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12/7/09 Bernard Martoïa
En route pour la descente aux enfers !

« Le futur est acheté par le présent.» Samuel Johnson

Les signaux « bearish » du marché se multiplient

L’indice Dow Jones Industrial Average (DJIA) a clôturé vendredi 10 juillet 2009 à 8146 points. Il a perdu 134 points ou 1,6 % dans la semaine écoulée. C’est la quatrième semaine consécutive de baisse. Depuis le pic du 12 juin à 8799 points, il a perdu 7,4 %. Il ne faudrait pourtant pas se rasséréner par cette lente décrue de l’indice. L’analyse chartiste donne partout des signaux « bearish » du marché. Il s’est formé une tête et deux épaules non seulement sur l’indice vedette mais aussi sur le S&P 500 qui est le meilleur indice du marché ; quant au Nasdaq il vient de former un double top.

Dan Sullivan n'est pas n'importe quel conseiller de Wall Street. Il est le patron de Chartist, une lettre d'information payante destinée aux investisseurs. Parmi les 160 lettres recensées qui circulent dans le pays, Chartist est celle qui s'est avérée la plus presciente dans ses prévisions au cours des trois dernières décennies. Sans remonter loin dans le temps, Dan a senti le vent tourner à la mi-janvier 2008. Il vient d'éprouver, en début de semaine, la même crainte d'un craquement imminent du marché. Il est repassé à 100 % en cash.

Dans le scénario d’île flottante que j’ai envisagé, le Dow Jones devrait rester dans un canal horizontal compris entre 8175 et 7800 points pendant quatre semaines. Puis, dans la nuit du 4 août 2009 (heure française GMT + 1) il devrait sortir de ce canal à Wall Street et entamer sa dégringolade pour retester l’abysse du 5 mars dernier à 6594 points. Il y parviendra le 15 septembre 2009 qui est la date anniversaire de l’explosion nucléaire du marché avec la faillite de Lehman Brothers.

Ensuite, tout dépendra de l’adoption ou non d’un nouveau plan de relance par le gouvernement d’Obama. Si ce plan se matérialise, je ne donne pas cher du marché. Il devrait entamer sa descente aux enfers comme ce fut le cas en avril 1930. Le prochain palier est placé à 4000 points. Ce qui effacera quatorze années de belle croissance. Tel sera le prix à payer pour avoir écouté les idioties des néo-keynésiens.

Comment assurer le lancement de l’emprunt national en 2010

Le CAC 40 mime le Dow Jones. Il est repassé sous la ligne des 3000 points en clôturant vendredi à 2983 points. Des spécialistes le voient toucher 2500 points à l’automne.

Dans ces conditions dégradées de l’environnement international et de notre propre environnement dû à notre aboulie, y aura-t-il un emprunt national l’an prochain ?

Si celui-ci devait se concrétiser sous la pression des énarques de Bercy, je suggère au gouvernement de copier l’exemple de la Californie qui a recours à la formule IOU (I owe you), qui signifie "je vous dois". Cette formule, qui fait florès à Sacramento, la capitale de la Californie, a certaines caractéristiques d’un emprunt classique comme le nom de l’emprunteur, le montant dû et parfois même le nom du créancier, mais elle se distingue de l’orthodoxie financière en ce qu’elle ne fixe pas de date de remboursement… Le tour est joué !

Pour assurer son lancement auprès du public français, je propose la formule suivante:
« L’Etat français vous doit de l’argent !» Ainsi tout citoyen se sentira fier d’avoir des créances sur l’Etat. Qu’importe qu’elles s’avèrent irrécouvrables si on parvient à faire vibrer la fibre patriotique en dehors des stades de football !

L’agenda politique n’est plus souverain

Tout le monde sait que l’agenda d’un politicien est lié à sa réélection. Encore que cela puisse changer. C’est une occurrence, me direz-vous, qui ne survient que tous les deux siècles. Figurez-vous que nos sénateurs viennent de se réveiller brusquement sous leurs lambris dorés du palais du Luxembourg. Ils ont demandé à Philippe Mills, le directeur de l’agence France Trésor qui gère la dette de la France, de venir s’expliquer devant la commission des finances. De cette audition feutrée, on retiendra qu’un tiers des nouvelles émissions de la dette sont à court terme et qu’elles représentent 16 % de l’encours de la dette, soit deux fois plus qu’en 2007. Excusez du peu ! Une remontée de quelques points de base (exprimés en centièmes) sur le marché obligataire ou le fait que la Banque centrale européenne (B.C.E) décide de relever son taux directeur d’un demi-point pour lutter contre l’inflation auraient de graves conséquences pour le Trésor français.

A l’issue de cette rencontre historique entre un énarque condescendant qui a daigné venir s’expliquer devant les godillots de la république sur l’état calamiteux de nos finances, on retiendra surtout cette phrase admirable de sang-froid du rapporteur de la commission des finances : «Nous nous approchons d’une zone sensible

Sa circonspection fait penser à Louis XVI au soir du 14 juillet 1789 quand il écrivit dans son journal : « Rien ». Bien entendu, il ne s’agissait que de chasse, car le roi n’apprit la nouvelle que le lendemain. Il était excusé par la lenteur des communications de son époque ; une excuse dont ne sauraient se prévaloir tous les veaux qui s’apprêtent à partir en vacances sur les plages.

Après tout, on aura le sort que l’on mérite. Il n’y a pas d’injustice. Le marché n’est ni moral ni immoral ni amoral, il est tout simplement impitoyable avec les mécréants.

Bernard Martoïa

 

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