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30/1/10 | Christian Makarian |
Ce que la Chine doit à l’Occident Il y a plus de quatre siècles, un brillant esprit, pur produit de la Renaissance italienne, se mit en tête de partir à la conquête de la Chine. Non à la tête d'une armée, ni d'une flotte de commerce, mais à l'aide d'une seule compagnie, celle de Jésus. En optant pour la voie modeste, Matteo Ricci (1552-1610) devint le premier missionnaire jésuite à assimiler la culture chinoise et à favoriser de manière décisive l'échange des connaissances entre l'Asie et l'Europe. Ce fut assurément un grand diplomate, un linguiste, un géographe épatant et un musicien accompli qui, pour séduire son pays d'accueil, alla jusqu'à chanter devant la Cour impériale de Pékin sur des paroles écrites en mandarin par ses soins. La célébration du quatrième centenaire de sa mort, qui donne lieu à de nombreuses manifestations et à quelques remarquables publications, permet de rappeler que les Chinois lui doivent l'introduction de l'horlogerie dans leur pays et un grand bond en matière d'astronomie; tandis que les Occidentaux lui sont redevables de la naissance de la sinologie et de la découverte de Confucius. Seule ombre au tableau, ce grand humaniste ne faisait pas de "business". C'est sans doute pourquoi, à sa mort, il fut inhumé, sur permission spéciale de l'empereur, à proximité de la Cité interdite, ce qui n'est jamais arrivé à un banquier. Quant aux bénéfices de son action, rappelons qu'à ce jour, le "Grand Ricci", en français, est le plus grand dictionnaire du chinois vers une langue occidentale. De cette immense aventure il ressort une leçon majeure, que le grand penseur chinois Liang Shuming résuma au mieux : "Sans la rencontre avec l'Occident, dans trois cents ans ou dans mille ans la Chine serait encore sans électricité et sans chemin de fer." En est-on bien conscient à l'heure où l'on prête tant à la Chine ? Christian Makarian |