manque d'argent, dont les voitures
flambent, qui n'a pas la moindre envie de devenir raciste mais qui risque d'y être
contrainte par l'emballement général et par les terribles ravages d'une guerre civile. Claude Reichman
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