www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

30/1/12 Stephen Moore
   Au Wisconsin, les syndicats veulent faire tomber
                   le gouverneur qui les a matés !

Aucun politicien américain n’a un effet plus polarisant sur les électeurs que Scott Walker.
Des milliers de manifestants en colère ont occupé le Capitole du Wisconsin en le comparant à Hitler pour vouloir réformer le système de retraite et la négociation collective avec les syndicats. Il a besoin de 25 agents de sécurité pour l'escorter.

Maintenant, il fait face à ce qui sera, selon lui, son combat le plus dur : une élection de rappel financée par l'Union des syndicats et qui vise à le démettre. Ses adversaires ont recueilli un million de signatures pour déclencher une élection de rappel dès le printemps prochain. M. Walker estime que la bagarre des syndicats va coûter 70 millions de dollars, un record pour le Wisconsin, ce qui représente le double du total dépensé lors de la campagne de 2010. Souriant, M. Walker affirme qu'il espère être le «premier gouverneur réélu deux fois durant son premier mandat.»

«L'enjeu va bien au-delà du poste du gouverneur du Wisconsin», a expliqué M. Walker. L'objectif ultime du rappel est d'intimider tous les élus du pays qui envisagent de croiser le fer avec l'empire des enseignants et autres employés du secteur public. «Il s'agit de tuer toute initiative de réforme dans chaque Etat», affirme M. Walker.

Au Wisconsin, les preuves s'accumulent que M. Walker n'a pas apporté l'apocalypse économique, mais la stabilité financière. Les trois milliards de dollars de déficit du budget de l’Etat du Wisconsin de l'an dernier sont maintenant un excédent de 300 millions de dollars. Cela a été accompli sans les nouvelles taxes que les syndicats réclamaient. (1) «Si une entreprise fait faillite, vous n'avez pas à augmenter le prix sur vos clients», a dit M. Walker.

En plus de la réforme des négociations syndicales, M. Walker et ses alliés dans la législature ont passé une réforme des programmes scolaires, allégé la réglementation des affaires, et promulgué la réforme de la responsabilité délictuelle. Lorsque l'Illinois a relevé son impôt sur le revenu de 67%, il a lancé une campagne de relations publiques appelant les entreprises de l'Illinois à venir s’installer au Wisconsin. (2)

Lorsque M. Walker a pris ses fonctions, une enquête de la Chambre de commerce auprès des chefs d'entreprises a conclu que seulement 10% d’entre eux pensaient que le Wisconsin allait dans la bonne direction. Maintenant, 94% en sont convaincus. Le climat des affaires au Wisconsin a enregistré la plus forte amélioration de l'histoire des Etats fédérés. Après une saignée de 150.000 emplois au cours des trois années précédentes, le Wisconsin a créé 10.000 emplois en 2011.

Mais tout cela importe peu aux employés du secteur public et à leurs syndicats qui cherchent à retrouver leurs avantages. Pourtant, l'autorisation légale d'embaucher et de licencier les employés du secteur public en fonction de leurs mérites ou démérites, ainsi que leur contribution de 5,8% à leur retraite (contre 0% auparavant) et de12,6% de leur salaire (environ la moitié de la cotisation du secteur privé) pour leur assurance santé a déjà fait économiser à l’Etat du Wisconsin 475 millions de dollars. Ces réformes ont évité des licenciements massifs et même dans certains cas de réduire la taille des classes dans les écoles. Les syndicats s’en sont-ils réjouis ? Non pas du tout.

M. Walker croit que les dirigeants des syndicats sont surtout furieux de sa décision de supprimer la retenue sur salaire des cotisations syndicales prélevées sur les 300.000 travailleurs municipaux. Il a calculé que l’arrêt de ce prélèvement automatique a permis d'économiser 1400 dollars par an à ces travailleurs, qui sont libres à présent de cotiser ou non. Cette mesure a été catastrophique pour les dirigeants syndicaux. Sans le paiement de ces cotisations obligatoires, le syndicat des enseignants a dû licencier 40% de son personnel l'année dernière. (3)

M. Walker, le lieutenant-gouverneur et quatre sénateurs de l'État vont devoir affronter les électeurs au printemps prochain. L'année dernière, une attaque similaire a ciblé quatre autres sénateurs républicains et un juge républicain à la Cour suprême de l'Etat du Wisconsin. Après que les syndicats ont dépensé des millions pour cette campagne, deux des sénateurs de l'État ont été démis, mais ils ont échoué à faire basculer le contrôle de la législature, et le juge a gardé son siège à la Cour suprême.

Le problème pour les démocrates est de trouver un candidat prêt à se présenter contre M. Walker. Un adversaire solide pourrait être le maire de Milwaukee Tom Barrett, mais les syndicats sont furieux contre lui car il a mis en œuvre de nombreuses réformes prônées par Walker, économisant ainsi à sa ville 25 millions de dollars, et il a réussi par son action à équilibrer son budget. Les deux plus probables candidats de la contestation sont deux libéraux et anciens membres du Congrès : David Obey et Kathleen Falk.

Un nouveau sondage fait pour l’université de Marquette montre que le gouverneur recueille une approbation de 50% contre 37% l'été dernier. Même si certains de ses disciples les plus fidèles diront qu'il n'a jamais pleinement expliqué pourquoi la fin de la négociation collective avec les syndicats était une nécessité financière. Des démocrates locaux flairent un mini-scandale impliquant un détournement présumé de fonds publics par deux des principaux conseillers de M. Walker quand il était commissaire du comté de Milwaukee.

Pourtant, les syndicats nationaux n'ont pas encore décidé si les 70 millions de dollars engagés pour la procédure de rappel du gouverneur du Wisconsin valent la chandelle. Leur priorité va à la réélection du président Obama. Le journal Sentinel de Milwaukee, qui a sévèrement critiqué M. Walker, a récemment reconnu qu'il a rempli sa promesse d'équilibrer le budget sans de nouvelles taxes et que « le ciel n’est pas tombé. »

Si les syndicats réussissent à obtenir des électeurs que les réformateurs soient évincés, cela pourrait faire reculer «le programme des réformes conservatrices à travers tous les États pour une génération», a averti M. Walker. Cette élection pourrait être la plus importante de la décennie aux Etats-Unis.

Stephen Moore

Notes du traducteur :

(1) Nos pseudo-élites keynésiennes devraient aller recycler leurs connaissances dans le laboratoire vivant du Wisconsin.

(2) C’est la compétition fiscale et non pas l’harmonisation fiscale qui sauvera l’Europe, une chose dont ne veulent pas entendre parler Berlin et Paris.

(3) Aucun candidat à l’élection présidentielle française n’a inscrit dans son programme la suppression des subventions aux syndicats avec l’argent du contribuable, lequel n’est jamais consulté. La France demeure une démocratie populaire avec deux castes se partageant équitablement le pouvoir : en haut l’E.N.A. et en bas la C.G.T.


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme