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1/2/09 Bernard Martoïa

Retour de l’Etat ? Disons plutôt maintien du socialisme !


« L'art de l'économie ne consiste pas simplement à regarder les effets immédiats mais les effets à long terme de toute politique. Il consiste à tracer les conséquences d'une politique non seulement à l'égard d'un groupe mais de tous les groupes de la société. » Henry Hazlitt

Ainsi commence le livre culte d'Henry Hazlitt. Cet ouvrage, publié en 1946 en Amérique, est devenue un best-seller en Chine. Ce n'est pas un hasard que les Chinois se soient tournés vers cet auteur de l'école autrichienne qui offre une vision radicalement opposée à celle des Keynésiens. Ils s'en portent nettement mieux que les Européens qui s'accrochent aux vieilles lunes socialistes.

Hazlitt était un journaliste prolifique. Il était un contributeur du New York Times pendant la grande dépression. Il était également un critique apprécié de la revue littéraire New York Times Book Review. A l'époque, ce journal était au centre. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il bascula à gauche à l'occasion de la conférence de Bretton Woods qui donna naissance au système financier international avec la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International.

- Quand quarante-trois gouvernements signent un accord, je ne vois pas comment je peux le combattre plus longtemps, dit Arthur Sulzberger, le patron du Times, à Hazlitt.
- Très bien, répondit Hazlitt, je n'écrirai plus rien sur Bretton Woods. C'est un projet inflationniste qui se terminera mal, et je ne veux pas le cautionner.

L'histoire donna raison à Hazlitt dans les années soixante-dix quand le monde occidental croula sous l'inflation. Hazlitt ne fut pas viré mais la rédaction menaça de publier un démenti à ses éditoriaux. Il fut donc mis au placard. Hazlitt donna sa démission et trouva immédiatement un autre employeur : Newsweek Magazine. C'est en collaborant à ce dernier qu'il publia son ouvrage. « Economics in One Lesson » (1), qui fut un grand succès avec neuf millions d'exemplaires vendus et dix traductions.

Ce livre, dont le succès ne se dément pas (les Chinois qui l'ont découvert récemment en raffolent), nous ramène invariablement à la question du jour. Le gouvernement français s'évertue à présenter son plan de relance comme un plan d'investissement. La leçon de la relance calamiteuse par la demande, en 1982, a été retenue par la fausse droite. C'est à peu près tout ce qu'elle a retenu...

Dans le chapitre 6 intitulé « Le crédit détourne la production », Hazlitt prend l'exemple du crédit alloué par l'État à des fermiers. Je l'ai modifié pour l'adapter à la réalité française. Le fermier C qui a une entreprise prospère, n'éprouve pas de difficulté à se financer auprès d'investisseurs privés. C'est seulement les fermiers A et B, dont la productivité est très faible, qui se tournent vers l'État pour obtenir un crédit. Le gouvernement keynésien va leur accorder un prêt préférentiel pour corriger cette inégalité !

Le fermier C est triplement pénalisé par cette mesure discriminatoire. D'une part, le prêt accordé aux fermiers A et B a un taux d'intérêt nominal qui est inférieur à celui du marché. Il faut noter que l'État keynésien n'a pas l'argent pour accorder cette faveur. L'État keynésien est impécunieux, une constante chez ces gens-là. Pour accorder ce prêt avec un taux bonifié, il va devoir se financer lui-même sur le marché. Le fermier C va devoir emprunter à un taux plus élevé en raison de la raréfaction du crédit détourné par l'État pour financer ses entreprises chimériques. Quand, autrefois, il pouvait emprunter 10 000 € à un taux de 5 %, il ne peut plus emprunter aujourd'hui que 8000 € à un taux de 7 % en raison de l'assèchement du marché. S'il persiste à vouloir lever 10 000 € comme auparavant, le taux consenti sera non pas de 7 % mais peut être de 10 %. C'est le taux marginal compte tenu de la raréfaction du crédit. Le marché du crédit est rationné. Enfin, pour rembourser sa dette, l'État va devoir augmenter les taxes. Le fermier C est ainsi triplement pénalisé avec la progressivité de l'impôt sur le revenu qui le frappe plus durement que les fermiers A et B qui sont dans une tranche inférieure.

A travers cet exemple, on voit qu'une ressource rare (l'épargne) est dévoyée pour satisfaire une lubie socialiste. Les fermiers A et B perçoivent un avantage conséquent : un prêt bonifié à 2 %. Avec une inflation de 2 %, le taux réel du prêt est de zéro. Les fermiers A et B ne soucient pas de la rentabilité de leur entreprise. Ils feront un mauvais investissement. En revanche, le fermier C qui a obtenu un prêt nominal de 7 %, sera très sélectif dans ses choix d'investissement.

La conséquence est toujours la même. Parce que les fermiers A et B, dont la productivité est moindre que celle du fermier C, ont acquis une ressource rare (l'épargne) au détriment du troisième, la production globale sera moindre et la société en pâtira. Le keynésianisme n'est qu'un habillage intellectuel du socialisme. Comme les fermiers A et B sont majoritaires dans notre pays, tous les gouvernements se rangent de leur côté. Ils continueront à voler le fermier C pour faire plaisir aux deux premiers.

Bernard Martoïa

(1) « Economics in One Lesson », (L'économie en une leçon) par Henry Hazlitt, n'est pas disponible en français. Rien d'étonnant au pays du socialisme. En revanche, il fait un tabac en Chine !

 

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