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9/2/12 Matthew Lynn
    Hollande sera une catastrophe pour l’économie
                                  européenne !

Dans la prochaine élection présidentielle française, le candidat socialiste, François Hollande, est pratiquement certain de prendre le pouvoir à Nicolas Sarkozy. Le duo Merkozy, qui a géré la crise de la zone euro va devenir le Merllande ou le Hokel, ou tout autre nom que les plaisantins des marchés obligataires auront décidé de lui donner. Mais la seule expérience de Hollande en matière d’exécutif est celle de maire de la petite ville de Tulle.

En tant que président, il sera une catastrophe pour l'économie européenne. Il n'a aucune expérience de dirigeant, il est un adapte de la vieille politique de relance par le déficit budgétaire (1), il aura une relation toxique avec l'Allemagne d’Angela Merkel, et il n'a montré aucun signe indiquant qu’il comprend l'ampleur du changement structurel dont la France a besoin. Quand il va devenir président, l'euro sera en danger maximal.

Les marchés ont décidé de prendre une pause bien méritée en ne souciant plus de la zone euro en janvier. (2) La Banque centrale européenne imprime tranquillement des billets pour calmer les marchés obligataires. La Grèce est peut être sur le point de restructurer ses dettes et les rendements obligataires commencent à baisser.

En prenant ses fonctions, Hollande va raviver fortement la crise. Voici pourquoi. Tout d'abord, il n'a aucune expérience de quoi que ce soit. C’est un apparatchik qui a passé sa vie dans les arcanes du parti socialiste français. Pendant toute sa carrière, il a été éclipsé par son ancienne partenaire plus glamour, Ségolène Royal, qui est la mère de ses enfants et qui fut la candidate socialiste à la dernière élection présidentielle. Il devra prendre de très grandes décisions au cours des premiers mois. Un ou plusieurs pays peuvent être éjectés de la monnaie unique. Des banques devront être sauvées. Des aides d'urgence seront nécessaires aux banques si la Grèce fait faillite. Cela permettrait de tester les compétences d'un De Gaulle ou d’un Napoléon, mais Hollande n’est pas dans la même ligue.

Ensuite, la chancelière allemande Angela Merkel a déjà dit qu'elle fera campagne pour Sarkozy. C’est une décision très étrange, étant donné qu'il n'est pas susceptible de gagner. Mais quelles que soient ses motivations - et elles sont difficiles à comprendre - cela ne va pas établir une bonne relation entre les deux politiques les plus puissants de la zone euro. Pire encore, Hollande s'est engagé à renégocier le traité que Mme Merkel vient d'imposer à l'Europe en exigeant le strict respect de l’équilibre budgétaire à moyen terme ; une volonté de Hollande qui signifie presque certainement la mort dudit traité. Une forte alliance franco-allemande a été la clé de voûte de la zone l'euro jusqu'à présent, mais ces deux-là se détestent.

Troisièmement, Hollande s'est engagé sur un vieux programme de relance keynésienne. (3) De quoi s’agit-il ? De la création de 60.000 postes d’enseignants pour un coût de 20 milliards d'euros. De 150.000 emplois financés par l’Etat. Des impôts plus élevés pour les riches, et une surprenante taxe sur les transactions financières, compte tenu de ce que l’industrie bancaire est un des rares succès de ce pays. Une réduction de l'âge de la retraite de 62 à 60 ans, quand tous les autres pays développés ont décidé qu’une espérance de vie plus longue signifie que les gens doivent travailler plus longtemps. La France vient juste de perdre sa notation AAA, mais il semble que personne n’en ait parlé à Hollande pour le moment. (4)

Enfin, la France est confrontée à d'énormes défis structurels. Les dépenses publiques représentent 56% du produit intérieur brut, un niveau auquel il est impossible pour un pays de continuer à se développer. (5) Son déficit commercial est égal à 3,5 % de son PIB, alors que la France avait un excédent commercial avant de rejoindre l'euro. Elle n’a fait que perdre de la compétitivité contre l'Allemagne, avec des salaires qui ne cessent de progresser alors que la productivité stagne. Mais Hollande n'est pas l'homme qui sait comment restaurer la compétitivité de son pays.

Le nouveau président français devra travailler à maintenir la zone euro à flot, à fixer de nouvelles règles pour stabiliser la monnaie à moyen terme, à replâtrer la relation avec l'Allemagne, et à trouver un moyen de redonner une certaine vigueur à une économie française moribonde. (6) Ce serait un défi de taille pour n'importe qui. Mais Hollande ? Il sera bien en deçà de ce défi. Comme il s’apprête à prendre le pouvoir, attendez-vous à ce que l'euro entre dans une forte zone de turbulences.

Matthew Lynn

Notes du traducteur :

Editorialiste dans de nombreux grands journaux, Matthiew Lynn est également directeur général d’un cabinet de conseil basé à Londres. Son dernier livre, «La longue dépression : la crise de 2008 à 2031», est publié par Endeavour Press. Selon lui, on ne sortira donc pas de la crise avant 2031. Aux trente piteuses vont donc succéder les trente rigoureuses. Ce n’est pas étonnant avec les montagnes de dettes que nous avons accumulées depuis 1974 qui vit l’élection calamiteuse de Giscard d’Estaing, l’avant-garde du tout Etat technocratique en France dont Hollande est le porte-drapeau aujourd’hui.

(1) Keynes est aussi le mentor de Nicolas Sarkozy, qui n’a pu s’empêcher de faire sa relance désastreuse malgré nos fortes réserves et celles de l’Allemagne de Merkel.

(2) Les marchés peuvent remercier Mario Draghi, le président de la B.C.E., qui a offert une tournée générale de 500 milliards d’euros aux banques à la veille de Noël.

(3) La réplique du plan Mauroy de 1982 avec l’embauche de milliers de fonctionnaires

(4) Les cadres du parti socialiste sont autistes, il n’y a pas d’autre explication.

(5) La croissance est inversement proportionnelle à la fiscalité.

(6) Aucun candidat n’a esquissé un programme cohérent pour restaurer la croissance en France. On n’a pas besoin de bagage économique pour être élu président dans notre pays. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois. A chaque nouveau président, je me demande toujours s’il sera pire que son prédécesseur. C’est devenu la règle dans notre nation abrutie par la pensée unique socialiste. En conclusion, François Hollande pourrait très bien parvenir sans le vouloir à ce que Marine le Pen rêve de faire si elle est élue présidente : faire sortir la France de la zone euro à cause d’une vision diamétralement opposée à celle de l’Allemagne inoxydable de Merkel ou faire imploser la zone euro à cause des erreurs stratégiques de Hollande. Voilà l’alternative réjouissante qui attend les Français, qui vont élire en masse le candidat socialiste. Le savent-ils ? Certainement pas, alors qu’ils ne songent qu’à préserver l’Etat-providence qui est train de couler. Une autre élection ratée. Quand l’Etat-providence aura fait faillite, surgira une alternance en France, mais pas avant que nous n’ayons bu le calice jusqu’à la lie. Triste perspective…

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