France : des politiciens irresponsables !
Quand un enfant gâté fait un esclandre dans un avion bondé, les autres
passagers attendent que les parents de l'enfant en question interviennent.
Les enfants ne peuvent pas être blâmés pour leur comportement inapproprié.
Les enfants sont et restent des enfants.
Chaque fois qu'une tentative est faite pour réformer la France, grève et
protestation des syndicats et des corporatismes paralysent le pays. Cela
dénote le caractère pusillanime des dirigeants français. En l'absence de
termes clairs, de courage moral et de leadership depuis des décennies, les
Français se sont habitués à ce comportement scandaleux. Mais qui est
responsable de cette réalité décourageante ?
Peu de temps après la publication d’un sondage historique montrant que
Marine Le Pen arriverait au second tour de la prochaine élection
présidentielle, elle a promis de faire mordre la poussière au mouvement
"Barrez-vous!" et elle a considéré mon comportement « anti-français». (1)
La raison de notre manifeste est l’exaspération de beaucoup de Français. Le
taux de chômage des jeunes se maintient à 25 % depuis trois décennies !
L’opinion générale est qu’il faut désormais recourir à des mesures
inhabituelles pour ébranler la classe politique.
Comme dans la plupart des pays développés qui ont traversé une période de
détresse, la ressource humaine, aussi appelée capital humain, est l'une des
dernières forces en France pour préserver ce pays infatué et condamné à une
décadence inexorable. (2)
Londres est la quatrième plus grande ville française dans le monde
Une estimation précise de la part générée par les cinq cent mille Français
résidant à Londres (la quatrième plus grande ville française dans le monde)
dans le produit national brut du Royaume Uni serait très difficile. Mais
c’est un apport considérable qui augmente de jour en jour. Quand les jeunes
s’exilent massivement, nous pensons que la classe politique devrait
s’interroger.
Mais rien n'a été fait. La situation a même empiré au cours des deux
dernières années. La conséquence est que la fuite des cerveaux ambitieux et
assoiffés de liberté n’a fait que s’accélérer. Nous sommes coupables de
salir l’image de la France et nous sommes considérés comme des traîtres ou
des antipatriotes en encourageant l’exil des jeunes. Comme si les bons
patriotes sont les Français reconnaissants qui sont restés tandis que les
éternels négatifs (3) et ingrats sont ceux qui ont abandonné le pays. Comme
si la moitié du million de Français qui vivent à Londres étaient tous des
lâches et non de précieux ambassadeurs de leur pays !
Contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen, notre mouvement n’est pas
anti-français. Notre colère et notre impatience sont dirigées uniquement
contre la classe politique française, et en particulier contre le Front
national. Bien sûr, les déclarations racistes et révisionnistes du père de
Marine, Jean-Marie, appartiennent au passé. Son discours beaucoup plus lisse
laisserait penser que les conservateurs américains et européens se trouvent
à sa droite. Ce n’est pas l'extrémisme ou le fanatisme qui est le problème
du Front national, mais son manque de compétence en matière économique.
C’est un problème récurrent dans la vie politique française, et avec Le Pen
il est particulièrement frappant. (4)
Tous les partis français ont le même son de cloche
Les Français aiment se considérer comme cartésiens : par-là ils entendent
avoir toujours une attitude rationnelle et pragmatique. Mais ils sont en
fait kantiens car leur esprit est basé sur de grands principes et sur la
façon dont les choses devraient être, et non sur ce qui fonctionne et
comment les concepts sont mis en pratique.
La politique est un concours de beauté d'idées en France. Marine Le Pen
n'a pas besoin d'argumenter avec des chiffres pour atteindre les objectifs
qu’elle s’est fixés (abandon de l'euro, arrêt de l'immigration et préférence
nationale). Il suffit d’adopter un ton hâbleur comme Sarkozy en vantant les
mérites de ses objectifs.
De plus en plus de jeunes sont enclins à donner à cette femme leur voix
parce qu'ils croient que son élection représenterait une rupture avec le
présent. En vérité, tous les partis français se ressemblent en ce qui
concerne la souveraineté, Bruxelles, l'Union européenne, l'Allemagne,
l'économie de marché, le laxisme dans les finances ou la politique sociale.
Il n'y a guère de voix en faveur d’une politique libérale et pragmatique à
opposer à ces réactionnaires anciens ou jeunes qui monopolisent la parole.
La France a été gouvernée au cours des trente-cinq dernières années par des
politiciens faibles, irresponsables ou incompétents. Depuis longtemps, la
politique française est divisée en deux camps dans une confrontation larvée
avec les institutions européennes. D’un côté, les eurosceptiques ou
europhobes comme Marine Le Pen et Arnaud Montebourg. De l’autre, ceux qui
prétendent soutenir pleinement les idéaux européens mais qui, en réalité,
n’acceptent pas la diminution de la puissance et du prestige de la France
qu’entraîne l’approfondissement de l’Europe.
Des décennies de lâcheté et de populisme de toute la classe politique ont
ouvert la voie à la crise actuelle de la démocratie et la montée de Marine
Le Pen. En 2012, le candidat socialiste à l’élection présidentielle François
Hollande avait claironné que «mon ennemi, c’est la finance.»
Le libéralisme est l'ennemi numéro un des Français
Semblable déclaration fut faite par le président Jacques Chirac quelques
années plus tôt : « Le laissez-faire est une perversion de la pensée
humaine. Il est aussi mauvais que le communisme. »
Le prochain président de la France devra pourtant incarner le changement
pour être élu. Le Premier ministre Valls s’y essaie, mais le président
Hollande hésite toujours à engager de vraies réformes. Dans la constellation
actuelle, Valls est voué à l'échec et à sauver la gauche. La confiance
absolue du candidat Sarkozy dans sa victoire à l'élection présidentielle de
2017 n’est qu’une hubris. (5)
Le programme europhobe et protectionniste du Front national est un problème
mais pas une solution pour la France. L’élection de Marine Le Pen aurait de
profondes conséquences non seulement pour ce pays mais aussi pour l’ensemble
de l’Europe. Mais dans un climat politique toujours marqué par la lutte des
classes son programme a le vent en poupe. Pour Marine Le Pen, s’il pleut
demain (6), c’est pain bénit pour elle.
Félix Marquardt
Notes du traducteur
(1) Le manifeste de Félix Marquardt, Mokless Rapeur et Mouloud Achour
intitulé « Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous ! »
avait été publié par Libération le 3 septembre 2012. Pour une fois, ce
journal gauchiste fut bien inspiré en dénonçant la gérontocratie de notre
pays. Signe manifeste, Juppé est en tête dans la course présidentielle alors
qu’il aura 71 ans en 2017.
(https://www.liberation.fr/societe/2012/09/03/jeunes-de-france-votre-salut-est-ailleurs-barrez-vous_843642)
(2) La France ressemble de plus en plus à l’Union soviétique sclérosée du
camarade Leonid Brejnev avant l’arrivée du jeune réformateur Mikhaïl
Gorbatchev qui promettait de redresser l’empire, avant son éclatement le 9
novembre 1989 avec la chute du mur de Berlin. Le régime instauré en France à
la libération en 1945 (monopole de la sécurité sociale, système de retraite
par répartition qui est une pyramide de Ponzi, pléthore d’administrations
soi-disant au service du public mais qui prennent, sans vergogne, en otage
les usagers par leurs grèves à répétition pour préserver leurs intouchables
« avantages acquis, » bureaucratie écrasante à travers les codes du travail
et de l’urbanisme qui tuent l’emploi et la construction de logements) va
disparaître sous le poids de ses propres contradictions. La question n’est
plus de savoir si cela va se produire mais quand ! L’Union soviétique dura
soixante-douze ans (1917-1989). Sous l’égide du plus mauvais président de
l’histoire de la Cinquième République, son clone français peut-il espérer
dépasser cette longévité ? Selon cette référence historique, 2017 semble
être une date fatidique pour le modèle français.
(3) Au lieu d’essayer de comprendre les causes du déclin français, le
journal Le Monde, bastion d’un socialisme dépassé par la mondialisation,
passa son temps à tourner en dérision les « déclinologues » comme votre
serviteur.
(4) Ce n’est pas un hasard si le FN siphonne les voix de l’extrême gauche
car leurs programmes économiques sont identiques dans leur dénonciation
virulente du capitalisme. Le Front national n’est plus un parti
d’extrême-droite mais un parti d’extrême-gauche sous la houlette du
vice-président chargé de la stratégie et de la communication, Florian
Philippot, un autre énarque, qui a soutenu la candidature de Jean-Pierre
Chevènement à l’élection présidentielle en 2002.
(5) Sarkozy ne reculera devant rien pour être réélu en 2017. Tout
dépendra de l’aptitude des électeurs à gober ses nouvelles promesses.
(6) Depuis son élection en 2012, la pluie suit Hollande dans tous ses
rendez-vous extérieurs. Il a été surnommé le «rainmaker» en Amérique ! A
l’heure de son piteux bilan, il devra se contenter d’avoir fait tomber la
pluie à défaut d’avoir terrassé la finance qui va bientôt lui rendre la
monnaie de sa pièce avec l’envolée des taux d’intérêt des bons du trésor sur
le marché obligataire. Qui sème le vent récolte la tempête.
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