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13/11/09 | Christian Makarian |
Obama entame son
crédit au Moyen-Orient Il existe un gouffre insondable, au Moyen-Orient, où finit le chemin des grands principes. A avoir d'emblée exigé du gouvernement israélien le gel total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et de l'Autorité palestinienne le dialogue à tout prix avec Benyamin Netanyahu, l'administration Obama se retrouve aujourd'hui toute seule, en rase campagne. Non que cette position soit sur le fond critiquable (elle est la raison même), mais l'addition de deux exigences ne donne pas un objectif commun ; au contraire, elle incite chaque camp à accentuer le rapport de force pour frapper l'adversaire par la déstabilisation de l'arbitre. Et ce n'est pas en plaçant la barre très haut, puis en l'abaissant subitement, qu'on obtient la relance du processus de paix. En visite dans la région il y a deux semaines, Hillary Clinton a personnifié le recul américain : face à l'intransigeance d'un Netanyahu ligoté par sa coalition gouvernementale, elle a changé de pied sans finesse et créé un profond embarras. Alors que, le 27 mai dernier, elle affirmait haut et fort la volonté de la Maison-Blanche d'aboutir à un arrêt total de la colonisation ("Pas quelques colonies, pas d'avant-postes, pas d'exception"), elle s'est résolue, le 31 octobre, à considérer qu'une "limitation" des implantations juives était en soi un pas "sans précédent". Illustration type d'un pragmatisme de raccord: mieux vaut "un peu" que "rien du tout" pourvu qu'on avance. Résultat, l'Amérique fait marche arrière. David Ayalon, le ministre israélien des Affaires étrangères, a pu parader en affirmant: "La preuve est faite... que l'attitude ferme d'Israël est payante." Tandis que les Palestiniens, qui font du gel total des colonies un préalable à toute discussion, se sont indignés en dénonçant une véritable volte-face. Nouvelle frustration arabe, dont profite le Hamas. Il y a donc un vainqueur et un vaincu au coeur d'une négociation qui se veut équitable, soit l'opposé d'un règlement durable. N'ayant plus rien à défendre si ce n'est un sinistre bilan, Mahmoud Abbas joue son va-tout en déclarant, vrai ou faux, qu'il ne se représentera pas à la tête de l'Autorité palestinienne, lors des élections de janvier 2010. Un partenaire de moins pour les Américains. Il manque à Obama un Kissinger, entend-on couramment à Washington. Sans doute. Afin de mettre en oeuvre ses propres principes avec plus d'opiniâtreté, vertu dont le Moyen-Orient a fait sa drogue. Christian Makarian
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