En cette veillée de Noël, mon vœu a été
exaucé !
En cette veillée de Noël circule sur la toile cette histoire drôle
que j’ai remaniée.
***
Génèse, chapitre sept :
« Puis l’Eternel dit à Noé :
- Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je ne vois que toi qui
sois juste au milieu de tes contemporains. Prends sept couples de chaque
sorte d’animaux purs, sept mâles et sept femelles de chaque sorte, et un
couple de tous les animaux impurs, un mâle et une femelle. Prends aussi sept
couples de chaque sorte d’oiseaux pour en perpétuer la race sur toute la
terre. Car dans sept jours, je ferai pleuvoir durant quarante jours et
quarante nuits sur la terre et j’effacerai de sa surface tous les êtres que
j’ai créés. »
En 2010 après Jésus-Christ, Dieu visite Noé et lui dit : « Une fois
encore, la terre est devenue invivable et surpeuplée. Construis une arche et
rassemble un couple de chaque espèce d’animaux ainsi que quelques bons êtres
humains. Dans six mois, j'enverrai la pluie durant quarante jours et
quarante nuits, et je détruirai tout ! »
Six mois plus tard, Dieu retourne visiter Noé et ne voit qu'une ébauche
de construction navale.
- Mais, Noé, tu n'as pratiquement rien fait ! Demain il va commencer à
pleuvoir !
- Pardonne-moi, Tout Puissant, j'ai fait tout mon possible mais les temps
ont changé.
Quand j'ai commencé à bâtir l'arche, on m'a dit qu'il fallait un permis de
construire. L'inspecteur me fait un tas d’ennuis au sujet du système
d'alarme anti-incendie.
Mes voisins ont créé une association parce que la construction de
l'échafaudage, dans la cour, viole le règlement de copropriété et obstrue la
vue. J'ai dû recourir à un conciliateur pour parvenir à un accord.
La direction de l'Urbanisme m'a contraint à réaliser une étude de
faisabilité et à déposer un mémoire sur le coûts des travaux nécessaires
pour transporter l'arche jusqu'à la mer. Pas moyen de leur faire comprendre
que la mer allait venir jusqu'à nous !
La coupe du bois pour la construction navale s'est heurtée aux multiples
associations pour la protection de l'environnement, sous le triple motif que
je contribue à la déforestation, que l’autorisation accordée par l’Office
des Eaux et Forêts n'a pas de valeur juridique aux yeux du Ministère de
l’Environnement, et que cela détruit l'habitat de plusieurs espèces
animales. J'ai eu beau leur expliquer qu'il s'agit de préserver ces espèces,
rien n'y a fait !
Dès que j’eus rassemblé les couples d'animaux, la Société Protectrice des
Animaux (SPA) et le World Wide Fund (WWF) me sont tombés sur le dos. Ils
m’ont accusé de cruauté envers ces animaux. Ils ont déclaré que je les
soustrayais à leur milieu naturel et que je les enfermais dans des
compartiments exigus.
Ensuite, l'Agence gouvernementale pour le Développement Durable a exigé une
étude d'impact du déluge en question.
Dans le même temps, j’ai eu affaire à des inspecteurs retors qui me
reprochent de violer la législation en utilisant des travailleurs bénévoles.
Je les ai embauchés car les syndicats m'ont interdit d'employer mes propres
fils, en disant que je ne dois employer que des travailleurs syndiqués.
Le fisc a saisi tous mes avoirs en prétextant que je me prépare à fuir le
pays. Et pour finir, la direction des Douanes menace de m'assigner devant
les tribunaux pour « tentative de franchissement de frontière en possession
d'espèces protégées ou reconnues comme "dangereuses" ».
Aussi, pardonne-moi, Tout Puissant, d’avoir manqué de persévérance dans ce
projet !
Aussitôt après que Noé a confessé à Dieu son impuissance, les nuages
noirs se dissipent et un magnifique arc-en-ciel se dessine.
- Renonces-tu à détruire le monde ? demande Noé interloqué.
- C’est inutile, répond Dieu, la technocratie s'en charge à ma place.
***
Cette histoire illustre mieux que tous les discours la dérive inquiétante
d’un monde technocratique ayant la prétention de régenter les moindres
détails de nos activités humaines.
Croire en Dieu est la dernière ringardise dans un monde athée. Et
pourtant, Dieu produit des miracles tous les jours...
Pas plus tard que lors du sommet de Copenhague où la secte verte s’était
donné rendez-vous, j’ai prié Dieu pour qu’il déclenche un blizzard. Mon vœu
a été partiellement exaucé. Le blizzard ne s’est pas abattu sur Copenhague
mais sur Washington, la capitale de la nouvelle Rome où sont prises les
grandes décisions de ce monde.
Je remercie l’Eternel d’avoir envoyé un fort signal pour remettre à sa
place la secte verte. Amen.
Bernard Martoïa |