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28/11/09 | Christian Makarian |
Le football, comme substitut à la guerre ! La surprise, dans un match de football, vient souvent des prolongations. Celles auxquelles on assiste actuellement sur la scène internationale font partie intégrante du spectacle. C'est une naïveté que de voir un stade comme un sanctuaire soudainement investi par de méchants manipulateurs des masses qu'il suffirait de chasser pour retrouver l'âme du sport. Le football n'est pas un art innocent ; il est un prolongement des affrontements et des particularismes - nationaux, régionaux, ethniques - et non un fait d'exception. C'est ainsi qu'il devient un moyen, pour certains régimes, d'attiser les conflits, ou de les apaiser, cela à moindres frais (sans recours à la force armée) et à grande échelle (grâce à l'effet médiatique). Pour un gouvernement en mauvaise posture, il n'y a pas de meilleur théâtre d'hostilité, d'autant plus que celui-ci est réputé pacifique. Si vis pacem, para circenses... Le cas des matchs Algérie-Egypte est à cet égard exemplaire. En Egypte, les prix des produits de consommation courante ont atteint des niveaux terrifiants ; en Algérie, le pouvoir d'achat est en berne. Après avoir chauffé à blanc leurs supporters, encouragé le pire nationalisme par des discours guerriers et un usage intensif d'Internet, Le Caire et Alger ont réuni autour du ballon assez de haine pour dévier - un temps - le désordre, la misère et le désespoir populaires. Moyennant quoi, on en arrive à l'absurdité totale du racisme (y compris entre peuples arabes). Dans ces sociétés sous tension, privées de libertés publiques et de manifestations d'opposition, l'espace dévolu à ce sport offre un exutoire à tout ce qui est interdit en politique et qui, de ce fait, prend des formes extrêmes. Par son ampleur et son impact populaire, le football ne peut pas être regardé comme la vitrine de l'esprit sportif ; mieux vaut renoncer à cette chimère. C'est le sport du monde tel qu'il va. Mais, quitte à être froidement réaliste, on doit aussi mesurer la force du ballon rond quand, différemment instrumentalisé, il sert de prétexte au dialogue ou de symbole de la paix. La "diplomatie du football", employée par l'Arménie pour entamer des pourparlers avec la Turquie, a permis d'accompagner une démarche historique. La rencontre des deux chefs d'Etat a largement éclipsé le score. Enfin, qui aurait pu imaginer, il y a vingt ans à peine, que le Mondial 2010 se déroulerait en Afrique du Sud ? Christian Makarian
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