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13/7/10 Bernard Martoïa

Obama aux prises avec les juges !

« Un renard ne doit pas être dans le jury du procès d’une oie » Thomas Fuller

Selon l’oracle d’Omaha, le meilleur moment d’entrer sur le marché est lorsque se produit un grand carnage. British Petroleum répond-il au critère de Warren Buffet ? L’action qui valait 60$ le 19 avril 2010, la veille de l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, entama sa descente aux enfers. Elle atteignit son nadir à 28 $ le 28 juin. Aujourd’hui, elle cote 36$ : un joli rebond de 33% en l’espace de deux semaines.

Dans un marché morose, l’action gagne 6% dans la séance en raison de l’intéressement de la Libye à entrer dans le capital de la société anglaise. En pré-ouverture du marché, B.P a annoncé deux bonnes nouvelles : le nouveau robot est en passe d’installer un bouchon sur le puits endommagé, les forages des deux puits de dérivation devraient être achevés trois semaines avant la date prudente annoncée.

Le barrage d’un juge de Louisiane

Un moratoire de six mois des forages en haute mer a été décrété par Kenneth Salazar, le ministre de l'Energie. Mais la réaction ne s’est pas fait attendre. Une semaine après son annonce en fanfare pour se faire pardonner son aboulie depuis le début de la marée noire, le président a été désavoué publiquement par un juge fédéral en Louisiane. Dans un arrêt audacieux, le juge Martin Feldman, nommé à ce poste en 1983 par le président Ronald Reagan, a dit que ce moratoire porte atteinte aux intérêts économiques des sociétés pétrolières et que le gouvernement n’a pas justifié cette mesure punitive à l’encontre de toute une profession. "The blanket moratorium, with no parameters, seems to assume that because one rig failed and although no one yet fully knows why, all companies and rigs drilling new wells over 500 feet also universally present an imminent danger."

Toute proportion gardée, imaginez qu’un juge français ait dit dans un référé que la décision du président de la République de détruire les maisons inondées de la côte vendéenne, après la tempête du 28 février 2010, est contraire au droit inaliénable de la propriété individuelle. On se prendrait à rêver que la justice de notre pays fasse son travail. Dans un État jacobin comme le nôtre, l’exécutif a le monopole de l’action. La seule façon de lui résister reste la rue. Si cette dernière a gagné le bras de fer engagé avec le matamore de l’Élysée, la démocratie française est, une nouvelle fois, la grande perdante de cette inutile confrontation. L’État de droit reste une notion étrangère à notre république jacobine ou bananière. Qui s’en soucie ?

Après ce camouflet, l’ombrageux président des États-Unis n’a eu d’autre choix que de se pourvoir en appel. Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré qu’il allait demander immédiatement un sursis à l’arrêt du juge en Louisiane. Selon des experts juridiques, cet arrêt pourrait tester les limites du pouvoir exécutif. Cela devient passionnant quand on sait que la cinquième chambre d’appel de la Nouvelle Orléans est réputée pour être un bastion conservateur.

Le juge Feldman n’est pas un inconnu dans son milieu professionnel. Il serait ami d’Antonin Scalia, qui est l’un des neuf juges de la Cour suprême des États-Unis. «Scalia est le juge le plus conservateur qu’ait connu cette vénérable institution», déplore sans cesse la grande presse américaine. Avec la nomination de Sonia Sotomayor en remplacement de David Souter et d’Elena Kagan en remplacement de John Paul Stevens, le pendule oscille à gauche. Il ne reste plus que quatre juges conservateurs à la Cour suprême : le président John Roberts, Clarence Thomas, Antonin Scalia et Samuel Alito, pour faire barrage au programme du premier président socialiste des États-Unis.

La cinquième chambre d’appel de Louisiane a rendu, le 9 juillet, son jugement après la saisine de Kenneth Salazar. Les trois juges de la Cour ont dit que le ministre n’a pu prouver que les États-Unis souffriraient d’un dommage irréparable en l’absence d’un moratoire immédiat des puits de forage en haute mer.

La combinaison de deux désastres pourra-t-elle être évitée ?

Il n’y a pas que l’activisme du président qui inquiète en Amérique. Une organisation gauchiste ANSWER (act now to stop war and end racism) fait campagne pour que les biens de BP sur le sol américain soient saisis afin de dédommager les victimes de la marée noire. Le président lui a donné une suite favorable. Lors de son entretien du 16 juin avec Tony Hayward, il a demandé au directeur-général de BP d’ouvrir un compte séquestre de vingt milliards de dollars, un « bon départ », a-t-il déclaré, pour faire face aux premières indemnisations des victimes de la marée noire. Nul doute que ce compte sera vite épuisé et qu’il faudra remettre de l’argent dans le petit cochon. Mais ce n’est ni le souci du président ni celui de l’organisation gauchiste qu’il suit fidèlement. Dans la logique simpliste de redistribution inventée par les socialistes, il suffit de piocher dans les poches des gens qui ont de l’argent pour régler tous les problèmes de financement.

Ce serait un drame que BP fasse faillite, comme le souhaitent ouvertement certains. La société pétrolière a été le premier thème d’entretien entre le nouveau premier ministre conservateur anglais David Cameron et le président Obama, pour une raison simple : la pension de milliers d’Anglais en souffrirait ainsi que les familles des salariés licenciés. « Alors que mon pays est menacé de perdre son triple AAA par les agences de notation, ce n’est pas le moment de faire couler notre plus grosse entreprise ! » Tel a dû être le message délivré par le Premier ministre anglais.

Quelle seraient les conséquences d’une nationalisation des biens de BP sur le sol américain ?

Cela mettrait sans doute fin à la relation privilégiée que ces deux pays entretiennent depuis leur guerre de 1812-1815. Lors de cette guerre picrocholine, les tuniques rouges, lourdement chargées, ne purent rattraper les miliciens qui fuyaient la nouvelle capitale du pays qu’ils étaient censés défendre. Le seul acte de courage fut celui accompli par Dolley, l’épouse du président James Madison, qui revint avec son carrosse, lancé à toute allure dans Georgetown, récupérer à la Maison Blanche la toile de Gilbert Stuart représentant le portrait de George Washington, le premier président des États-Unis. Après le départ des gueux, les tuniques rouges mirent le feu au «palace», qui était le surnom donné à cette époque à la Maison Blanche.

Cela serait aussi un sérieux avertissement lancé à toute la communauté internationale. Pourquoi Barack Hussein Obama s’arrêterait-il sur le chemin emprunté par ses camarades Fidel Castro et Hugo Chavez ? Victime désignée de la vindicte publique : la société japonaise Toyota, pour indemniser les victimes des accidents de la circulation provoqués par une pédale de freinage défaillante. Après ce sera le tour des sociétés chinoises pour indemniser les familles des enfants victimes de leurs jouets dangereux. La liste est inépuisable. Avis aux investisseurs !

Si BP tarde à colmater la fuite, qu’auraient fait à sa place les bureaucrates fédéraux ? Ils auraient lancé une commission. Et après ? Ils auraient dû se résoudre à lancer un appel d’offre au secteur privé pour faire le boulot qu’ils sont incapables de mener eux-mêmes. Cela aurait retardé d’autant le colmatage du puits. Personne n’a plus d’expertise que l’ennemi public numéro un. Les ingénieurs de BP sont forcés d’innover. Ils tentent tout ce qu’ils peuvent pour colmater la fuite à 1500 mètres de profondeur. Leurs exploits technologiques sont à la mesure de ceux accomplis par le capitaine Nemo, le commandant du Nautilus.

« Seize BP » est une propagande pour instaurer le socialisme en Amérique. L’organisation ANSWER n’a cure des victimes de la marée noire. Elle a été fondée quelques jours après le 11 septembre 2001, en réponse à la montée de la xénophobie contre les musulmans du pays. L’un de ses cofondateurs, Carl Messineo, a été condamné à une amende de vingt mille dollars par le ministère du budget. Ce marxiste-léniniste d’avant-garde, qui a pour modèle la Corée du Nord, avait introduit clandestinement des équipements en Iraq en violation de l’embargo des Nations Unies contre le régime de Saddam Hussein.

Une société fondée sur l’État de droit ne doit ni céder au chantage des gauchistes, ni blanchir les coupables. C’est à la justice américaine que les victimes doivent s’adresser pour obtenir réparation et non pas à un gouvernement dont l’antipathie à l’égard du secteur privé est notoire.

Bernard Martoïa

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