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5/11/08 Claude Reichman

L’élection d’Obama ou le triomphe de la manipulation des foules

La victoire de Barack Obama à l’élection présidentielle américaine est celle de la repentance et de la haine de soi. Les Etats-Unis n’ont pas supporté les difficultés nées de la volonté de Georges W. Bush de répliquer par des actions fortes à l’attaque terroriste inouïe dont le pays avait été victime le 11 septembre 2001. Les peuples ont rarement de la suite dans les idées, surtout quand celles-ci sont dures à vivre et à défendre. Dès que s’efface le temps des épreuves, ils renvoient leurs chefs de guerre et ne songent plus qu’à se relâcher et à adorer le veau d’or. C’est ce qui est arrivé à Winston Churchill et à Charles de Gaulle au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Et c’est aussi ce qui vient d’arriver à Georges W. Bush.

Sauf à considérer que le 11 septembre fut un évènement banal, on doit admettre qu’il appelait une réaction exemplaire. Personne ne se pose la question de savoir ce qui se serait passé si l’Amérique s’était contentée d’envoyer quelques missiles dans le désert, comme l’avait fait Clinton après le premier attentat contre le World Trade Center, le 26 février 1993. Eh bien il n’est pas difficile de le deviner. Les attaques terroristes se seraient multipliées partout dans le monde et leur audace aurait été décuplée. La logique du terrorisme est exactement la même que celle du chantage : si on ne lui dit pas « non et jamais », elle ne connaît pas de bornes.

Bush a eu raison de détruire le régime de Saddam Hussein. C’était une dictature abominable et son chef qui, comme d’autres Etats voyous, soutenait les actions terroristes, était considéré comme un « raïs », terme qui désigne les grands leaders en arabe. Il bénéficiait de ce fait d’un immense prestige dans une opinion arabe où les modérés, certes encore majoritaires, étaient soumis à une pression de plus en plus forte de la part des intégristes et des extrémistes. En abattant le régime irakien, les Etats-Unis ont fait un exemple et envoyé un signal fort à ces derniers. Ils ont du même coup renforcé l’opinion publique des régimes modérés dans l’idée de ne pas céder aux sirènes de l’affrontement avec l’Occident.

Tel était l’enjeu de la deuxième guerre d’Irak. Elle n’a pas été un chemin de roses, même si la victoire initiale a été acquise facilement, et il est exact que le gouvernement américain a commis de lourdes erreurs dans la gestion de la suite, d’abord en pensant qu’il suffisait d’abattre la dictature pour instaurer la démocratie, en ne mettant pas en place des forces d’occupation en nombre suffisant et en supprimant l’armée irakienne dont les soldats, plus attachés à leur métier qu’à Saddam, ne demandaient qu’à se mettre au service du nouveau régime, comme l’a démontré le général Petraeus en les embauchant avec succès dans une force créée pour lutter contre le terrorisme aux côtés du nouveau gouvernement du pays.

C’est tout cela que les forces du renoncement n’ont jamais pardonné à Georges W. Bush. Elles se sont mobilisées autour de la candidature d’un jeune politicien métis, figure emblématique du nouvel ordre mondial dont rêvent ces milieux qui pratiquent la haine de soi comme d’autres vont à l’église. Ils ne se sont jamais demandé si Obama avait un programme pour l’Amérique. Il n’en avait qu’un : le changement, auquel il n’a jamais donné le moindre contenu programmatique, hormis quelques vagues idées générales. Mais cela n’avait pas d’importance pour ses soutiens. Ce qu’ils voulaient, c’était punir une Amérique, coupable de vouloir rester elle-même plutôt que de se dissoudre dans l’immense melting pot mondial où toute différence disparaîtra, rendant inutiles les lourds efforts que chaque homme doit accomplir pour persévérer dans son être. L’humanité n’a pu se développer et multiplier ses civilisations qu’au prix de ces efforts multiséculaires. En voulant les abolir, les partisans du melting pot mondial, loin de travailler pour la paix et le respect entre les peuples et les civilisations, accomplissent une œuvre délétère qui ne peut que faire reculer l’humanité en anéantissant l’essentiel de ses progrès.

On comprend que les inventeurs de Barack Obama lui font porter un chapeau trop large pour lui. Le voilà désormais seul face à lui-même et à ses responsabilités. L’homme est intelligent et tenace, mais ces qualités ne se sont jusqu’à présent appliquées qu’à sa propre promotion. Il lui faut maintenant les essayer au service de l’intérêt public. Souhaitons lui de réussir à régler les graves problèmes qui se posent aux Etats-Unis et par conséquent au reste du monde. Mais qu’il ne se fasse aucune illusion : aux premières difficultés, ceux qui l’ont inventé le voueront aux gémonies, coupable qu’il sera de briser le rêve fou d’une harmonie mondiale qui ne reposerait que sur l’abolition des différences. Et qu’on ne s’attriste pas pour eux : ils repartiront aussitôt dans leur folle et utopique croisade et mettront à nouveau en œuvre les mécanismes qui ont permis la victoire d’Obama et qui sont à la base de ce qu’il ne faut pas hésiter à appeler la manipulation des foules.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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