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19/9/21 | Claude Reichman |
La France file un mauvais coton !
Un grain de sable peut enrayer le plus sophistiqué des dispositifs. Un dissident peut faire obstacle au plus tyrannique des Etats. Les dirigeants de l’Union soviétique craignaient plus que tout les dissidents. C’est la raison pour laquelle tout individu ayant manifesté une simple opinion contraire à la ligne du parti était expédié en Sibérie ou en hôpital psychiatrique. La France de Macron s’approche dangereusement de cette méthode de gouvernement. Jusqu’à présent, ceux qui sont jugés dangereux par le pouvoir d’Etat n’étaient frappés que d’interdiction médiatique. Depuis que le pouvoir ne jure, contre le coronavirus, que par la vaccination, ceux qui la refusent se voient interdire d’exercer leur profession. Demain, si une nouvelle offensive du virus survient, il n’est pas impossible qu’une coercition de plus grande ampleur s’abatte sur les dissidents. Bien entendu, la ligne apparemment raisonnable imposée par l’Etat emporte l’adhésion du plus grand nombre. La vaccination et le pass sanitaire ne révoltent pas une majorité de citoyens. Et ceux qui défilent tous les samedis dans la rue ont quelque peine à justifier leur opposition à ces mesures. Certes le fait d’être privé, à défaut de présenter un document sanitaire, d’une vie normale est contraire à tous les principes démocratiques. Mais chacun devine, à défaut de le comprendre vraiment, que la protestation populaire vise moins l’obligation non dite mais réelle d’être vacciné que l’autoritarisme du pouvoir en toute matière et son complet manque d’empathie envers les Français. Mais on ne peut manifester efficacement dans la subtilité. Il y faut un adversaire carrément désigné. Le front anti-Macron qui s’est constitué sous le couvert du refus sanitaire souffre de l’incompréhension d’une majorité de citoyens et s’étiole pour cela au fil des samedis. Et pourtant la véritable motivation des manifestants est tout à fait justifiée. La France est en train de s’éloigner des rivages démocratiques et file un mauvais coton. Il faut interrompre cette dérive le plus vite possible, car les libertés perdues ne se retrouvent que très lentement. En vérité, la crise démocratique actuelle n’est pas récente. Elle s’est aggravée brutalement en raison de la pandémie, mais la plupart des mécanismes délétères étaient en place depuis longtemps. La date du 12 mai 1960 vous dit-elle quelque chose ? C’est celle du décret qui a mis la médecine libérale sous le joug de la Sécurité sociale. C’est ce jour-là que s’est préparée la mesure interdisant aux médecins la prescription de l’hydroxychloroquine. Et ainsi de suite … Le processus de domestication de la médecine a inauguré celle du peuple. Tant il est vrai qu’il n’est pas de peuple libre sans une médecine libre. Notre combat contre le monopole de la Sécurité sociale n’a pas d’autre fondement. Ceux qui ne s’y sont pas associés parce qu’ils croyaient aux bienfaits du remboursement des soins n’ont pas voulu comprendre que les patients étaient remboursés avec leur propre argent ! « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », a dit Bossuet. « Jusqu’ici, ça va », disait, à chaque étage devant lequel il passait celui qui tombait du haut d’un gratte-ciel. Les Français ne font rien d’autre actuellement, même si certains, plus lucides que la majorité, stigmatisent le drame en cours. La résignation française est-elle désormais acquise ? L’histoire n’est pas encore écrite, même si certains s’y emploient dans le silence des ministères et des officines. Grain de sable, dissidence, à qui reviendra l’hommage de l’histoire
aux sauveurs des libertés françaises ? Ici, ce n’est pas la gloire,
fût-elle posthume, qui compte, mais l’urgence du combat. Claude Reichman
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