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10/11/08 Ivan Rioufol
Les minorités ethniques ont-elles forcément raison?

Carla Bruni-Sarkozy, qui rappelle volontiers son origine "étrangère" et son engagement passé auprès de SOS Racisme, veut ouvrir la France à la dynamique créée par l'élection de Barack Obama. Hier, dans le Journal du Dimanche, l'épouse du président a apporté son soutien au Manifeste pour l'égalité réelle, qui veut promouvoir les jeunes issus de l'immigration, en leur appliquant une discrimination positive. "Nous avons besoin de politiques résolument volontaristes pour l'équité et la diversité", dit le manifeste, signé par des personnalités de gauche mais aussi, à droite, par Jean-François Copé, Patrick Devedjan et Pierre Méhaignerie. "Les gens des cités doivent devenir le pouvoir eux aussi, à leur tour", estime pour sa part la Première Dame de France, qui regrette: "Le pouvoir a souvent eu la même tête: des hommes blancs et plutôt âgés".

La société française, qui connaît depuis plus de trente ans une importante et constante vague d'immigration extra-européenne, a certainement des efforts à faire pour donner leur place à ceux qui, issus des minorités ethniques, le demandent et le méritent. Ce processus naturel est néanmoins en cours. Dans un pays qui, outre de hauts responsables de confession juive (à commencer par Blum ou Mendès-France) a déjà eu un Noir comme deuxième personnage de l'Etat (Gaston Monnerville, président du Sénat de 1959 à 1968), la religion ou la couleur de la peau ne sont pas des obstacles à la réussite, contrairement à ce que le dangereux discours racial des belles âmes voudrait laisser croire. Les popularités de Rama Yade, Fadela Amara ou Rachida Dati le prouvent. Les possibles discriminations de compatriotes ayant adhéré à la France et à sa culture doivent être évidemment combattues.

Cependant, quand ce Manifeste désigne la France "négligeante" comme seule responsable de l'exclusion des minorités et de leur "crispation identitaire", il renoue avec le vieux procédé de la culpabilisation, qui empêche de poser le problème de la responsabilisation des nouvelles populations immigrées et de leur réelle volonté de s'intégrer à un modèle occidental et laïc qui n'est pas originellement le leur. Quand Obama cite Kennedy: "Ne demandez pas à votre pays ce qu'il peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays", il le fait pour inciter les minorités à sortir de leur passivité et à se prendre en charge. Or, ceux qui se réclament du nouveau président des Etats-Unis omettent de souligner l'importance que revêt à ses yeux l'effort préalable d'intégration.

D'accord pour poursuivre, en France, la "révolution Obama". Mais que les minorités récalcitrantes commencent.

Ivan Rioufol

 

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