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11/4/09 Bernard Martoïa

On ne voit pas le bout du tunnel

Après quatre semaines de forte hausse, l’index Dow Jones marque le pas. Il n’a gagné que 66 points, cela représente moins de 1 % de gain. Le marché serait-il entré dans une période de consolidation ? L’attentisme prévaut alors que débute la publication des résultats des entreprises du premier trimestre 2009. C’est Alcoa, le géant de l’aluminium qui a l’honneur d’ouvrir le bal. Il a annoncé une perte de 497 millions de dollars, alors qu’il avait enregistré un gain de 303 millions de dollars pour le premier trimestre 2008.

Après avoir encaissé la mauvaise nouvelle, le marché a été galvanisé par l’annonce d’un profit anticipé de trois milliards de dollars de la part de la banque californienne Wells Fargo. 40 % des profits escomptés proviendraient de la banque Wachovia qu’elle a achetée, à la fin de l’année dernière, après une dure compétition livrée à Citigroup.

Sur le front des statistiques, il n’y a guère matière à se réjouir.

Le nombre de chômeurs a augmenté de 694.000 en mars. Le rythme de destructions d’emplois ne faiblit pas. 5,3 millions d’Américains ont perdu leur emploi en un an !

Les profits anticipés et largement médiatisés des deux géants Citigroup (1) et Wells Fargo ne sauraient masquer la dégradation du secteur bancaire en général. Depuis le début de l’année, 23 banques régionales ont fait faillite. A titre de comparaison, il n’y a eu que 25 faillites enregistrées par Federal Deposit Insurance Corporation pour toute l’année 2008. Le rythme de faillite a pratiquement triplé ! Personne n’en parle dans la presse.

Les banques régionales américaines sont plombées non seulement par les subprimes mais aussi par les prêts accordés au commerce de détail. Une étude de la Deutsche Bank prévoit un déclin de 35 à 45 % de la valeur du foncier commercial, à cause d’un très grand nombre de prêts venant à échéance d’ici 2012 et qui ne pourront pas être refinancés.

La sagesse voudrait que les ménages qui ont perdu leur maison louent un appartement ; d’aucuns ont tiré la conclusion rapide que ce secteur serait à l’abri de la tempête. Mais l’enquête de la Deutsche Bank montre que le taux de faillite dans le marché des prêts hypothécaires des appartements est passé à 3,53 % alors qu’il n’était que de 2,35 % lors du dernier pic enregistré en octobre 2005. Par ailleurs, le retard de paiement des mensualités a passé le seuil critique de 5 % au-delà duquel les banques sont très exposées elles-mêmes à faire faillite.

Après des rues entières de maisons à vendre en Californie et en Floride, on pourrait bientôt assister à la vente d’immeubles au rabais à Miami, Chicago, Las Vegas ou New York. Le flamboyant Donald Trump n’a réussi à vendre qu’un quart des unités finies. Il est sur la corde raide avec des investisseurs de Chicago qui lui ont fait confiance.

La propagande gouvernementale ne désarme pas

La semaine écoulée a été marquée par l’annonce du mariage de deux dinosaures de l’immobilier. Pulte Homes a annoncé, le 9 avril, son intention d’acquérir Centex pour un montant de 1,3 milliard de dollars en actions. Il s’engage par ailleurs à racheter ses dettes s’élevant à 1,8 milliard de dollars. Richard Douglas, le président de Pulte Homes, a déclaré benoîtement : « La fusion nous met dans une excellente position pour naviguer dans la tempête et accélérer notre retour aux bénéfices… »

Notons au passage que Pulte Homes a enregistré neuf trimestres consécutifs de perte et Centex sept trimestres seulement. Par ailleurs, l’index vedette de l’immobilier Case & Schiller donne une indication de ce marché avec deux mois de retard, un délai inévitable pour collecter les informations. En février 2009, le stock de maisons invendues représentait une période de dix mois. Le prix moyen d’une maison a chuté de 19 % en 2008. Ce qui a fait dire à David Blitzer de Standard & Poor’s qui tient à jour l’index : « Je ne vois pas la lumière du bout du tunnel dans ce rapport. »

En revanche, la propagande gouvernementale ne désarme pas. C’est à qui promettra aux électeurs le retour le plus rapide de la croissance. A l’affût des moindres indices de retournement de tendance, le président Obama a laissé entendre que la reprise serait pour l’automne aux Etats-Unis et non pas pour le début 2010. Ce qui me fait dire, pour rester poli, que le marché politique est déconnecté des fondamentaux de l’économie.

Bernard Martoïa

(1) Archives : samedi 28 mars 2009, L’orchestre du Titanic a joué jusqu’à la fin


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