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8/7/23 | Claude Reichman |
Mais que fait Macron à l’Elysée ? Le règne de Macron aura été le temps des catastrophes. Les gilets jaunes, Notre Dame de Paris, les banlieues, tout n’est pas de sa faute mais tout se déclenche comme si c’était l’effet d’un contact électrique de la société avec son président. On n’a certainement pas encore tout vu. Il reste quatre ans au mandat actuel et tout peut arriver. Le véritable drame est qu’aucune crise sous Macron ne se traduit par des solutions. C’est pourtant la règle dans les sociétés humaines. Quand elles ne peuvent résoudre leurs problèmes par la réforme, elles passent à la crise. Et quand les problèmes sont graves, la crise est violente. La dernière crise, celle des banlieues, a détruit nombre de bâtiments officiels et de commerces. Mais elle n’a fait qu’un mort, celui qui en a été à l’origine. La prochaine sera bien plus dramatique, car on tirera à l’arme à feu. C’est inévitable quand on voit la détermination des émeutiers. Du côté du pouvoir, on s’y prépare. Lors d’une manifestation de gilets jaunes dans mon quartier à Paris, j’ai avisé un policier qui portait une arme de guerre. A mon étonnement, il répondit qu’il pouvait y avoir des attentats. Bien entendu, cela n’avait aucun sens. Le pouvoir était prêt à tirer sur les manifestants. Tout le monde a pu voir à la télévision des policiers déguisés en casseurs descendant d’un fourgon de police pour aller se mêler aux gilets jaunes. J’ai moi-même vu des « manifestants » casser les vitres de banques sous l’œil amusé des forces de l’ordre qui semblaient bien les connaître. On pourra toujours dire qu’il ne s’agit que d’impressions et que le calme policier n’était que celui des vieilles troupes. Il n’empêche que Macron a délibérément choisi la violence contre les gilets jaunes et fait tout ce qu’il fallait pour la provoquer. Dans la dernière crise des banlieues, les policiers et les gendarmes ont fait preuve de calme et de courage. Il le fallait, car ils sont les derniers remparts de l’Etat. Que le doute s’installe dans leurs rangs, et le pouvoir sera balayé. Alors s’ouvrira le temps du drame. Or une certaine détente étant survenue dans les destructions et les pillages, nos forces de l’ordre entendent de la bouche du président « qu’il veut comprendre ». On croit rêver. Ou plutôt cauchemarder. Macron n’a aucune solution à proposer au pays. Et il l’avoue. Mais que fait-il à l’Elysée ? L’entêtement de Macron à se maintenir au pouvoir est incompréhensible, sauf si on le juge irresponsable. Qu’un président élu ait le droit de rester en fonction malgré la crise est évident. Mais ce droit s’accompagne d’une obligation presque sacrée, celle de se sentir légitime à représenter le peuple. Cette légitimité doit, si nécessaire, se vérifier par le recours aux urnes. Des élections législatives ou un référendum sont entre les mains du président de la République. Il peut aussi en conscience démissionner et ouvrir la voie à un successeur. Notre Constitution a prévu ces dispositions avec sagesse, et le général de Gaulle a montré l’exemple en les utilisant avec discernement. Un président qui ne sait pas ce qu’il faut faire est une incongruité sous la Ve République, qui en a fait le pivot des institutions. Balloté par les évènements, Macron s’entête au-delà du raisonnable. Personne autour de lui ne peut lui suggérer de se remettre en cause, sauf son épouse. Il semble qu’elle le lui ait dit, puisqu’on a vu le président et ses gardes du corps se lancer à sa poursuite au sortir de la Rotonde où ils avaient dîné et dont elle avait filé en douce. Bien entendu, personne dans la presse n’a fait écho à cette information étayée par une vidéo, alors même qu’elle en dit long sur le climat qui règne à l’Elysée. L’exercice du pouvoir en France n’a jamais été un long fleuve tranquille. Même la monarchie n’a pas longtemps été absolue. Et depuis la Révolution, seule la IIIe et la Ve République ont duré le temps d’une vie humaine. Nous allons certainement vivre à présent une nouvelle révolution. Nul ne sait aujourd’hui si elle sera violente ou pacifique, même si la première hypothèse est la plus probable. L’action des hommes réserve toujours des surprises. Mais il en est des crises politiques comme des crises financières : il n’est pas d’exemple qu’une crise prévue ne finisse pas par se produire. Seule la date est incertaine. Les hommes politiques français se préparent tous à cette issue. A leur façon. C’est-à-dire en cherchant en se mettre en valeur mais pas en construisant la relève. Bien entendu, cela ne séduit pas le peuple, qui reste fataliste, car rien ne l’incite à s’engager. Toutefois l’espoir reste permis, car les situations politiques ont ceci de commun avec les inondations qu’elles sont parfois soudaines et brutales. Soyons donc prêts à faire face à toute circonstance et à prendre nos responsabilités. En sachant que le plus souvent c’est un petit groupe qui conduit les évolutions de la société. Rappelons-nous que les causeries radiophoniques de Ronald Reagan l’ont conduit au pouvoir. Car les électeurs avaient parfaitement compris et admis ce qu’il voulait pour leur pays. En nous adressant à vous chaque semaine, nous tentons d’emprunter la même voie. Non par goût du pouvoir, mais par amour pour la France. Claude Reichman
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