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25/2/23 | Claude Reichman |
La pharmacie Lopez sera de garde dimanche
à Mexico ! Vous prenez un journaliste classé « à droite » et qu’on voit souvent sur les plateaux de télévision. Un présentateur le dit « de droite ». Le journaliste s’incline gracieusement et précise « pas libéral », avec un gentil sourire de connivence. Le journaliste s’appelle Louis de Raguenel. En fait, c’est Louis de Raguenel de Montmorel, apprend-on en consultant sa fiche sur Internet. Ses parents l’ont appelé Louis, comme beaucoup de nos rois de France. Sa mère est une descendante de Montesquieu. Et il n’est « pas libéral » ! Où en est-on arrivé en France ! La mère du libéralisme et, plus précisément des libertés, a banni de son territoire le libéralisme, sanction que même le communisme n’a pas reçue. Les libéraux n’existent plus dans l’espace médiatique, ni même dans leur espace propre, qui fut longtemps universitaire, et où Jacques Garello, Pascal Salin et quelques autres développèrent leurs brillantes analyses. Dans le morne désert de la pensée où les maîtres des médias font vivre les Français, les seuls libéraux qui ont le droit de s’exprimer, en fait ne le sont pas. Le bon Vincent Bolloré a bien invité personnellement Ivan Rioufol à s’exprimer sur CNEWS, mais il n’a rien fait de plus, alors qu’il a la possibilité de faire de ses chaînes des espaces de vraie liberté, où l’on se sente en Occident et non dans une dictature. On se souvient de cette vieille chanson de carabin où, « dans un amphithéâtre un macchabée gueulait Ah ! c’qu’on s’emmerde ici ». J’éprouve une irrésistible envie de la chanter quand je regarde les débats des plateaux télévisés sur les chaînes d’infos. Le pire, c’est la génuflexion obligatoire des invités envers la pensée dominante du moment. Par exemple il est de mise de pousser un cri d’horreur au seul mot d’hydroxychloroquine. Le culte enjoint l’impétrant à la chasuble médiatique de prononcer ces mots « Ca ne marche pas ! ». « Et ainsi de suite », comme le faisait dire le docteur Tchekhov à un des personnages de son théâtre. Oui, ainsi de suite. La morne plaine de Waterloo n’est plus seule au monde. L’information française l’a rejointe au panthéon de nos citations préférées. Bien entendu, nous savons que cela ne durera pas éternellement. Comme le dit Pascal Praud, « la nature de l’homme n’est pas d’aller toujours ; elle a ses allées et venues ». Rectificatif : la citation est de Blaise Pascal, un supporter du Football Club de Nantes. Un jour viendra où l’on s’exprimera librement à la télévision française, où l’on pourra dire tout le mal qu’on pense d’une politique qui piétine l’avenir du pays, où les intervenants connaîtront le poids de l’histoire et ne seront plus bannis des écrans à la moindre référence au passé, à la moindre critique du pouvoir en place. Bref un jour où la France reprendra sa place au sein du monde occidental. Le pire est que le président de l’ARCOM, héritière du CSA, a absous CNEWS de toute partialité en faveur de la droite. Cela signifie que la peur du gendarme audiovisuel et de l’interdiction d’émettre a conduit les dirigeants de cette chaîne à s’aligner sur les autres et à faire de la guimauve politique. La pensée est morte en France. Il ne reste plus que des amuseurs qui ne savent même pas faire rire. J’éprouve de la peine à voir sur les réseaux sociaux, que les stations de radio colonisent de plus en plus jusqu’à en faire des annexes, des journalistes rire aux éclats aux tristes plaisanteries de l’humoriste maison. On dirait De Funès dans « Le grand restaurant », qui pouffe à s’en étouffer en écoutant l’histoire que le ministre Noël Roquevert n’a pas encore commencé de raconter. On peut se dire qu’après tout il n’y a guère qu’un million de personnes qui écoutent les chaînes d’information en France, et que le bon sens populaire est à l’abri. C’est une erreur. Les gens qui s’informent sont ceux qui font l’opinion. En leur faisant avaler une pâtée indigeste, on empêche la France d’avancer dans la voie des réformes. Et on permet aux gouvernants de dormir paisiblement dans leur bonbonnière. Bref, tout va mal, ce qui se dit « tout va bien » dans la novlangue qui a supplanté le français dans les allées du pouvoir. Heureusement que Chateaubriand a dit : « Je suis économe de mon mépris, étant donné le nombre des nécessiteux ». Cela console. De tous temps, il a été difficile de se faire entendre dans un groupe de chimpanzés en mal de progrès à faire. Mais ils ont fini par les faire, peut-on se dire. Et même par parler, d’accord. Et comme de plus, à Mexico, c’est la pharmacie Lopez qui sera de garde dimanche, on peut finalement se dire que tout n’est pas perdu ! Claude Reichman
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