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7/12/14 | Silke Mülherr |
Le retour de Sarkozy est un certificat d’indigence ! Nicolas Sarkozy a dit qu’il a beaucoup réfléchi. (1) Il est de nouveau le président de l'UMP, mais son retour n’est pas un bon signe. Son parti peut-il vraiment gagner l’élection présidentielle avec un préretraité sans idées ? Il est agressif et avide de pouvoir comme toujours. Deux ans et demi après sa défaite contre François Hollande, le politicien de 59 ans veut sa revanche contre le socialiste qui a tout raté. Il veut de toutes ses forces reprendre ce qu’il pense lui appartenir : la présidence de la République française. (2) Pourtant une question demeure. Sarkozy peut-il sortir son parti d’une crise durable et lui donner un nouvel éclat ? Pour cela, il faudrait des idées, une stratégie économique cohérente et, en fin de compte, un programme convaincant. (3) «Le temps de l'action est venu», (4) a annoncé Sarkozy sur sa page Facebook. Sur ce qu’il convient de faire, le nouveau patron de l'UMP a gardé le silence. Sarkozy se présente comme un gaulliste en faveur du droit et de l'ordre. Il met l’accent sur l'identité nationale et racole en même temps pour une orientation atlantiste. (5) Mais quel est son plan pour que son pays déclassé soit à nouveau compétitif et que le cercle du pouvoir soit ouvert et transparent ? La crainte légitime du déjà vu Selon l’avis de nombreux sympathisants de l’UMP, l'élection présidentielle de 2012 a été perdue parce que Sarkozy a déplacé son parti trop à droite de l’échiquier politique en vue de rafler les voix du Front national. Mais deux ans et demi après son échec, il s’est promis de dégonfler les voiles du FN qui est devenu plus fort que jamais. Beaucoup de membres de son parti éprouvent la crainte légitime du déjà vu. C’est pourquoi les électeurs ne lui ont accordé que 64% des suffrages exprimés au lieu des 80 % escomptés. Que Sarkozy qui traîne tant de casseroles ait réussi à l'emporter sur ses rivaux, est essentiellement un acte d’indigence de son parti. (6) Compte tenu du malaise français persistant qui est incarné par l’irrésolu Hollande, il n’est pas difficile d’imaginer que le pouvoir va changer de camp. Mais l’UMP est empêtrée par des querelles internes qui ont terni son image. Ainsi, ses perspectives restent sombres. Un candidat sans idées et marqué par les affaires doit sauver un pays titubant et régler les problèmes laissés par Hollande. L’instauration d’un cercle vertueux est une entreprise hasardeuse pour les conservateurs français. Le renouveau du parti gaulliste paraît aussi éloigné que la résurrection de la France. (7) Silke Mülherr (2) Sarkozy est très prudent, mais quand il ose affirmer une chose, c’est qu’il pense le contraire. Il s’est défendu d’être animé par un esprit revanchard alors qu’il ne pense qu’à çà ! A l’inverse de Hollande, il est finalement très prévisible. (3) Dans un sondage organisé par Le Point, il est demandé aux internautes de voter parmi six propositions pour la tâche prioritaire de Sarkozy. C’est celle d’écrire un programme crédible pour redresser la France qui arrive très largement en tête de ce sondage avec 64 %. L’intéressé en est-il capable ? (4) «Le temps de l’action est venu», martèle le hâbleur sur sa page Facebook. Nous aurions aimé qu’il en fût ainsi dès le lendemain de son élection du 7 mai 2007 où il s’était posé en réformateur par opposition au «roi fainéant» l’ayant précédé. Mais le bilan de son quinquennat est aussi insignifiant que celui de Chirac. Relisez l’essai de Claude Reichman «Sarkozy, l’homme qui ne sait pas gouverner». (5) Comme Chirac, la marque de Sarkozy est d’affirmer une chose et de dire son contraire dans la même phrase. (6) Dans tout parti respectable, le perdant d’une importante élection se retire pour laisser la place à un autre. Ce n’est pas le cas au sein de l’UMP, un parti bonapartiste où le chef demeure incontesté. Pendant le quinquennat de Sarkozy, la gauche a tout conquis : les élections communales en 2008, les européennes en 2009, les régionales en 2010 et, pour la première fois de l’histoire de la Cinquième République, le sénat en 2011. Il ne lui restait plus qu’à empocher la présidence et la chambre basse en 2012. Dans un parti ayant un minimum de sens des responsabilités à l’égard de ses militants dévoués, les caciques auraient dû organiser des élections primaires pour éviter cette débâcle prévisible. Nenni au sein du parti bonapartiste, qui présenta encore Sarkozy avec le succès que l’on connaît. (7) Qu’il s’appelle François, Manuel, Ségolène, Martine ou Arnaud n’a aucune importance ! Le candidat socialiste sera battu en 2017. C’est la seule certitude de ce vote à haut risque pour la France et l’Europe. Notre régime présidentiel est à bout de souffle. La France n’a malheureusement pas la culture de l’Amérique avec ses contre-pouvoirs et sa constitution inoxydable. La Cinquième République est une impasse, mais personne ne veut l’admettre en France où toute la vie politique ne se déroule pas dans son temps mais dans l’attente d’un hypothétique homme providentiel capable de redresser la «grande nation». Comme de charitables commentateurs étrangers l’ont recommandé, il faut que la France revienne à un régime monarchique parlementaire comme la grande majorité des Etats européens. C’est dans nos gènes. Il suffit de regarder outre-Manche ou de l’autre côté des Pyrénées pour voir qu’il existe une réelle alternance démocratique dans ces deux pays, qui n’existe malheureusement pas chez nous où tous les partis sont d’obédience socialiste. Si le Front national ironise sur la connivence entre l’UMP et le parti socialiste, ce parti est pourtant national socialiste sans faire de vilain jeu de mots. Le FN se targue de sa différence avec l’UMPS alors que celle-ci n’est pas de nature mais de degré. L’UMPS est attachée à un Etat providence pour tout le monde, y compris pour les clandestins qui bénéficient de l’aide médicale d’Etat, alors que le FN voudrait le sanctuariser aux seuls ressortissants nationaux. Seule une minorité de citoyens éclairés dont fait partie votre serviteur souhaite ouvertement abattre l’Etat providence et restaurer la liberté afin d’enrayer le déclin de la France. Amen !
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