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7/11/09 Bernard Martoïa

La France à la merci des agences de notation !

Parmi toutes les informations de la semaine, j’ai retenu celle du site «rebelles.info» qui est parue le 5 novembre 2009. Selon une source non identifiée (et pour cause !) voici le passage qui a attiré mon attention :

« Les trois agences de notation financières les plus connues, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, chargées de la notation financière des acteurs économiques sont intervenues. Elles ont fait discrètement savoir aux autorités françaises qu'un emprunt trop important de la France les obligerait à abaisser sévèrement la note de notre pays. Elle pourrait passer d'un AAA à un BBB. »

Je vais me hasarder à faire un commentaire sur ce communiqué sensationnel. Je ne crois pas que les trois sœurs se soient concertées pour mettre en garde la marquise de Bercy. Elles perdraient leur crédibilité si elles donnaient l’impression de marcher de concert. En revanche, est-il possible que l’une d’entre elles ait averti discrètement le gouvernement français ? Je ne peux me prononcer. Là encore, cela serait contraire à leur éthique.

Le rôle d’une agence de notation n’est pas comparable à celui d’organisations internationales comme le F.M.I ou l’O.C.D.E qui, à travers des rapports annuels ou trimestriels, prodiguent des conseils ou des avertissements sur la politique économique menée par tel ou tel pays. Une agence de notation est une entreprise privée à but lucratif. Son rôle est d’informer, correctement, les acteurs économiques sur la qualité des emprunts émis par un pays ou par une entreprise.

Admettons que l’une d’entre elles ait averti discrètement le gouvernement français. Il faut le déplorer. Il ne leur appartient pas de conseiller un quelconque gouvernement. Qu’elles laissent agir à sa guise le gouvernement français et qu’elles modifient, en conséquence, la notation qu’elles portent sur sa capacité de rembourser ou non l’emprunt en question !

Pourquoi les agences de notation sont-elles si lentes à modifier leur notation à l’égard d’un pays ?

Elles considèrent qu’une dégradation de la note aggraverait davantage la situation financière de ce pays qu’elle ne l’encouragerait à se réformer. C’est une décision grave d’abaisser la note d’un pays. Il peut y avoir des émeutes et le sang peut couler. Les agences de notation sont tout à fait conscientes de leur pouvoir exorbitant. Elles n’y consentent que lorsque la situation financière du pays en question est dramatique et qu’il n’y a plus d’espoir qu’il parvienne à redresser ses comptes. Mais ce faisant, elles encourent inévitablement le reproche des prêteurs qui se sentent floués.

Pour une indépendance absolue des agences de notation

Les agences de notation portent une grave responsabilité dans la crise des subprimes. Elles ont accordé, sans sourciller, la notation maximum à ces produits toxiques. Menacées de disparaître, elles ont réagi en durcissant leur notation. Aussi ne serais-je pas étonné qu’elles abaissent, un jour prochain, la dette de la France. A choisir entre le naufrage du Titanic et le leur, elles n’auront pas d’état d’âme.

La crédibilité est la seule raison d’être de ces agences. Si elles en sont parfaitement conscientes, elles n’ont pas pour autant l’indépendance financière qui leur permette de faire vraiment leur boulot. Une agence est encore payée par l’entreprise qui fait l’objet d’une notation. Pour rompre ce nœud gordien, je suggère la levée d’une taxe sur toutes les transactions financières internationales. Ce serait la seule façon d’assurer leur indépendance. Mais il n’est pas question que cet argent soit détourné en faveur des pays en voie de développement, comme ne cessent de le réclamer les socialistes qui sont légion en Europe. Une taxe uniforme et très basse de 0,01 % sur toutes les transactions financières serait la meilleure façon d’assurer une indépendance absolue des agences de notation.

Casser le cartel des quatre sœurs américaines

Il n’y a que quatre agences qui comptent, à travers le monde, en raison des droits d’entrée exorbitants dans cette profession particulière. J’aimerais qu’il y en ait davantage pour assurer une meilleure information du marché. Les quatre sœurs américaines Fitch, Standard & Poor’s, Moody’s et A.M Best détiennent 90 % du marché des notations.

En revanche, il serait dangereux de toucher à leur statut privé. Imaginez le désastre en perspective avec des fonctionnaires, forcément irresponsables en raison de leur statut juridique, notant les acteurs du marché…

Bernard Martoïa

 

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