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22/11/09 Christian Makarian

En Russie, le pouvoir réel n'appartient qu'à Poutine !

On est très loin d'un phénomène de type Obama. A vrai dire, ce serait presque le contraire. Mais le rôle de composition de Dmitri Medvedev mérite qu'on s'y arrête. Que se passe-t-il donc à Moscou pour que le président russe prenne les traits du premier censeur du régime ?

Il y a deux mois, dans un article fracassant diffusé sur Internet et intitulé "En avant, la Russie!", le chef de l'Etat dénonçait l'arriération de son pays, le poids étouffant du passé, sa dépendance totale vis-à-vis des matières premières, sa corruption endémique...

Depuis, il multiplie les saillies, jusqu'à asséner, dans son deuxième discours annuel à la nation, le 12 novembre, que la Russie doit être "modernisée de fond en comble", que les lois électorales devraient être plus favorables à l'opposition, qu'il faudrait encourager les organisations non gouvernementales et, même, réduire le nombre de fuseaux horaires en Russie (11). Le tout devant un Vladimir Poutine, assis au premier rang, affichant un ennui steppique et dont on imagine mal qu'il n'ait pas donné son accord préalable à la philippique.

Savante distribution des rôles. Vladimir Poutine, qui attend l'élection présidentielle de 2012 pour se représenter, tient tout le pays : le parti hégémonique Russie unie, les oligarques, les siloviki (militaires, agents de sécurité, fonctionnaires d'autorité). Ce qui laisse à Medvedev les milieux d'affaires occidentalisés, les juristes et une partie de l'intelligentsia et de la jeunesse.

C'est assez peu, mais cela sonne bien et, en tout cas, améliore l'image du pouvoir tout en permettant de mieux dialoguer avec Obama au sujet de l'Iran ou de la réduction des armes nucléaires, ce qui n'est déjà pas mal. D'où le répertoire de ténor de la modernisation que le président russe enferme dans une condition édifiante : "Renforcer la démocratie ne signifie pas affaiblir l'ordre public", sans quoi il promet de "couper court à toute tentative de déséquilibrer la situation ou de déstabiliser l'Etat."

L'émergence d'un "autre Gorbatchev", rêve contrarié de Dmitri Medvedev, n'est pas programmée. On devine une dualité léonine entre la technostructure héritée du soviétisme, parfaitement acquise à Poutine, et un pouvoir vertical parallèle, qui soutient Medvedev mais qui reste à advenir.

Le leader communiste est-allemand Walter Ulbricht avait tristement théorisé : "Il faut que tout ait l'air démocratique; mais que nous gardions le contrôle sur tout."

Christian Makarian


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