La
France premier enfer fiscal du monde !
« Zut alors ! » C’est sous ce titre de dérision que le journaliste Jack
Anderson du magazine Forbes a décerné à la France le premier rang des enfers
fiscaux pour l’année 2009. Sans surprise, notre pays conserve sa première
place de cancre en matière de fiscalité et de réforme. La liste concoctée
par le magazine américain porte en effet le nom de Misery & Reform index.
Mieux encore, les énarques de Bercy accroissent inlassablement la
pression fiscale. Dans le classement 2008 (1), la France avait un taux de
pression fiscale globale de 166,8 %. Il est passé à 167,9 % en 2009.
Pourtant le déficit budgétaire ne cesse de se creuser. La courbe de Laffer
n’interpelle ni nos journalistes ni nos élus puisqu’ils en sont à réclamer
la suppression du bouclier fiscal pour résorber les trous béants de la
sécurité sociale et de l’Etat.
Anderson a mis en évidence la dichotomie entre le discours et les actes
du président de la République. « Qui a dit récemment : “ Je n’ai pas été élu
pour augmenter les taxes ? ” Cette proclamation rassurante émane du chef de
l’Etat qui est le perdant éternel de notre enquête annuelle sur le fardeau
fiscal : le président de la France, Nicolas Sarkozy. Apparemment, le
parlement français ne l’a pas écouté puis qu’il a augmenté de 1,1
% les taxes en 2009. »
Rappelons la composition de l’index de misère pour établir des
comparaisons d’une année à l’autre. Il prend les taux marginaux les plus
élevés pour cinq types d’impôts et dans l’ordre suivant : sociétés, revenu
des personnes physiques, fortune, sécurité sociale (employeur et assuré) et
TVA. Pour le champion toutes catégories de l’année 2008, on ajoute : 34,4 %
+ 51 % + 1,8 % + (45 % + 15 %) + 19,6 % = 166,8 % Pour le même champion de
l’année 2009, on ajoute : 34,4 % + 52,1 % + 1,8 % + (45 % + 15 %) + 19,6 % =
167,9 % .
La pression fiscale est restée stable pour quatre types d’imposition sur
cinq. L’Etat a « seulement » accru de 1,1 % la tranche supérieure de l’impôt
sur le revenu. Les particuliers assujettis apprécieront le « seulement » en
question…
Que faire pour éviter la banqueroute de l’Etat français ?
Ce n’est évidemment pas en taxant davantage mais en abaissant
conjointement et drastiquement les taxes et les dépenses des administrations
publiques que nous pourrons nous désendetter rapidement.
Le magazine américain est la propriété de Steve Forbes. Il fut candidat à
l’élection présidentielle de 1996. Il dépensa la bagatelle de quarante
millions de dollars pour sa propre campagne qui était axée sur une seule
proposition : flat tax de 17 % pour tous les revenus des
contribuables américains. Pour une meilleure compréhension de cette
imposition uniforme, reportez vous à mes archives (2)
Réduire de 10 % par an notre pression fiscale n’est pas impossible. Les
Pays-Bas viennent de le réaliser en 2009. Leur index est tombé de 157 % à
146,5 %. Mais les parlementaires hollandais ont la chance de ne pas avoir
d’énarques qui bloquent leurs réformes audacieuses...
Parions que l’énarque de service va demander au magazine Forbes d’insérer
un communiqué dans lequel il vantera, sans surprise, l’attractivité de notre
pays pour les investisseurs étrangers. Que ce droit de réplique soit exercé
n’apportera rien au débat. Les uns sont persuadés qu’il faut surtaxer les «
riches », les autres que cela ne peut conduire qu’à la paupérisation de
l’ensemble de la population française. La chasse démente aux paradis fiscaux
avant la réunion du G20, la séquestration des patrons pour empêcher la
fermeture d’usines, la montée inexorable du nouveau parti anticapitaliste et
de ses épigones en Guadeloupe sont autant de signes funestes qui ne
sauraient être effacés par un droit de réponse dans un magazine à la
renommée internationale.
Bernard Martoïa
(1) Archives : lundi 5 mai 2008 : Les enfers fiscaux : la France
championne du monde !
(2) Archives : vendredi 1er mars 1996 : Une campagne présidentielle en
demi-teinte
|