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9/5/20 | Claude Reichman |
Amis de la liberté, mettons-nous en colère !
Les révélations du Monde sur la crise des masques face à l’épidémie de coronavirus en France dénoncent un véritable scandale. Mais elles ne sont que la révélation du fonctionnement habituel de l’Etat. Ayant eu le redoutable privilège d’affronter l’Etat depuis des décennies dans le seul but d’exiger le respect de l’état de droit et des droits de l’homme, j’ai pu constater que les politiciens n’ont aucune influence et que seule gouverne l’administration. Pourtant cette situation révoltante ne résulte d’aucun texte, mais seulement de comportements humains. Trois exemples. Arrivant au gouvernement au retour du général de
Gaulle, Antoine Pinay réunit les directeurs du ministère des finances et
leur expose son programme. Les hauts fonctionnaires se récrient et lui
indiquent qu’ils ne pourront pas le mettre en œuvre. « Je vous remercie
Messieurs, déclare le ministre, j’ai bien enregistré votre démission. »
« Pas du tout, Monsieur le ministre, pas du tout, nous exécuterons vos
décisions », répondent ces fonctionnaires. Troisième exemple. Président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS), je me bats depuis de longues années pour faire appliquer par la France les directives européennes qui mettent la Sécurité sociale en concurrence et que notre pays a transposées et intégrées à sa législation. Là encore, c’est l’administration qui est à la manœuvre et qui refuse d’appliquer la loi. Impossible d’obtenir le soutien d’un seul politicien. Tous sont tétanisés à l’idée d’affronter l’administration. Or voilà qu’un jour un adhérent me transmet une vidéo où l’on voit à l’Assemblée un député, Frédéric Lefebvre, interpeller le gouvernement, dans un hémicycle vide, sur les méfaits du Régime social des indépendants, dont le sigle, RSI, est un objet d’horreur et de ruine pour les trois millions de chefs d’entreprise français. Je prends immédiatement contact avec ce parlementaire, dont je n’avais nullement sollicité l’initiative, et lui indique que notre mouvement se propose de relayer son action, ce qu’il accepte de grand cœur. Quelques mois plus tard, le RSI est supprimé, en même temps que les tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS), sinistres zones de non droit que nous tentions en vain depuis des années de faire disparaître. Il a donc suffi d’un seul député, certes ancien ministre des PME, mais isolé au sein de son groupe, pour faire basculer une situation figée depuis des années malgré nos actions déterminées et incessantes. C’est ici qu’il faut se souvenir des mots de l’ancienne dissidente roumaine Doina Cornea : «Si nous avions été, je ne dis pas mille, je ne dis pas cent, je dis cinq, nous aurions vaincu le communisme. » Quand on affronte le totalitarisme (et la France en est victime, il ne faut pas refuser de le constater), il y a un principe qu’il ne faut jamais oublier : le temps ne compte pas. Cela a un côté désespérant quand on voit défiler les années, mais le désespoir n’est pas de mise dans les grands combats. Il se peut que le grand ébranlement provoqué par l’épidémie du
coronavirus soit l’occasion que nous attendions depuis des décennies. Le
peuple a enfin compris que l’Etat ne le protège pas, et même que ses
dirigeants le détestent. La politique doit reprendre le pouvoir. Il
faudra encore se battre, mais j’ai la conviction que nous y arriverons. Claude Reichman
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