La France file un mauvais coton !
Un grain de sable peut enrayer le plus sophistiqué des dispositifs. Un
dissident peut faire obstacle au plus tyrannique des Etats. Les
dirigeants de l’Union soviétique craignaient plus que tout les
dissidents. C’est la raison pour laquelle tout individu ayant manifesté
une simple opinion contraire à la ligne du parti était expédié en
Sibérie ou en hôpital psychiatrique. La France de Macron s’approche
dangereusement de cette méthode de gouvernement. Jusqu’à présent, ceux
qui sont jugés dangereux par le pouvoir d’Etat n’étaient frappés que
d’interdiction médiatique. Depuis que le pouvoir ne jure, contre le
coronavirus, que par la vaccination, ceux qui la refusent se voient
interdire d’exercer leur profession. Demain, si une nouvelle offensive
du virus survient, il n’est pas impossible qu’une coercition de plus
grande ampleur s’abatte sur les dissidents.
Bien entendu, la ligne apparemment raisonnable imposée par l’Etat
emporte l’adhésion du plus grand nombre. La vaccination et le pass
sanitaire ne révoltent pas une majorité de citoyens. Et ceux qui
défilent tous les samedis dans la rue ont quelque peine à justifier leur
opposition à ces mesures. Certes le fait d’être privé, à défaut de
présenter un document sanitaire, d’une vie normale est contraire à tous
les principes démocratiques. Mais chacun devine, à défaut de le
comprendre vraiment, que la protestation populaire vise moins
l’obligation non dite mais réelle d’être vacciné que l’autoritarisme du
pouvoir en toute matière et son complet manque d’empathie envers les
Français. Mais on ne peut manifester efficacement dans la subtilité. Il
y faut un adversaire carrément désigné. Le front anti-Macron qui s’est
constitué sous le couvert du refus sanitaire souffre de
l’incompréhension d’une majorité de citoyens et s’étiole pour cela au
fil des samedis.
Et pourtant la véritable motivation des manifestants est tout à fait
justifiée. La France est en train de s’éloigner des rivages
démocratiques et file un mauvais coton. Il faut interrompre cette dérive
le plus vite possible, car les libertés perdues ne se retrouvent que
très lentement.
En vérité, la crise démocratique actuelle n’est pas récente. Elle
s’est aggravée brutalement en raison de la pandémie, mais la plupart des
mécanismes délétères étaient en place depuis longtemps. La date du 12
mai 1960 vous dit-elle quelque chose ? C’est celle du décret qui a mis
la médecine libérale sous le joug de la Sécurité sociale. C’est ce
jour-là que s’est préparée la mesure interdisant aux médecins la
prescription de l’hydroxychloroquine. Et ainsi de suite …
Le processus de domestication de la médecine a inauguré celle du
peuple. Tant il est vrai qu’il n’est pas de peuple libre sans une
médecine libre. Notre combat contre le monopole de la Sécurité sociale
n’a pas d’autre fondement. Ceux qui ne s’y sont pas associés parce
qu’ils croyaient aux bienfaits du remboursement des soins n’ont pas
voulu comprendre que les patients étaient remboursés avec leur propre
argent ! « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils
chérissent les causes », a dit Bossuet.
« Jusqu’ici, ça va », disait, à chaque étage devant lequel il passait
celui qui tombait du haut d’un gratte-ciel. Les Français ne font rien
d’autre actuellement, même si certains, plus lucides que la majorité,
stigmatisent le drame en cours. La résignation française est-elle
désormais acquise ? L’histoire n’est pas encore écrite, même si certains
s’y emploient dans le silence des ministères et des officines.
Grain de sable, dissidence, à qui reviendra l’hommage de l’histoire
aux sauveurs des libertés françaises ? Ici, ce n’est pas la gloire,
fût-elle posthume, qui compte, mais l’urgence du combat.
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux »,
a dit Tocqueville. Choisissons bien notre cause et relevons-nous. C’est
cela la clé du renouveau de la France !
Claude Reichman