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3/1/15 | David Marsh |
Les dix personnalités de l’année 2014 Elles ont prorogé à leur manière le bordel financier Il est temps de décerner les prix de l'année 2014. Voici les dix récompensés. 1 Le plus opiniâtre Jens Weidmann 2 Le plus gonflé Matteo Renzi Le Premier ministre italien Renzi a incarné le grand espoir pour mener à
bien des réformes structurelles du marché du travail et mettre fin à plus de
vingt années de stagnation économique en Italie. Malheureusement, il a
démenti son image de mousquetaire car il a concentré trop d’attention sur la
politique et pas assez sur l'économie. Ses promesses mirobolantes (2) n’ont
pas été tenues et l'Italie est toujours embourbée dans la stagnation. Bien
qu'il ait fait quelques progrès avec l'adoption de lois sur le travail, le
grand point d'interrogation est de savoir s’il pourra les mettre en œuvre
avant qu'il ne soit balayé par une énième crise politique dont l’Italie est
coutumière. 3 Le plus manipulateur Ali al-Naimi Le ministre saoudien du pétrole avait averti, un peu avant Noël 2013, que ce n’était pas l’intérêt de l’OPEP de couper sa production et que le prix du baril de pétrole pourrait tomber à 20 dollars sans que l’OPEP intervienne. Confiant dans la capacité de l'Arabie saoudite à utiliser ses énormes réserves monétaires pour surmonter un déficit budgétaire passager, al-Naimi a dévoilé, en 2014, la stratégie du royaume arabe - partagée par d’autres exportateurs de pétrole du Moyen-Orient à faible coût comme les Émirats Arabes Unis et le Koweït – pour évincer les producteurs à coût élevé comme le Canada, la Russie et la fracturation de schiste aux États-Unis. 4 Le plus combatif Vladimir Poutine Sollicité par la nécessité tribale de défendre la sainteté de l'emprise russe sur l'Ukraine contre une recrudescence nationaliste pro-occidentale, le président de la Russie a joué le rôle du chevalier blanc teutonique pour contrer les visées expansionnistes des Etats-Unis et de ses alliés. Mais sa campagne s’est retournée contre lui. Il aurait pu être pardonné si l’expropriation de la Crimée avait fait grimper le prix du pétrole en lui donnant les moyens financiers de résister aux sanctions. Malheureusement, cela n'a pas marché comme prévu. Poutine termine l'année avec beaucoup moins de cartes entre ses mains. 5 Le plus entreprenant Shinzo Abe En prenant les partis d'opposition par surprise et en misant sur la paresse de l'électorat, Abe a remporté un troisième mandat lors d’élections parlementaires anticipées au Japon. Abe a une nouvelle chance de mettre en œuvre son programme anti déflationniste, et en particulier la «troisième flèche» tant vantée de la réforme structurelle. Abe se doute bien que sa popularité va chuter quand les agriculteurs japonais vont être soumis à une plus grande concurrence que par le passé. Renforcer le soutien de son parti avant la mise en œuvre d’une politique libérale n’est pas une mauvaise idée. (3) 6 Le plus destructeur Mario Draghi Le président de la BCE a réussi son pari d’affaiblir l’euro. Il a été plus explicite qu’Abe (paralysé par les autres membres du G7) concernant une dévaluation compétitive à laquelle un banquier central indépendant rechignerait. Le point d’inflexion est venu le 7 août lorsque Draghi a fait le commentaire le plus remarqué de l’année en disant que «les fondamentaux de la zone euro militent pour un taux de change plus faible qu'il y a deux ou trois mois », et en ajoutant pour faire bonne mesure que « les banques centrales se délestent de l'euro ». Depuis lors, la monnaie européenne a plongé. (4) 7 La plus diplomate Janet Yellen La présidente de la Federal Reserve Bank a réussi à convaincre les observateurs qu’elle incarne à la fois l’image de la colombe et du faucon alors que le monde spécule sur la remontée des taux d'intérêt de la Fed. Yellen a utilisé l'épithète «beaucoup de temps» pour décrire la période durant laquelle la Fed va décider la hausse des taux d’intérêt. Elle a modifié son langage en disant que la Fed sera «patiente» à propos du resserrement du crédit, et elle a ajouté qu’une telle action ne devrait pas intervenir lors des deux premières réunions en janvier et en mars du FOMC. Au printemps, le monde pourrait enfin savoir de quel côté elle penche. (5) 8 Le plus joueur Antonis Samaras Après son pari perdu de se soustraire à la tutelle du FMI et de la Commission européenne, le Premier ministre grec est sur la défensive. Son mandat pourrait ne pas être renouvelé lors des nouvelles élections législatives du 25 janvier. Les sondages donnent vainqueur le parti SYRIZA, conduit par Alex Tsipras, qui milite en faveur de la sortie de la zone euro. (6) Avant que cela n’arrive, nous allons assister pendant les trois semaines précédant les élections à une surenchère de stratégie du bord de l’abîme. Toutefois, il n’est pas exclu que Samaras en sorte vainqueur. Il aura beau jeu de dire que si les électeurs ne l’avaient pas lâché au milieu du gué, la bourse d’Athènes n’aurait jamais replongé. 9 Le plus menteur Alex Salmond En perdant le référendum sur l'indépendance en septembre, le nationaliste écossais a évité le désagrément de ne pouvoir tenir les promesses qu’il a faites aux Ecossais de pouvoir vivre confortablement avec les largesses procurées par les réserves «géantes» de pétrole de la mer du Nord. Comme c’est devenu évident avec la chute du prix du pétrole et avec une estimation révisée à la baisse des réserves de pétrole de la mer du Nord, la promesse de Salmond de renforcer le niveau de vie des Ecossais se révèle complètement farfelue. 10 Le plus nul François Hollande Le président français ne donne pas vraiment l’image d’un homme d’Etat à la hauteur avec un annus horribilis sans précédent. Il a été acclamé en présidant de nombreuses cérémonies de commémoration du centième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. En dehors de ça, il a tout perdu : sa première dame qui a écrit un livre dévastateur sur ses aventures amoureuses, sa côte de popularité aux abysses après une vague d’indices catastrophiques liée à sa politique économique erratique, et sa chance d’emporter l'élection présidentielle en 2017 (7) (après que son vieil adversaire Sarkozy s’est jeté dans la mêlée). David Marsh (1) On peut se féliciter que le gouverneur de la Bundesbank se préoccupe du sort des rentiers allemands. Ce n’est nullement le cas des gouvernements français à l’égard des ménages français qui ont placé leur argent dans des contrats d’assurance-vie qui sont adossés à des obligations étatiques. Comme les Français sont nuls en économie, ils ne font jamais le lien entre le rendement de cette épargne et la volonté de leurs dirigeants politiques de les spolier à tout prix. Depuis longtemps nous recommandons aux Français de se délester de cette épargne prisonnière du bon vouloir du prince. Il ne fait guère de doute que les épargnants français seront spoliés lorsque l’Etat fera faillite. Le gouvernement sera contraint d’honorer en priorité la dette à l’égard des étrangers (60%) pour pouvoir revenir un jour sur le marché obligataire. (2) L’engouement des journalistes français à l’égard de Renzi est incompréhensible car la France a eu avant l’Italie son «Renzi» avec Sarkozy, grand causeur et petit faiseur. (3) C’est ce qui fait cruellement défaut au gouvernement Valls, vivement contesté par les édiles marxistes. Le gouvernement socialiste s’intéresse subitement à la mise en concurrence des professions réglementées (pour emmerder une clientèle électorale qui ne votera jamais pour lui) au lieu de s’attaquer en priorité à la privatisation des services publics (le socle de sa clientèle électorale), où il y a des gisements de productivité en sommeil. Un gouvernement digne de ce nom devrait s’attaquer en priorité à la privatisation de la SCNF qui tient en otage les usagers par ses grèves à répétition et qui coûte 1000 euros par an à chaque contribuable soumis à l’impôt sur le revenu selon une étude de l’association Contribuables Associés. (4) Draghi s’avère un meilleur allié des gouvernements français que l’ancien gouverneur Trichet. Nous déplorons cette politique monétaire laxiste qui diffère les indispensables réformes. C’est un très mauvais service rendu à la France et à l’Italie. (5) La Fed s’intéresse davantage à Wall Street qu’à Main Street en poursuivant sa politique monétaire laxiste sur sa lancée du 15 septembre 2008. Ses dirigeants se sont toujours trompés. Il n’y a pas de raison que la première femme à occuper ce poste stratégique de la planète fasse mieux que ses prédécesseurs. L’existence d’une banque centrale fixant les taux d’intérêt est une hérésie ! Il faudrait être Dieu pour savoir quel taux d’intérêt est convenable à une période donnée pour la monnaie d’échange mondiale. La solution est de retourner au système monétaire d’avant 1913 où c’était le marché qui fixait le taux d’intérêt au jour le jour. Je confesse être un indécrottable partisan du capitalisme «sauvage» du dix-neuvième siècle où les crises se résorbaient d’elles-mêmes en quelques mois au lieu de durer des années depuis la création de la Fed en 1913 par la volonté du président technocrate Woodrow Wilson. (6) L’arrivée potentielle au pouvoir du parti gauchiste grec SYRIZA et sa promesse de sortir de l’euro serait formidable pour éclairer les Français tentés par le vote FN. Il sera intéressant de recueillir les commentaires des cadres du Front national quand le pouvoir d’achat des Grecs se réduira comme une peau de chagrin. (7) La décence voudrait que l’on ne tire pas sur une ambulance et que l’on ne commente jamais le discours vide de l’ambulancier du socialisme lors de ses vœux de la nouvelle année. Toutefois, le journaliste anglais se trompe sur un point. Malgré une défaite certaine, l’ambulancier socialiste nourrit toujours l’ambition de se représenter en 2017. C’est ce qu’il ressort de son discours, avec son idée d’organiser une grande messe pour la secte verte en décembre à Paris. Si un candidat écologiste a le malheur de se présenter en 2017, le candidat socialiste perd toutes ses chances d’être au second tour de l’élection présidentielle. Ce minable calcul sera balayé lorsque la France fera faillite et qu’elle sera placée sous la tutelle conjointe du FMI et de la Commission européenne. Comme en Italie avec Mario Monti (président du Conseil italien du 15 novembre 2011 au 28 avril 2013), la France sera dirigée par un technocrate européen pour lui faire avaler de force la potion libérale qu’elle a toujours refusée.
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