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De lourds nuages à l'horizon

26/7/03 Claude Reichman
La France est en panne. Il n'y a plus un souffle d'air dans la voilure. De lourds nuages s'accumulent à l'horizon. La tempête est proche. Le commandant du navire et ses officiers s'efforcent de rassurer les passagers, mais leurs mensonges ne convainquent plus grand monde. Quand cela va se mettre sérieusement à tanguer, ce sera le chacun pour soi et l'anarchie. Voilà la triste situation de notre pays. Le plus grave est qu'elle n'était en rien imprévisible. Comment une nation moderne et civilisée a-t-elle pu se laisser aller à ce point ?
L'explication est à rechercher dans la sélection des élites et dans leur comportement. Après avoir subi l'impuissance du régime des partis, la France s'est confiée à ses hauts fonctionnaires. Ils ont progressivement capté tous les pouvoirs. Tant que la machine fonctionnait toute seule, ils ont pu croire que leur pilotage réussissait. Dès les premiers ratés, ils se sont montrés incapables de réparer les délicats mécanismes qui composent une société moderne. Chacune de leurs tentatives s'est soldée par un échec et par une aggravation des troubles. Aujourd'hui le bel engin est cassé. Il va lui falloir un véritable désossage, pratiqué par des spécialistes dignes de ce nom, qui le remonteront ensuite dans les règles. Pour l'heure, il n'est pas question de faire appel à eux. Pour rien au monde, les hauts fonctionnaires ne quitteraient les postes qui les ont si bien mis au dessus du lot et enrichis. Alors on peut être sûr que les réparations se passeront dans les pires conditions et qu'il faudra attendre longtemps leurs heureux effets. C'est en de tels moments qu'on comprend pourquoi les civilisations sont mortelles.
La France est beaucoup moins divisée qu'on ne pourrait le croire. Certes, pour un rien, les catégories protestent, revendiquent et manifestent. Mais leurs arguments ne résisteraient pas longtemps à une pédagogie élémentaire, pratiquée par des dirigeants estimés de la population. Tel n'est évidemment pas le cas de ceux qui se succèdent au pouvoir depuis près de trente ans. Personne ne les écoute parce qu'ils ne savent que mentir et ne songent qu'à leur enrichissement personnel. Et celui-ci ne peut se faire qu'en appauvrissant le peuple et en l'empêchant de s'exprimer. Tout le système politique français est construit selon ce principe et à cet effet.

Aucun accommodement n'est possible

C'est la raison pour laquelle il ne peut y avoir de réforme dans notre pays. Toute véritable réforme aboutirait fatalement à l'élimination de la classe politique actuelle et à son remplacement par des dirigeants issus du peuple et vraiment représentatifs de celui-ci. C'est ce qui va se passer inévitablement, mais il faudra pour cela une révolution, celle qui est d'ailleurs déjà en cours mais dont peu d'observateurs savent analyser les premières secousses. La situation va vite devenir incontrôlable, faute d'équipes de rechange prêtes à entrer en œuvre et surtout déjà bien identifiées par le peuple. La faute en revient aux médias, qui veulent faire croire aux citoyens qu'il n'y a pas d'autres solutions que celles de la classe politique actuelle et qui se refusent systématiquement à donner la parole à ceux qui prônent la fin de l'oppression étatique et la libération du peuple.
Le seul facteur d'optimisme réside dans la puissance des moyens d'information modernes. Il ne faut pas longtemps pour être connu de tous. C'est la raison pour laquelle les médias télévisuels, qui sont les seuls à pouvoir donner le branle à toute expression de masse, ont banni de leurs grilles les émissions politiques et, quand ils en programment une, c'est à une heure de moindre écoute et avec des participants qui sont tous d'accord avec le système actuel. On notera à cet égard que les seules critiques admises à s'exprimer émanent de personnages qui réclament un alourdissement de la contrainte collective, comme s'il n'y avait d'autre alternative que la tyrannie actuelle ou son aggravation. Il y a quelques décennies, Francis Blanche avait campé dans un film intitulé " Babette s'en va-t-en
guerre " un officier nazi dénommé Papa Schulz qui menaçait ses prisonniers d'être
" sévèrement fusillés ". On en est là, et le film dont nous sommes tous les acteurs n'est pas comique du tout. Mais un jour viendra où l'on changera la mise en scène et les principaux protagonistes, et les médias n'auront plus d'autre choix que de s'y plier.
La situation de la France est aujourd'hui bloquée parce que l'Etat providence empêche l'expression des énergies et l'émergence de dispositions économiques et sociales nouvelles. La seule solution pour sortir le pays de la crise consiste à tailler à la hache dans les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires. Encore faut-il le faire à un moment favorable. Les périodes de récession économique ne s'y prêtent pas, sauf à consentir un accroissement du déficit de l'Etat. Mais celui-ci n'est acceptable que dans la mesure où il permet d'alimenter d'authentiques investissements, créateurs d'emplois productifs. Sinon, il ne fait qu'aggraver la crise.
On en revient donc toujours au seul véritable choix qui se propose à notre pays : soit continuer sur la voie actuelle, avec comme unique perspective l'effondrement final et son cortège de drames, soit opter résolument pour un Etat minimum et une société libre, seuls capables de nous sauver du désastre. Toute la classe politique et médiatique française est favorable à la première solution. Nous sommes résolument en faveur de la seconde. Entre eux et nous, aucun accommodement n'est possible. Pour la première fois depuis longtemps, la France est confrontée à un choix radical. Et il s'agit pour elle d'une question de vie ou de mort.

Claude Reichman

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