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30/10/12 | Philippe Nemo |
Entre les socialistes et les entrepreneurs, c’est désormais une lutte à mort ! L’amour de François Hollande pour l’égalité lui fait penser qu’il n’y aura de vraie « justice » en France que quand personne n’y gagnera plus de 4 000 euros par mois (plafond qui, toutefois, ne s’applique pas à la nomenklatura ni à ses associés de l’économie mixte : il faut bien que les gardiens de la Cité idéale échappent aux soucis de la vie). Si telle est bien sa pensée, il n’est nullement paranoïaque de faire l’hypothèse qu’il est décidé à engager la France, d’une manière ou d’une autre, sur ce que Hayek a appelé la « route de la servitude », qui commence par la social-démocratie et s’achève en totalitarisme. On peut l’inférer de son dernier discours télévisé où il a dit que son « agenda » consistait à « redresser la France » en deux ans, après quoi on repartirait en avant dans la « construction d’une société solidaire ». Que peut bien vouloir dire cette dernière formule, sinon qu’il y aura encore, dans un avenir proche, une nouvelle aggravation du poids de l’État, des prélèvements obligatoires et des réglementations de toutes sortes réduisant comme une peau de chagrin les espaces de liberté des Français ? En d’autres termes, Messieurs les « Pigeons », les « Dindons » et les « Moineaux », ni lui ni ses proches n’ont l’intention de vous laisser vivre. Ce que vous voyez aujourd’hui n’est qu’un début. Dans les mois et les années qui viennent, si un coup d’arrêt n’est pas mis à ces politiques, les impôts augmenteront encore, les transferts sociaux au nom de la « solidarité » se généraliseront, il n’y aura plus un tarif de service public qui ne sera pas modulé selon les revenus afin de mettre en œuvre la « solidarité » et de « réduire les inégalités », le droit du travail se durcira jusqu’à rendre impossible toute gestion normale des entreprises exposées à l’évolution des marchés, les syndicats se verront attribuer de plus en plus de pouvoirs, y compris dans les PME où ils enragent d’être aujourd’hui si peu présents. Ces politiques seront encore durcies à mesure que le nombre d’assistés augmentera (on le fera augmenter en faisant entrer et en naturalisant de nouvelles vagues d’immigrants pauvres, le ministère de l’Intérieur s’y emploie ces jours-ci avec la simplification de la procédure de naturalisation) et que le nombre d’hommes indépendants et capables de résister à la marée montante du collectivisme diminuera par destruction ou exil. On en viendra fatalement, n’en doutez pas, à employer des moyens policiers pour contrôler et terrifier les récalcitrants, selon une évolution commune à toutes les sociétés socialistes historiques sans exception. Messieurs les « Pigeons », et plus généralement Messieurs les
entrepreneurs, il faut donc que vous compreniez que ce que veulent les
socialistes, c’est votre mort. Votre mort comme agents d’un certain système
économique, mais aussi votre mort comme classe sociale et, plus
profondément, comme type d’homme. L’autre option est de prendre les armes. J’entends celles dont on dispose en démocratie, c’est-à-dire : former des partis politiques nouveaux, intervenir dans ceux qui existent, avant tout créer des moyens d’expression nouveaux, des journaux, des radios, des TV, et simultanément – il est essentiel de ne pas oublier ce volet stratégique – les agences de publicité susceptibles de les faire vivre. Les « buzz » sur Internet sont certes quelque chose, nous venons d’en avoir la preuve. Mais les blogs et les échanges de mails sur la Toile sont des messages qui vont toujours de personnes privées à personnes privées. Je crains qu’ils ne soient pas de nature, à eux seuls, à cristalliser la conscience collective et à transmuer le paysage idéologique. Ce qu’il faut, c’est que les adversaires du socialisme fassent brèche et déboulent sur l’agora, c’est-à-dire sur l’espace public, là où tout le monde entend tout le monde. Seuls de « vrais » médias et de « vrais » partis politiques présentant des candidats aux élections pourront réussir ce changement d’échelle et, à terme, provoquer un basculement des votes, ce qui doit être le but final. La gauche elle-même nous a montré la voie, elle qui a gagné grosso modo la bataille idéologique et politique depuis 1981 parce qu’elle a entrepris d’occuper tout l’espace public en s’emparant de l’ensemble des grands médias, et, j’y insiste, du système publicitaire qui les fait vivre. Eh bien ! Messieurs les entrepreneurs, puisque vous êtes entrepreneurs, entreprenez sur ce terrain aussi si vous voulez sauver votre peau. Il n’est plus temps de jurer vos grands dieux que « vous ne voulez surtout pas faire de la politique », que vous n’êtes « ni de gauche ni de droite », que vous entendez vous en tenir au « réel » et aux « lois de l’économie ». Car c’est un fait avéré par toute l’histoire idéologique qu’il y a des visions du monde et des catégories mentales irrémédiablement hétérogènes et qui ne peuvent dialoguer même (et, hélas, surtout) quand les hommes en cause sont de bonne foi. Les hommes qui règnent aujourd’hui au gouvernement et au Parlement voient les « faits », le « réel » et l’avenir de la France et du monde tout autrement que vous. Soyez certains que cette césure ne pourra être surmontée ni à court ni à moyen terme. Malgré tous vos efforts, vous ne parviendrez pas à les convaincre. Votre seule option est de les combattre. Vous devez, sous une forme ou une autre, faire de la politique – il y a, ces jours-ci, des signes cumulés que tel est bien l’état d’esprit d’une grande partie des milieux économiques. Bénissons le Ciel que les socialistes aient fait ces semaines-ci l’erreur tactique de s’attaquer ouvertement et méchamment à la frange intelligente, active, dynamique, inventive, et encore « riche », de la population. Il ne serait que naturel que ce soit de cette frange que naisse une résistance organisée à la collectivisation du pays. Philippe Nemo
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