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9/11/13 | Bernard Martoïa |
Les requins se rapprochent tranquillement des côtes françaises ! L’agence de notation Standard & Poor’s vient de dégrader la note de la France de AA+ à AA. Retenons que sa décision intervient la veille du vingt-quatrième anniversaire de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Paris n’a toujours pas compris la portée universelle de cet événement qui signifiait la fin de l’utopie socialiste. Le gouvernement a réagi à sa façon, en niant le cinglant désaveu de sa politique budgétaire par l’une des deux plus grandes agences de notation au monde et en assurant « vouloir maintenir le cap qu’il s’est fixé » pour revenir sous la barre mythique de 3% du déficit budgétaire à coup de matraquage fiscal. Précisons qu’à l’ENA où est formée notre élite politico-administrative, un économiste libéral comme Arthur Laffer n’est pas en odeur de sainteté comme le sont encore Karl Marx et John Maynard Keynes. La contribution majeure à la science économique de Laffer est sa courbe de rendement de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, qui est en forme de parabole. Le rendement de l’impôt est maximum lorsque le taux est faible (10%) et appliqué à tous les ménages (flat tax), mais il diminue avec la forte progressivité de l’impôt. A 100% d’impôt, le rendement est égal à zéro. Le gouvernement a fait le pari insensé que les Français continueraient à travailler plus et à payer plus d’impôt en faisant appel à leur fibre patriotique. Comme je l’ai écrit en début d’année, dans un article intitulé « Deux choix radicalement opposés pour sortir la France de la récession économique », l’élite technocratique de la nation ne connaît que la macro-économie à travers des agrégats anonymes. Elle n’a pas été formée aux comportements des individus qui sont analysés dans la micro-économie. Sans risque de me tromper, je disais : « L’impôt et la redistribution éperdue des richesses ont tué la croissance dans ce pays. Pour la retrouver, il faut remotiver les gens les plus entreprenants. Que fait le gouvernement socialiste ? Il punit davantage ceux qui réussissent à travers la progressivité des impôts et des taxes. Il fustige les riches qui s’exilent et ne jouent pas le jeu de la « solidarité. » Que va-t-il se passer ? Les ménages les plus riches vont fuir en masse notre enfer fiscal, et ceux qui ne peuvent pas s’exiler vont couper net leur effort pour payer moins d’impôt ou vont recourir au travail au noir pour échapper au fisc. Résultat : la France va enregistrer une croissance négative en 2013. » Dix mois plus tard, les statistiques économiques me donnent raison. Le
chômage augmente, la production industrielle recule alors que celle de nos
voisins repart mollement, une usine ferme pratiquement tous les jours, et la
dette continue d’augmenter. Au cours d’une semaine fort riche
d’enseignements, la Commission européenne a déclaré que la France ne pourra
pas revenir sous le seuil de 3% de déficit budgétaire en 2014 comme s’y est
engagé, bravache, le ministre de l’économie.
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