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6/12/09 Bernard Martoïa
               Trucages et lâcheté !

Avec une destruction de 11 000 emplois en novembre aux Etats-Unis, le taux de chômage, qui était de 10,2 % le mois précédent, est redescendu à 10 %. C’est la nouvelle incroyable que vient d’annoncer le Bureau du Travail. Comment une destruction d’emplois, aussi minime soit-elle à l’échelle de la nation américaine, peut-elle conduire à une régression du chômage ? Avec 15,4 millions de chômeurs officiellement déclarés, une décrue de 0,2 % du chômage équivaut à 30 800 personnes. On en déduit qu’avec 11 000 emplois perdus le mois dernier, l’économie américaine a réussi la prouesse de remettre 30 800 personnes au travail. En poursuivant cette logique absurde, chaque emploi détruit équivaut donc à la création de trois nouveaux emplois. Tel est le miracle accompli par l’ange noir de la Maison Blanche !

Dean Baker, du Center for Economic and Policy Research, a donné une explication du phénomène. La destruction d’emplois en octobre aurait été exagérée et les statisticiens l’ont corrigée le mois suivant. Cela ne saurait restaurer la confiance de l’opinion publique.

Les statistiques du marché de l’emploi sont trop sensibles pour être confiées à une agence gouvernementale. En France, les statisticiens de l’INSEE sont soumis à de rudes pressions des gouvernants pour parvenir à de bons chiffres. Officiellement, le taux de chômage est de 10 % outre-Atlantique. Mais il existe beaucoup d’instituts de recherche indépendants dans ce pays pour donner une autre version moins glorieuse. Ainsi Alan Abelson, l’éditorialiste du Barron’s Magazine, fait état de 17,2 % de chômeurs, si l’on veut bien inclure les gens radiés des statistiques de l’agence gouvernementale. Il y aurait 26 millions de chômeurs et non pas quinze recensés par le Bureau du Travail. On se rapproche inexorablement de la Grande Dépression avec 25 % de la population active au chômage. A l’époque, il n’y avait pas autant de fonctionnaires qu’à présent pour «affiner» les statistiques dans le sens voulu par le gouvernement. Mais comment voulez-vous qu’il en soit autrement lorsque les élus ne s’intéressent qu’à leur réélection ?

Le tripatouillage pour parvenir au résultat escompté

Tout est question de paramètres, que l’on inclut ou non, pour parvenir au résultat souhaité. C’est ce que nous ont appris les messages électroniques échangés par des scientifiques à la recherche de l’improbable réchauffement climatique lié à l’activité humaine. Lorsqu’on est payé pour obtenir une preuve, aussi ténue soit-elle, on ne peut pas décevoir son commanditaire en disant qu’il n’y a aucun lien entre la cause (CO2) et l’effet (réchauffement de l’atmosphère).

De même qu’après l’explosion de l’usine d’azotes fertilisants à Toulouse, survenue dix jours après les attentats de New York et de Washington, le gouvernement français de l’époque avait écarté, d’emblée, l’hypothèse très vraisemblable d’un attentat commis par un musulman de l’usine qui avait eu la bonne idée d’enfiler sept caleçons. Un fonctionnaire de police en charge de l’enquête avait eu cette phrase savoureuse : « A Paris ils veulent un accident. Eh bien ils l’auront ! » (1) On ne saurait être plus complaisant avec le pouvoir, même si cela va à l’encontre de la recherche de la vérité ou d’un respect minimum à l’égard des victimes et de leurs familles durement éprouvées par cette tragédie.

« Paris vaut bien une messe », avait déclaré Henri IV pour accéder au trône de France. « Les victimes de Toulouse valent bien la paix civile en France », peut-on conclure des déclarations précipitées d’un gouvernement affolé à l’idée que la piste islamique soit envisagée par les enquêteurs. Dans cette triste affaire, le gouvernement n’a fait que reculer le curseur d’un inévitable choc de civilisation. (2)

Le 30 septembre 1938, Daladier, Chamberlain, Mussolini et Hitler signèrent à Munich un pacte qui entérinait l’annexion des Sudètes par le Troisième Reich. En rentrant à Paris, Daladier fut, à sa grande surprise, acclamé par une foule en liesse. La paix avait été sauvée. A son ministre des Affaires Etrangères, il ne put s’empêcher de dire : « Ah les cons ! »

Chamberlain reçut le même accueil triomphal en Angleterre, mais Churchill déclara, pour sa part : « L'Angleterre avait le choix entre le déshonneur et la guerre. Elle a choisi le déshonneur, et elle aura la guerre. » Les réactions officielles après le référendum du 29 novembre 2009 en Suisse sont une cruelle illustration de ce qui nous attend demain.

Bernard Martoïa

(1) Marc Mennessier "AZF un silence d’Etat " (Seuil).

(2) Samuel Huntington : "Le choc des civilisations" (Odile Jacob).


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